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Alors, comme ça…
…Vous me dites, Madame Swaraj, que ce n’est PAS le gouvernement indien qui insiste pour des clauses de confidentialité dans les contrats que l’Inde signe avec notre beau pays, mais que ce sont les officiels d’ici ? Merci Madame pour votre éclairage ! Et merci M. Duval d’avoir posé la question !
À dire vrai, on n’en attendait pas moins de l’Inde, qui a une Freedom of Information Act depuis 2002, depuis remplacée et partiellement renforcée par une Right to Information Act, dûment gazettée en juin 2005… À dire vrai, on n’en attendait pas plus, non plus, de nos croûtons qui font trop souvent les choses par habitude, sans trop réfléchir, et qui pensent plutôt à leur confort et à se protéger, plutôt qu’à reconnaître leur devoir de transparence comme garants de l’argent public et de la souveraineté nationale.
J’imagine la scène d’ici. À chaque fois qu’un contrat ou qu’un accord est envoyé à Maurice pour amendements et suggestions, la clause de confidentialité est parmi les premières cases à cocher. Par automatisme. On peut comprendre qu’une clause de confidentialité est plus commode : pas besoin de justifier vos décisions à qui que ce soit, pas besoin de répondre à des questions parlementaires ou journalistiques. Pour qui se prennent-ils d’ailleurs, ceuxlà ? Cependant, le devoir premier est-il vis-à-vis de leur paix d’esprit plutôt qu’envers ceux dont ils ne détiennent qu’un mandat de gestion ? Il est vrai qu’au siècle du genetic mapping personnalisé qui révèle que nous sommes tous, à divers degrés, des métisses, tous descendants de quelques dizaines d’hominidés sortis d’Afrique il y a quelque 70 000 ans, nous nous retrouvons dans un pays où les archives du MGI sur l’immigration sont jugées trop «sensibles» pour être révélées au grand public, mince ! Vous imaginez ? Pourtant, si vous ne l’avez pas encore noté, le monde a changé, Messieurs, et bouge vers plus d’ouverture et donc plus d’occasion de vérité, malgré la bataille d’arrière-garde et de nostalgie désuète de certains…
La preuve ? Alors que la Freedom of Information Act (FIA) nous a été promise pour la première fois par Navin Ramgoolam aux élections de 2005, si je ne m’abuse, sans concrétisation subséquente, et promise encore par Lepep en décembre 2014, sans plus de résultat, Wikipédia nous apprend que le «droit de savoir» du citoyencontribuable est tellement bien établi de par le monde que plus de 100 pays ont aujourd’hui légiféré en ce sens ! Nous, nous étudions toujours la question ! Ne nous y trompons pas. On peut évidemment légiférer de manière tellement molle ou inadéquate qu’une FIA devient un trompe-l’oeil. Je n’ai aucun doute que la FIA de l’Albanie ou du Zimbabwe est moins utile que celle de la Finlande ou de la Nouvelle-Zélande. La Chine n’a pas de FIA. Le modèle indien, pour utile qu’il soit, souffre encore de lacunes, notamment au niveau d’un droit d’appel rapide si une requête d’information n’est pas satisfaite dans les 30 jours (48 heures pour les questions de libertés individuelles) et de la tendance des politiciens à Delhi de nommer des Public Information Officers «manipulables»… Ça vous rappelle quelque chose ? La question d’indépendance des institutions, peut-être ? Le principe crucial de Checks and Balances, des fois ?
Mais laissons la FIA pour aujourd’hui, notant seulement, en passant, que son accouchement plus que difficile à Maurice est au moins indicateur d’un état d’esprit obtus. D’ailleurs, même le ministre Bhadain, pourtant partisan de faire les choses «différemment», m’avait un jour dit : «FIA ? Jamais ! C’est déjà assez difficile comme ça !» C’était après ses difficultés avec la presse sur le projet Heritage City. Il n’était plus alors en mode électoral. Plus généralement, nous en sommes encore à une situation où nos approvisionnements de riz et de carburant, notre accord avec l’Inde sur Agalega (apparemment de nature non militaire !), la liste de ceux qui passent par le VIP lounge de Plaisance, la construction de logements sociaux avec les Chinois de Poly, le contrat du Metro Express ou le contrat de l’époque pour Neotown, entre autres, sont menés comme… des accords «secret défense».
