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Sirop budget
Nous sommes à 18 mois des prochaines législatives. Il importe de considérer cette échéance avant de poursuivre toute autre analyse du Budget 2018-2019.
Pravind Jugnauth, propulsé par son père, se retrouve, un peu, comme en demi-finale. Il lui fallait hier calmer le jeu des critiques contre sa gestion tout en scorant quelques points électoralistes, histoire d’arracher une qualification pour la finale (s’il n’obtient pas avant un carton rouge du Privy Council dans l’affaire MedPoint). À défaut de pouvoir plaire à tout le monde, il a donc surtout courtisé la classe moyenne et soulagé les automobilistes et les ménagères avec la baisse attendue du prix des produits pétroliers.
Les plus acerbes observateurs économiques vous diront que, hormis quelques mesurettes populistes saupoudrées çà et là, c’est un Budget, décousu, sans souffle, sans vision, incapable de donner un coup de fouet à notre économie. La preuve vivante de cette désinvolture politicienne nous a été livrée en direct hier. Ivan Collendavelloo s’est réveillé et a applaudi l’annonce selon laquelle les tarifs d’eau ne vont pas augmenter. Il a ravalé, avec sourire, son discours sur le prix «dérisoire» de l’eau – car il sait que si le MSM le lâche, son ML de parti risque de disparaître au fond du Bagatelle Dam.
Alors pour continuer à surfer politiquement, on doit donner des «free bees» sans se soucier de leur financement, ni de leur impact sur le deficit budgétaire. «How does continuing budget deficit bring about a decline in public sector debt the more so when the deficit in the recurrent budget is huge and bank balances held by Government have been exhausted? One would expect a net addition to public sector debt unless public sector entities have become profitable…», me faisait remarquer, de manière ironique, un haut fonctionnaire, rompu aux exercices budgétaires.
Sans nous voiler la face, il faut qu’on se l’avoue : peut-on vraiment s’attendre à un Budget révolutionnaire quand, outre le calendrier électoral, nous avons les mêmes qui travaillent sur les Budgets, tous gouvernements confondus, depuis au moins 25 ans. Ils sont incapables de se réinventer, encore mois d’imposer un redressement fiscal, ou de nous protéger des investisseurs à la Sobrinho qui viennent pour la spéculation (au lieu de la production). Mais il y a eu une exception : l’audacieux Budget de 2006 de Sithanen dont les réformes structurelles nous ont permis/permettent de rester à flots malgré la crise économique mondiale. Mais ce genre de Budget là, qui braque les syndicalistes et les partisans du moindre effort, n’est plus à l’ordre du jour. Aujourd’hui, on parle de «la bous dou», de «panadol» et de la continuité de la dynastie soleil. Qui préfère gérer les symptômes de notre économie que de traiter avec courage les causes de nos déséquilibres budgétaires…
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