Scène de vie banale entre fans mauriciens pendant la Coupe du monde. «Il faut penser à comment s’y prendre pour museler Mbappé en finale», demande un «die hard» des fans «Three Lions». «Il faudra mettre deux joueurs sur lui pour le stopper», s’enflamme son cousin.

Soyons clairs, avant de jouer la Croatie en demi-finale, beaucoup s’y voyaient déjà. La hype «It’s coming home» a tout emporté et plongé le peuple anglais (où pro-«Premier League» chez nous) dans un état d’eu­phorie totale. La finale victorieuse contre les Bleus. Harry Kane brandis­sant la coupe comme Bobby Moore en 1966. Le scénario semblait écrit à l’avance…

L’ancien buteur d’Arsenal, Ian Wright, n’avait-il pas lui-même mis la charrue avant les boeufs en anticipant la finale avant même d’avoir joué la demi ? Ce qui lui valut d’être repris de volée par l’ancienne gloire mancu­nienne, Roy Keane, sur un plateau de TV.

Hé oui, le «Coming home» s’est changé en «Going home» peut-être parce que les «Three Lions» n’ont pas suffisamment respecté l’adversaire. Comme l’a du reste souligné l’ancien maître à jouer de Tottenham, Luka Modric, après la victoire croate aux prolongations mercredi soir : «Nous avons prouvé le contraire de ce que les gens disaient. Spécialement les journalistes anglais, les experts de la télévision. Tous ces mots de leur part nous les avons lus et nous nous sommes dit : ‘Ok, aujourd’hui on va voir qui sera fatigué.’ Ils doivent être plus humbles et plus respecter les adver­saires.» Comme quoi il n’y a pas que les médias français qui poussent le chauvinisme un peu loin.

En effet, les «Three Lions» ne pouvaient se pavaner d’avoir battu le Panama 6-1 au premier tour, d’autant qu’ils ont chuté face aux deux ‘gros’ qu’ils ont croisés dans ce Mondial : la Belgique et la Croatie. À Maurice beaucoup avaient déjà imaginé le choc final entre les deux anciens colonisateurs. Affublant les Bleus du sobriquet de 6^e équipe d’Afrique et oubliant sans doute un peu vite qu’un certain Vikash Dhorasoo a aussi joué un Mondial avec les Bleus (en 2006), bénéficiant à son tour du brassage et de la diversité française.

France-Angleterre, il est vrai que cette affiche aurait eu de la gueule mais les deux équipes ne boxent pas dans la même catégorie. La France, qui a sorti l’équipe qui jouait le mieux dans ce Mondial (la Belgique), dispute sa troisième finale lors des 6 der­nières Coupes du monde, per­formance inégalée sur 20 ans. L’Angleterre retrouvait, elle, une demi-finale après 28 ans d’attente (sa dernière finale remontant à 52 ans). Un peu d’humilité n’aurait fait de mal à personne.

À charge aux gars de Didier Deschamps de s’en souvenir, justement, dimanche, face aux héros croates. Eux qui pen­saient avoir la Coupe en poche après avoir bouté l’Allemagne hors de leur vue à l’Euro 2016, avaient été déplumés par le Por­tugal d’un certain Eder.