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La vérité…
…c’est que le changement climatique est déjà à nos portes, que la température moyenne de la planète a augmenté par plus d’un degré par rapport à la fin du 19e siècle (voir tableau de la NASA ci-dessous), que le dernier rapport des Nations unies sonne à nouveau l’alerte. Et que cette alerte est désormais au rouge vif !
Si l’humanité rate les initiatives nécessaires pour réduire les émissions de carbone dans l’atmosphère par 45 % jusqu’en 2030 et par 100 % jusqu’en 2050, les 224 scientifiques de l’Intergovernmental Panel on Climate Change qui signent ce rapport prédisent que nous ne limiterons pas la montée de température à 1,5 oC et qu’à 2,0 oC ou plus, les résultats climatiques seront catastrophiques.
Ainsi, ce petit demi-degré de différence, par exemple, ferait que deux fois plus de pays souffriraient de stress hydrique (water stress), affecterait la production de nourriture par 30 % de plus, produirait beaucoup plus de journées inconfortablement chaudes, tuerait 99 % du corail mondial et éliminerait de larges proportions de l’habitat des insectes qui sont cruciaux à la pollinisation dans l’agriculture. On parle souvent, théâtralement, de la montée des océans, mais ce petit demi-degré ne sera responsable, dans un premier temps, que de 10 cm de mer en plus, affectant 10 millions d’habitants additionnels…
Le problème est évidemment sérieux. Pour cela, il n’y a qu’à se référer, par exemple, à la fonte des glaciers, à la récente sécheresse de Cape Town, aux cyclones qui dévastent maintenant régulièrement les États-Unis ou aux feux de forêts dans l’Arctique! C’est pourtant le moment choisi par Trump pour sortir de la COP 21, encourager l’industrie du charbon et du pétrole et alléger ses amis des nouvelles normes imposées par Obama pour réduire la pollution atmosphérique. Heureusement que les villes et les États américains ne suivent pas tous ! Par contre, si Bolsonaro se fait élire au Brésil, sa menace de remplacer la forêt amazonienne par de l’agrobusiness pèsera lourd…
La cause n’est pas sans espoir parce que les prédictions de la science ont convaincu la large majorité des pays, y compris la Chine et l’Inde, et que les attitudes individuelles changent drastiquement, même si lentement, notamment sur le recyclage, l’énergie renouvelable, le «zéro déchet», le plastique à usage unique, même si ce n’est pas encore assez le cas à Maurice…
Les solutions véritables vont aussi provenir de la science.
De grands progrès semblent déjà faits sur la fusion nucléaire qui produira, si tout va bien, de l’énergie sans déchet gênant (MITCFS) et des boucliers solaires dans l’espace, qui refléteraient seulement 8 % des rayons solaires, suffiraient pour contrer les gaz à effet de serre, paraît-il. 23 % des gaz à effet de serre proviennent, en fait, du transport. Remplacer les hydrocarbures devient donc nécessaire et les pistes de l’université de Surrey sur de super condensateurs entre 1 000 et 10 000 fois plus puissants que les batteries actuelles semblent prometteuses (surtout si l’électricité pour les recharger provient du renouvelable !). Plus de 25 % des gaz polluants sont générés par l’agrobusiness, dont principalement par la production de protéine animale. Remplacer la viande par des substituts à base de plantes qui feraient illusion est déjà une réalité. Beyond Meat, soutenu par Bill Gates, est un des premiers sur le marché utilisant de la protéine de petit pois. Certains aiment beaucoup. D’autres moins. Il faudra s’adapter sans doute ! Une idée séduisante fait son apparition ces jours-ci en Hollande : la route de plastique recyclé (voir illustration ci-dessus) ! Constitué de modules creux qu’on aligne, bout à bout, sur un lit stabilisé de sable (rock sand ?), il est beaucoup plus résistant que le bitume, n’aura jamais de nid-de-poule et son socle creux permet à la fois de passer les câbles de service et d’évacuer les eaux pluviales. Les 120 millions de tonnes de bitume polluant produites chaque année n’ont qu’à bien se tenir !
Et que fait-on ici dans notre petite île qui avait pourtant, avec le projet Maurice île durable et le professeur Joël de Rosnay la possibilité d’être un exemple pour le monde ? Ben… d’abord Navin Ramgoolam négligeait l’idée après l’avoir pourtant lancée et le gouvernement suivant en assurait un enterrement première classe aussitôt en selle. Puis, il y eut l’épisode Dayal et son idée farfelue de planter 2 milliards d’arbres (pas du muguet !) sur une île de 1,865 milliards de m2; immobilier, routes et habitants compris ! Le ministre Sinatambou semble conscient des défis, mais paraît être engagé dans une bataille d’arrièregarde plutôt que d’innovation ou de hardiesse stimulante. Chez nous, on ne parle plus de réhabilitation du lagon ou d’interdiction de pêche pour en permettre la régénération, on «réhabilite» plutôt les plages et on les protège de l’érosion, souvent avec du basalte dans des gabions. Il y a quelque temps, un plan fut soumis pour favoriser les voitures électriques et l’installation de stations solaires pour recharger les batteries à la place du CEB encore très pollueur. Depuis ? Silence et boule de gomme ! Le taux d’énergie renouvelable dans notre «mix» local et qui doit passer des 22 % actuels à 35 % en 2025 (c’est dans 7 ans…) semble sérieusement menacé par la non-viabilité de l’industrie cannière. En effet plus de 70 % de l’énergie renouvelable actuelle, soit 16 % du total, provient de la bagasse et il faudra quand même de la canne pour en produire ! Le projet d’ajouter de l’éthanol à l’essence, afin d’en réduire l’importation, a poireauté pendant des années sous Ramgoolam et reste pétrifié dans les limbes sous Jugnauth. On se battra contre le progrès et l’efficience représentés par Uber, on maintiendra longtemps encore le monopole poussif de la MBC, on nettoiera encore les plages, les rivières, les champs et les forêts pollués par des irresponsables que l’on ne punit pas ou, pire, qu’on n’arrive pas à convertir.
On projette d’investir encore dans le gaz (LPG) et l’huile lourde. On maintiendra en l’État des toilettes publiques immondes alors que les mêmes utilisateurs semblent pouvoir éviter le purin et le crottin dans les toilettes publiques «privées» au cinéma, à Bagatelle, à Casela… Les dépotoirs, déjà remplis à ras bord, mènent à nouveau, 11 ans après Gamma-Coventa, à des études pour un projet waste-to-energy qui va prendre charge d’environ 1/3 de notre kilo individuel de déchets quotidiens. Et pour les 2/3, on fait quoi ? On exporte vers Madagascar ? Par contre, nous avons désormais un site temporaire pour gérer les déchets toxiques et nous semblons avoir beaucoup glosé et signé des conventions et fait des rapports sur le Disaster Risk Management, dont nous ne connaîtrons la vraie valeur ajoutée qu’au moment des désastres eux-mêmes, bien sûr, ce qui peut sembler pratique puisqu’il s’agit du futur, pas du présent…
Je vis dans un pays paradisiaque rendu, plus que nécessaire, laid et pouilleux par ses habitants.
Je vis dans un pays magique, qui ne fait plus grand-chose de sorcier depuis Brown-Séquard et Icery.
Je vis dans une île qui aurait pu tant être un exemple pour le monde, mais qui, en vérité, croule sous ses palabres, sa politicaillerie, sa bureaucratie, sa routine et ses choix régulièrement motivés par le tape-à-l’oeil, le médiocre, le facile ou l’ordinaire.
Je souhaite mieux. Qui d’autre ?
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