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Père et fils: similarités entre 1986 et 2018
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Père et fils: similarités entre 1986 et 2018
Sir Anerood en 1986 et Pravind Jugnauth en 2018 rencontrent le même défi : comment faire face aux retombées négatives des affaires de drogue impliquant des membres ou des alliés du MSM ?
La veille du Nouvel An 1986, quatre parlementaires mauriciens avaient été arrêtés à l’aéroport d’Amsterdam, en Hollande, après que de la drogue avait été découverte dans la valise d’un membre de ce quatuor. Ces quatre députés, Satyanand Pelladoah, Dev Kimkurrun, Serge Thomas et Ismaël Hassenjee Nawoor, étaient des dissidents qui avaient abandonné le Parti travailliste pour soutenir sir Anerood Jugnauth, après la décision de ce dernier de limoger le leader des Rouges, sir Satcam Boolell, comme ministre.
Ces dissidents travaillistes s’étaient rendus en Inde, voyageant avec des passeports diplomatiques. Après quoi, ils avaient mis le cap sur Amsterdam. Le Prime Minister’s Office (PMO) avait été exceptionnellement ouvert un samedi pour permettre à ces quatre députés de prendre possession de leurs passeports diplomatiques.
Les autorités hollandaises, agissant d’après des renseignements précis et nullement impressionnées par les passeports diplomatiques, avaient procédé à l’arrestation des quatre parlementaires. Pour le réveillon du 31 décembre 1985, on n’avait parlé que de cet événement qui portait un rude coup à l’image de Maurice.
Dans les jours qui suivirent, les ministres Kader Bhayat, Kailash Purryag et Kadress Pillay (les trois K) soumirent leur démission, ce qui accula davantage le MSM. Le grand stratège du parti, Harish Boodhoo, avait lui aussi démissionné comme Chief Whip, position à partir de laquelle il orchestrait l’action politique du MSM. Il devait aussi démissionner comme député du n°13.
Le Premier ministre Jugnauth, abattu au départ par ces arrestations, entreprit alors une vaste campagne d’explications sur le terrain. Il fit instituer une commission d’enquête présidée par sir Maurice Rault. Ce dernier mit en cause des hauts gradés de la police de même que des politiciens du pouvoir. Il y eut des allégations contre les parlementaires MSM Lutchmeeparsad Ramsahok et Suren Poonith, élus respectivement dans les circonscription 12 et 13.
C’est en pêchant dans les eaux troubles que sir Satcam retourna au gouvernement, en 1986, pour apporter son soutien au MSM. Dans la foulée de la crise, les parlementaires Ramsahok et Poonith démissionnèrent du Parlement, ce qui déclencha la procédure pour trois élections partielles. Le MMM se fit très agressif sur le terrain et investit les circonscriptions 12 et 13.
Sir Anerood laissa jouer les différentes échéances électorales pour les trois partielles mais opta finalement pour des élections générales avant terme, qu’il remporta sur la base de son alliance avec le Labour et le PMSD
En 2018, Pravind Jugnauth se retrouve dans la même situation que son père. Comme sir Anerood, va-t-il braver toutes les secousses et tous les scandales impliquant ses propres membres pour l’emporter, finalement ? Comme sir Anerood, si jamais la possibilité de partielles se présente, choisira-t-il plutôt des élections générales avant l’expiration de son mandat ? Toutefois, contrairement à la cuvée de 1983, il reste à voir si celle de 2014 a produit des 3K, Boodhoo, Ramsahok et Poonith.
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