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Hara-kiri pour l’oncle Vasant, mais quid du neveu Roshi ?

15 septembre 2018, 07:24

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Vasant Bunwaree et son neveu Roshi Bhadain.

Après les différentes formules de combinaison familiale (notamment le deal papa-piti) dans les milieux du pouvoir, verra-t-on l’oncle Vasant Bunwaree et son neveu Roshi Bhadain confortablement implantés dans les rangs de l’opposition ? Oncle et neveu sont sous les projecteurs actuellement, avec la démarche de Vasant Bunwaree d’opérer un retour au bercail chez les travaillistes et celle – un véritable exploit – de Roshi Bhadain de se faire accueillir dans la grande famille du MMM.

Bien que plus expérimenté que son neveu, Vasant Bunwaree a, selon toute évidence, commis le hara-kiri avant même que sa demande d’adhésion au Parti travailliste ne soit acceptée. En effet, dans une interview accordée à l’express du samedi 8 septembre, Vasant Bunwaree a tenu des propos peu flatteurs sur le leadership du Labour quand il a affirmé que «depuis quelque temps, le PTr a commencé à faire une remontée grâce au gouvernement actuel au lieu du parti lui-même». Ce qui équivaut à vouloir dire que l’action politique post-2014 du Dr Navin Ramgoolam et de ses troupes a été en elle-même inefficace et que c’est plutôt en raison uniquement de la mauvaise performance du gouvernement Lepep que les travaillistes se retrouvent le vent en poupe.

D’autre part, Vasant Bunwaree fait comparer dans l’interview qu’il n’a fait que geler les activités «des cellules dans toutes les circonscriptions, dont certaines bien étoffées aux nos 10, 11, 12 et 13 et d’autres moins fortes, comme au n°19» de son parti, le Mouvement travailliste militant, pendant son adhésion au PTr.

Ce qui sous-entend qu’il ne vient pas touni mais avec bien des atouts en réserve pendant qu’on finalise les termes de son retour au Parti travailliste. Outre le pacte conclu entre le Dr Seewoosagur Ramgoolam et Abdool Razack Mohamed avant les élections de 1959 et plus tard, dans le contexte des élections de 1967, l’alliance avec l’IFB de Sookdeo Bissoondoyal, le PTr ne s’est jamais retrouvé dans une situation où quelqu’un négocie, coups de poing sur la table, pendant que ses troupes de choc attendent dans la rue.

Le Vasant Bunwaree surdimensionné diminuera forcément la marge de manœuvre de Navin Ramgoolam, connu pour son leadership tranchant et no-nonsense. De plus, puisque logiquement les travaillistes devraient trouver un terrain d’entente avec Xavier Duval, Alan Ganoo et possiblement avec quelques têtes dissidentes venues du MMM, l’accommodement de Bunwaree avec des troupes en réserve pourrait poser problème car les travaillistes devraient assurer leur domination numérique sur toute nouvelle alliance. Bunwaree diminue ses chances d’être accueilli chez les Rouges, à moins que Navin Ramgoolam se soit formé une épine dorsale en plasticine depuis les dernières élections.

Quant au neveu Roshi, il semble faire preuve d’une grande dextérité tactique. Il évite de forcer la note et réussit jusqu’ici à ne pas déclencher une réaction d’irritation chez Paul Bérenger. Mêmes les sous-fifres du MMM ne parviennent pas à faire une déclaration catégorique sur Bhadain. Il serait intéressant de voir les réactions aujourd’hui si jamais le nom Bhadain est évoqué. Bhadain devrait en principe intéresser le leadership du MMM en raison de ses dossiers sur tous les secrets qui entourent les grandes actions du gouvernement après les élections. Par exemple, malgré toutes les enquêtes menées autour de la destruction programmée du groupe British American Insurance (BAI), des secrets restent cachés sur maintes transactions notamment sur le mouvement suspect de fonds. On parle surtout de visites secrètes en Suisse de VVIP pour y sécuriser des fonds. Aussi, le projet avorté de Heritage City au coût de Rs 155 millions, dont des fees à la firme Stree Consulting. On croit savoir que Heritage City n’a pas été le bébé du seul Bhadain. D’ailleurs malgré ses attaques contre la «cuisine» dans les jours suivant sa démission du gouvernement, Bhadain n’a pas subi des réactions frontales et directes du MSM, à moins qu’on voie en la commission Domah une initiative visant à l’endommager. Sinon on le ménage.

Les «secrets» dont dispose Bhadain pourraient être d’une utilité certaine pour la direction du MMM alliance ou pas avec le MSM. Des secrets embarrassants pour le Sun Trust pourraient faire les Mauves obtenir d’importantes concessions lors des négociations. D’autre part, si le MMM croit pouvoir battre le MSM et le PTr à la fois, les révélations de Bhadain pourraient bien épicer la campagne électorale.

Roshi Bhadain part donc au mariage armé d’une imposante dot. Le problème majeur à prévoir, c’est sa capacité à se faire tout petit et respecter la fameuse discipline de parti dans les instances du MMM. Il est bien permis de penser qu’il ne serait pas sage pour Paul Bérenger qui aura 75 ans l’année prochaine de cohabiter avec un rottweiler dans son espace vital restreint.