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Pour un vrai débat économique
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Pour un vrai débat économique
Le dernier MCB Focus semble avoir hérissé les poils à l’Hôtel du gouvernement. C’est en tout cas ce qui se chuchote car jusqu’ici personne n’est montée officiellement au créneau pour exprimer ouvertement son désaccord avec l’analyse des économistes de la première banque du pays.
S’il s’avère qu’effectivement les observations de l’équipe de Gilbert Gnany ne corroborent pas avec ceux du Trésor public, nous sommes en droit de connaître la lecture économique des pouvoirs publics. Car se limiter à exprimer sa désapprobation et, qui plus est, sous le couvert de l’anonymat ne permet pas d’avoir un vrai débat.
Une des faiblesses de notre démocratie, c’est justement l’absence de débats. Il y aura de quoi se réjouir si le dernier MCB Focus parvient à ouvrir la porte à des échanges contradictoires pouvant éclairer l’opinion.
Il y aura de quoi se réjouir si le dernier MCB Focus parvient à ouvrir la porte à des échanges contradictoires pouvant éclairer l’opinion
L’on se souvient comment dans les colonnes de Business Magazine, en août 2013, une Research Team du ministère des Finances, sous la férule du secrétaire financier d’alors, Ali Mansoor, avait donné la réplique à Rundheersing Bheenick dans le sillage d’un entretien que ce dernier nous avait accordé. Ces échanges civilisés avaient permis de mieux situer la posture des protagonistes sur la politique monétaire et, par ricochet, sur des indicateurs comme l’inflation, la croissance ou encore l’excédent de liquidités, entre autres.
Dans le cas qui nous occupe, il semblerait que c’est le manque d’optimisme de MCB Focus dans sa projection de croissance qui n’est pas au goût des têtes pensantes du ministère des Finances. Le document table, en effet, sur une croissance économique de 3,7% pour cette année, en baisse de 0,1% par rapport à son estimation de juin, tandis que l’institut des statistiques annonce un taux de 3,9%. Une révision que la banque explique principalement par la baisse de régime dans plusieurs secteurs d’exportations.
“Specifically, our already-feeble outlook for the sugar sector has been further downgraded amidst unfavourable climatic conditions and weaker-than-anticipated export prices on the world market, while a lower outturn is now expected in the textile industry on the heels of a modest evolution in exports and higher pressures on margins,” écrivent les analystes de MCB Focus.
Une nouvelle dynamique s’est effectivement installée dans l’export depuis la crise économique. Véritable moteur de croissance, les exportations de biens en pourcentage du Pib ont dégringolé de 36% en 2006 à 22% en 2009. Elles devront, selon MCB Focus, se fixer à 16,8% cette année. Le phénomène n’est pas nouveau, mais il mérite une attention plus que particulière pour éviter que la situation ne se dégrade davantage.
En attendant, il reste à déterminer si les éléments qui constituent l’ossature de la perspective gouvernementale sur l’économie pèseront suffisamment lourd pour contrebalancer la performance en demi-teinte de l’exportation et porter la croissance à 4% comme espéré.
Les prévisions officielles ont été construites sur la base de “higher consumption expenditure and public infrastructure investment.” Ces facteurs sont en train de soutenir le growth momentum, a rappelé la Banque centrale à l’issue du comité de politique monétaire, la semaine dernière.
Cela dit, au lieu de chercher à savoir qui remportera la bataille des projections par quelques points de pourcentage, le vrai débat aujourd’hui aurait dû porter sur la capacité de nos fondations économiques à affronter les défis du multilatéralisme.
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