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Qui voudra désormais sauver Jugnauth ?

28 juillet 2018, 07:47

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Depuis qu’il a pris le relais de son papa, Pravind Jugnauth fait preuve d’un déficit de leadership assez flagrant. C’est sans doute lié autant à son impréparation comme Premier ministre qu’à son entourage (bien qu’il commence à dire– en privé – qu’il n’était pas le sélectionneur de la présente équipe gouvernementale ; un peu tard et bancal comme excuse…)

Sinon, comment expliquer le choix de nommer, en novembre 2017, une Roubina Jadoo-Jaunbocus comme ministre de la République, alors qu’on savait tous les liens obscurs qu’elle entretenait avec au moins 37 trafiquants de drogue ? Aussi, pourquoi avoir attendu que le rapport Lam Shang Leen soit devant ses yeux pour exiger le départ de Sanjeev Teeluckdharry comme Deputy Speaker de notre jadis auguste Assemblée nationale ? Ce faisant, l’histoire retiendra que le Premier ministre actuel aura permis à ces deux individus de prendre les commandes de deux institutions du pays au lieu de protéger celles-ci. Et aujourd’hui, accablé par le rapport de la commission drogue, Jugnauth essaie de nous faire croire que le combat contre la drogue demeure la priorité de son gouvernement – alors que celui-ci a été manifestement élu grâce au soutien et au financement des Jadoo-Jaunbocus, Teeluckdharry et Raouf Gulbul, entre autres.

À nos yeux, outre leur démission comme ministre et Deputy Speaker, Jadoo-Jaunbocus et Teeluckdharry auraient dû tout simplement démissionner de l’Assemblée nationale. C’est au peuple de juger, à la lumière du rapport Lam Shang Leen, s’ils méritent toujours leur place au Parlement. Aussi, qui fera le suivi du rapport de la commission drogue, étant donné que les politiciens et la mafia auraient déjà infiltré plusieurs départements de la police – nous avons pu le constater, à quelques reprises, depuis l’éclatement de l’affaire Yerrigadoo jusqu’à tout récemment.

Le rapport Lam Shang Leen et ses annexes méritent un examen approfondi, du courage politique et de l’éthique. Si tant qu’on souhaite vraiment remporter le combat contre la drogue, et non pas uniquement sauver la présente législature de la déroute, en tentant de jouer à fond sur la com… Mais soyons patriotes et accordons un répit de 24 heures au Premier ministre, le temps de saluer comme il se doit le président Xi Jinping.

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Oublions Jadoo-Jaunbocus, Teeluckdharry et Gulbul mais, comment, avec un candidat comme Raj Dayal (outre les Showkutally Soodhun, Sudhir Sesungkur, Ravi Rutnah, etc.), l’alliance Lepep des Jugnauth a-t-elle pu, à ce point, bluffer l’électorat mauricien en 2014 ? Était-ce uniquement en raison de la colère populaire contre l’usure du pouvoir ramgoolamien, ou était-ce en raison de la fusion ratée entre le PTr-MMM ?

Nous avons relu le rapport fort détaillé de la commission d’enquête instaurée en 1997 pour enquêter sur l’ancien commissaire de police Raj Dayal, son fameux «Barracksgate» et les autres contrats alloués par la police, entre autres personnages suspects, à Sewprasad Ramraccheya et sa «National Business Agency» (nom déjà illégal en soi sans que les autorités ne s’en émeuvent). Présidée par l’ancien chef juge Bernard SikYuen (alors Senior Puisne Judge) avec pour solides assesseurs Couldip  Basanta Lala et Laksmee Narayen Ramtohul, la commission a décortiqué, pratiquement deux ans durant, les nombreux contrats, mettant à nu, les manoeuvres de Dayal pour tromper la commission, avec la complicité de l’état-major des Casernes centrales et de la SMF (dont un certain Major Jhugroo, promis aujourd’hui à un bel avenir – pour marcher sur les pas de Dayal ?), entrepreneurs affairistes. Ces findings de la commission d’enquête seront confirmés plus tard par un tribunal spécial présidé par l’ancien chef juge Rajsoomer Lallah – qui finira par destituer Raj Dayal pour ses irrégularités qui ont coûté des millions aux contribuables et légué un vilain portail de la honte (taillé sur mesure pour Ramraccheya) aux Casernes centrales.

Comment donc un homme avec un passif aussi lourd que toutes les pièces amassées à Grand-Bassin et tous les bal kuler de Maurice a-til pu obtenir un ticket des Jugnauth pour devenir ministre de la République (avant de bien sûr récidiver), avant d’être compensé à hauteur de Rs 15 millions parce qu’on a mis un frein à son pillage des fonds de la police…