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Arrêtez de nous prendre pour des cons !
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Arrêtez de nous prendre pour des cons !
Ainsi, la commission Lam Shang Leen, malgré plusieurs pistes émises pour assainir le pays, a quand même pris deux ans pour accoucher d’un rapport incomplet. Nous ne savons toujours pas, malgré les amples Terms of Reference commandés à la commission d’enquête, qui sont les ultimate beneficiaries des saisies de drogue dont on aime pourtant se targuer. Notre questionnement est pourtant simple : who are those individuals who are reaping the full benefits of the massive industry of drug trafficking in Mauritius? Lam Shang Leen le reconnaît, à contrecœur, que les gros bonnets sont «still at large».
Dans un article à paraître, l’une de nos journalistes, Nashreen Edoobaccus, fait ressortir qu’il y a déjà, dans la Dangerous Drug Act (DDA) des dispositions pour pondre les mêmes résultats que la commission ; avec son équipe d’enquêteurs qui sortent, du reste, de l’ADSU à la base. L’article 56 de la DDA, notamment, permet à la police de Nobin de surveiller les lignes téléphoniques des trafiquants, d’avoir accès à leurs données bancaires, etc. Tout cela sans qu’une institution ne puisse refuser de coopérer en brandissant le secret professionnel. De plus, l’article 57 de la DDA autorise la police à arrêter des suspects sans avoir de «warrant» si elle est en présence de données «beyond reasonable doubt».
Pourquoi, alors, aura-t-il fallu attendre la commission alors que l’ADSU, si elle voulait vraiment enquêter, aurait pu utiliser ses prérogatives pour, par exemple, enquêter sur les nombreuses cartes Sim amassées dans des centres de détention depuis des années ? Pourquoi a-t-on choisi délibérément de ne pas faire parler ces centaines de cartes Sim ?
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Ainsi, la commission Lam Shang Leen a accouché d’un rapport – qui a nécessité la mise sur pied d’un comité interministériel pour éplucher le volumineux document. Ce comité interministériel, maintenant, propose la mise sur pied d’une Task Force (TF). Encore une couche de bureaucratie. Action : zéro. Et là où le bât blesse, c’est qu’on place la destinée de cette TF entre les mains d’un nominé politique, en l’occurrence Navin Beekharry. Qui place sous son bol le commissaire de police, qui occupe un poste constitutionnel, dont l’indépendance est garantie. Mais, chers lecteurs, l’absurdité de ce gouvernement ne s’arrête pas là.
Comment le président du comité interministériel, qui a nommé Navin Beekharry (le goalkeeper du MSM dans bien des enquêtes, y compris celle sur Ravi Yerrigadoo, dont on n’entend plus parler !), peut-il nous expliquer l’absence d’un représentant du bureau du DPP au sein de la TF surtout que le Deputy Solicitor General est connu pour sa souplesse. Logiquement le Deputy Solicitor General travaille sous l’Attorney General, qui n’est pas censé fourrer son nez dans des affaires criminelles. Pourquoi le DPP, lui, n’a pas son mot à dire. Arrêtez de nous prendre pour des cons, Pravind Jugnauth !
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Quant à la State Bank of Mauritius, voilà ce qui se passe quand on met des nominés politiques sur le board et au sein du Top Management. Pensez-vous que Raj Dussoye puisse être le seul responsable de cette situation ? Voilà ce que pensent des experts en finance internationale qui ont suivi la State Bank saga :
«The SBM story is one of political colonisation of a bank with little regard to merit. The entire top team needs to go with the board. Mauritius is great for retail banking but for the next level, you can not have the same clowns. Once they venture outside of Mauritius they get taken for a ride…»
«The senior people there are well past their competence when it comes to global markets. The problem is that we do not have global bankers at the government level (...) They are expanding so fast outside of Mauritius, but the people they put in charge lack this experience. Africa is another dimension of complexity.»
«International banking is cut throat business especially in Africa. You either win or you get screwed. You can bullshit your way to the top in Mauritius but that’s not enough when you compete in/with the rest of the world.»
«Today, SBM has become a place for big salaries and parks for political hacks and friends. Shareholders are getting nothing and nor is the common man or small and medium enterprise getting more than one would get at any other private bank…»
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Comment combler le déficit de vision stratégique au-delà des traditionnels cinq ans du mandat de nos propriétaires de parti? C’est la question essentielle qu’on soulevait dimanche dernier. La rubrique Politico souhaite, chaque semaine, proposer quelques clefs pour sortir de la présente impasse politicienne. Où les mêmes se retrouvent au pouvoir et/ou dans l’opposition.
C’est notre façon de militer pour une nouvelle façon de faire la politique en nous basant sur trois piliers institutionnels : la légitimité de la fonction politique, son rapport à l’économie et son rapport aux citoyens. Pour cela, on le répète, il nous faut revoir, en amont, le système politique et électoral – en reprenant ce dossier des mains des politiciens. Nous savons tous qu’ils ne vont pas changer une formule qui leur rapporte tant depuis un demisiècle. Pour réussir notre évolution, il nous faut sortir du paradigme de puissance dominatrice des partis politiques actuels…
À bien voir, le sort de Bérenger est triste : avant-hier, les Jugnauth le protégeaient contre Ramgoolam et sa campagne insidieuse ; hier (2014), c’est Ramgoolam qui devait le protéger contre les Jugnauth, les frondeurs travaillistes, les militants désemparés, les syndicats et Dulthumun. Cette fois-ci, Bérenger ne sait plus vers qui se tourner alors que son parti se rétrécit comme une peau de chagrin.
Nous sommes entrés dans une phase d’affrontement systématique entre camps et partisans opposés. Hélas, pas forcément sur la base des idées. L’affrontement se fait quasi exclusivement par rapport à celui ou celle qui propose ou qui dénonce.
Il faut être sourd pour ne pas réaliser qu’une grande partie de l’opinion publique, aujourd’hui encore plus qu’hier, ne se reconnaît plus dans le discours de nos politiciens de carrière. Et elle se plaint, à chaque coin de rue, de n’avoir pas plus de choix… On reviendra sur cet aspect précis.
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