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Une police dans une police
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Une police dans une police
Vous connaissez l’expression un État dans un État ? C’est un peu ce que signifie ce terme, devenu familier dans le jargon politique local : lakwizinn. Sauf que cette fois-ci cela s’opère de manière encore plus discrète au sein de la police mauricienne. Avec toutes les dérives possibles.
Alors que le commissaire de police, sur la voie définitive du garage, est davantage présent comme bibelot (pour ne pas dire marionnette) au sein de la Task Force sur la drogue – présidée, faut-il le rappeler, par le patron de l’ICAC ; en l’absence d’un représentant du bureau du DPP – une cellule policière particulière, placée sous le contrôle du DCP Krishna Jhugroo, appelée modestement Anti-Robbery Squad, opère, depuis quelque temps, de manière quasi autonome, avec son propre service de renseignements, et plus d’une vingtaine de membres de la SSU qui contournent allègrement les autres services : ADSU, CID, PIO. De quoi provoquer frictions et confusion.
Cette police parallèle, qui joue un rôle politique pour l’actuel gouvernement, en raison de la proximité du DCP Jhugroo avec le Premier ministre et son entourage, aurait pour but non avoué de préparer le terrain de la succession entre Jhugroo et Nobin. Entre-temps cela crée une direction collégiale et engendre toutes les complications liées à toute autorité bicéphale.
Il est intéressant de noter que le DCP Jhugroo a placé l’inspecteur Jeean à la tête des opérations de cette police parallèle, plantée au sein de la SSU, avec des moyens extraordinaires, qui ne sont pas sans rappeler ceux mis, au temps jadis, à la disposition de l’équipe du défunt Raddhoa. «Ce n’est pas que les voitures et autres facilités, mais c’est surtout leur tendance à s’immiscer dans les autres enquêtes des autres départements qui pose problème», confie un haut gradé de la police, rencontré dans le cadre de notre enquête sur la police.
En fait, les renseignements sont à la base de tout. Prenons le cas de l’inspecteur Jeean ; il a toujours été proche du DCP Jhugroo, même quand il travaillait au sein du NSS, sous la direction du DCP Hoolash. Et quand, en septembre 2017, sont survenus les incidents de Barkly durant lesquels les ministres Collendavelloo et Sinatambou ont dû prendre leurs jambes à leur cou après une réunion d’explications sur le Metro Express qui a mal tourné, le DCP Hoolash a été transféré du jour au lendemain. Hoolash a été remplacé par l’ACP Mohunlall Madhow, jugé proche de Sinatambou, à la tête des renseignements, alors que Jeean continuait à alimenter le DCP Jhugroo qui a une ligne directe avec le pouvoir.
Cependant Madhow fait de moins en moins l’unanimité au sein de l’Hôtel du gouvernement et on le soupçonne d’être resté proche du Parti travailliste, qui lui avait d’ailleurs confié les renseignements relatifs à la sûreté nationale et aux rapports des forces politiques. Après son mauvais pronostic à la partielle du numéro 18 - il avait prédit une victoire de Nita Jaddoo, la cote de Madhow a commencé à chuter.
Et alors que se profilent les prochaines élections générales, on parle de son remplacement par un proche du MSM. En attendant le nouveau patron du NSS, le DCP Jhugroo continue à faire le travail de terrain, quitte à faire doublon avec des unités existantes. Oui, comme Mario Nobin, ces unités existent, mais la vérité c’est que le pouvoir actuel n’a plus confiance en elles. D’où la mise en place progressive de cette police au sein de la police...
Qui a dit que la police devait rester indépendante déjà ? Et qui nous dit que Hoolash ne pourrait pas remplacer à nouveau Madhow...
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