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Quand les «hors-la-foi» violent la loi…

4 juin 2018, 15:13

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Quand les «hors-la-foi» violent la loi…

Au secours ! Les fous de Dieu sont de retour.

Il est notoirement connu que l’espace africain est le plus homophobe du monde. N’est-ce pas le continent où un chef d’État n’hésita pas à déclarer : «When you see a homosexual, shoot him at sight.»

J’étais cependant fier de mon île Maurice tolérante qui, malgré son puritanisme ambiant, acceptait le principe d’une Gay Pride annuelle. J’y ai même déjà participé en solidarité avec les LGBTI et ai pu constater de visu la réaction des «spectateurs» mauriciens : goguenards, réprobateurs mais résignés à l’idée que les temps avaient changé et que l’orientation sexuelle d’une personne ne valait pas qu’on se stresse outre mesure. Après tout, ce que font deux adultes consentants dans leur chambre à coucher ne regarde qu’eux, à moins qu’on ne soit voyeur ou moralisateur….

 

« Mais ce soir je sens sous ma plume
 un fourmillement familier. »

(Lama)

Depuis ce temps (je parle d’une bonne dizaine d’années), la marche était annuelle et même la rigide église catholique mauricienne avait assoupli sa position au lieu  de stigmatiser comme elle le faisait auparavant gays, lesbiennes et transgenres  (bien évidemment, entre-temps, un pape progressiste, François, avait pris les commandes du Vatican).

Ce qui s’est passé ce samedi 2 juin est grave. Un groupuscule de fous de Dieu, s’arrogeant le droit de décider de la sexualité des citoyens mauriciens, a choisi d’interdire la Gay Pride malgré la permission obtenue des autorités ! Leurs pancartes se référaient à des idées moyenâgeuses (Sodome, Gomorrhe, Enfer), non pertinentes pour un État laïque, et ces individus semblaient effectivement avoir débarqué d’une autre planète et semblaient découvrir que les homosexuels et autres transgenres existaient et étaient reconnus par l’État !

Par l’État ? Oui, d’ailleurs une petite leçon d’éducation citoyenne vous aiderait, messieurs, peut-être à vous retrouver, vous qui semblez un peu perdus entre la loi et la foi….

La République de Maurice est membre à part entière de  cette même ONU qui reconnaît pleinement les droits des LGBTI. Notre pays a voté l’« Equal Opportunies Act» qui interdit la discrimination contre les homosexuels. Notre pays a aussi voté une «Employment Rights Act» et une «Employment Relations Act» qui reconnaissent de fait l’existence des homosexuels, lesbiennes et autres transgenres. Si les fous de Dieu ne sont pas satisfaits, qu’ils aillent manifester contre les partis politiques qui ont voté ces lois et pas contre les citoyens pacifiques célébrant leurs droits acquis !

Que cela vous plaise ou non, chers Messieurs, nous vivons en démocratie dans ce pays. Un État de droit où l’on accepte la croyance des uns et des autres à condition que cette croyance ne viole pas les lois de l’État. Vous n’êtes pas satisfaits ? Vous pouvez toujours émigrer en Iran, la seule théocratie (pays dirigé par les religieux) au monde où vos histoires d’enfer et de punition divine sont inscrites au sein-même des lois de l’État. Mais aussi longtemps que vous vivez à Maurice et que l’État de droit existera, ce sont les lois de la République qui prédomineront et pas vos idées d’un autre siècle…

Les croyants qui n’hésitent pas à violer les lois d’un pays pour menacer de mort une militante des droits humains et promettre l’enfer aux LGBTI méritent qu’on invente un nom rien que pour eux.

Je n’ai pas trouvé mieux que «hors-la-foi».

 

Lindley Couronne
Citoyen mauricien