On nous traite donc comme des enfants ! Ainsi, ne deviendrons-nous jamais adultes ?
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La World Hindi Conference s’est tenue à Maurice cette semaine. Outre le fait que l’on est fier que de plus en plus de conférences internationales se tiennent au pays, l’on ne peut que sympathiser avec tous ceux qui, à l’instar de Rama Valayden, cette semaine, dans l’express, soutiennent la demande que l’hindi soit reconnue comme langue officielle aux Nations unies. Au seul critère de l’utilisation planétaire, l’hindi, avec 310 millions de pratiquants, est, en effet, la 4e langue mondiale après le mandarin (955 millions), l’espagnol (390 m), l’anglais (360 m) et se situe avant l’arabe (295 m), le russe (155 m) ou le français (75 m), ces six dernières langues étant les langues officielles des Nations unies. Il est clair, cependant, que la planète réunie est, a priori, une véritable tour de Babel et que des langues «pont» sont alors très utiles. Malheureusement, les langues «pont» sont invariablement pratiquées par moins de… 6 % de la population mondiale, sont donc des langues de l’intelligentsia et aussi inévitablement liées au colonialisme : l’espagnol (5,9 %), l’anglais (5,5 %), le portugais (3,1 %), le français (1,1 %), même l’allemand (1,4 %), par exemple. Le problème peut donc se résumer ainsi : sur l’unique critère de «pratiquants» , s’il fallait aussi maintenir la France comme langue «pont» officielle aux Nations unies ; outre l’hindi, il faudrait ainsi accueillir le bengali (205 m), le japonais (125 m), le punjabi (100 m), l’allemand (95 m), le javanais (82 m), le wu (de Shanghai) (80 m), le malais (77 m), le télougu (76 m), le coréen (76 m) et le vietnamien (76 m).
Pas de doute ! Ça va discutailler ferme, à Babel, pendant des décades encore !
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Madame Gurib-Fakim explique devant la commission Caunhye qu’elle a remboursé la carte platine de Planet Earth Institute (PEI) en mars 2017, parce qu’elle quittait le PEI. Elle n’explique pas, par contre, pourquoi elle abandonnait le PEI. En fait, en amont, les références médiatiques au PEI et à Sobrinho s’accéléraient et augmentaient probablement la pression. Les dépenses faites par «inadvertance» avec la carte platine de PEI plutôt que la sienne, couvrent, selon les documents publiés en primeur par l’express en février 2018, les mois de septembre à décembre 2016. Pendant cette période, aucun article de l’express sur Sobrinho/PEI, sinon le premier, le 30 novembre 2016, indiquant la colère montante des «lauréats» de PEI. En janvier 2017 : rien. En février : deux articles. En mars : articles le 1er (les 7 berlines neuves ), les 2, 4, 5, 6, 16, 19, 23. Elle démissionne comme Vice-Chairperson de PEI le 20 mars 2017. Elle rembourse le PEI en mars 2017, à une date non précisée jusqu’ici…
Une question pourrait s’imposer, selon sa propre explication : si elle n’avait pas démissionné de PEI en mars 2017, à cause des gros titres de presse peut-on présumer, aurait-elle jamais remboursé la carte platine «malencontreusement» utilisée jusque-là ?
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Au 1er août 2018, le fact checking du Washington Post avait comptabilisé 4 229 mensonges ou inexactitudes du président Trump, pour 558 jours au pouvoir. En juin et juillet 2018, ce phénomène s’est grandement accéléré. Avec les révélations de la semaine autour de Manafort, de Cohen, de Pecker et de Weisselberg, comptable de l’organisation Trump, gageons que ça ne va pas s’améliorer…
Et souvenez-vous que c’est le comptable, à la fin, qui permettait à Eliot Ness de mettre Al Capone en prison.
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