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Zulu et l’anti-cholo

24 novembre 2018, 08:56

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«So lenvi, liberté So dézir, mélanzé So plézir, partazé Li melanz tous koulers…», paroles de La métisse

L’un est populaire, talentueux et trime pour vivre de son art, car la vie ne lui fait pas de cadeau (sur le plan matériel s’entend). L’autre se veut populiste, ne croit pas en la liberté, dénigre les «cholos» et est devenu leader de parti et Premier ministre grâce au simple hasard de la naissance, et certainement pas par méritocratie ou par pur talent. L’un et l’autre vivent à Maurice. Dans deux Mauricedifférents. Où lesrègles du jeu ne sont pas du tout les mêmes.

Zulu, notre invité de ce samedi, grand lecteur de la presse libre, chante le blues avec ses tripes, cumule les spectacles et les trajets en bateau pour pouvoir payer ses musiciens et les studios d’enregistrement afin de propager sa musique. Sur les réseaux sociaux, Zulu reçoit des likes par millions, mais cela ne suffit guère pour payer ses factures, alors Zulu se lève tôt, n’a pas vraiment le temps de faire du jogging ou le pitre devant les caméras de la MBC et d’autres sections complaisantes de la presse. Il sait qu’il n’a pas d’héritage familial qui pourrait générer des millions de roupies. Zulu n’a pas d’actions au sein du Sun Trust ou de la clinique MedPoint. Il ne savait pas qu’on allait fermer la Bramer Bank et que son pater devaitretirer ses millions avant. Il n’a pas non plus une armada d’avoués et d’avocats pour poursuivre l’État, ni de notaires et de financiers patentés pour gérer son patrimoine.

Zulu n’est pas à la tête du gouvernement qui nomme l’Attorney General qui, lui, décide de la compensation à payer (ou à contester) à son patron ; il est manifeste que le successeur de Ravi Yerrigadoo ne compte aucunement sur Zulu, mais sur Jugnauth Jr, pour obtenir un ticket lors des prochaines législatives ; à lire, à cet égard, en page 11, l’analyse de notre collègue Axcel Chenney, évité lors de la vraie-fausse interview de l’Attorney General sur les amendements liberticides de l’ICT Act.

Mais il n’y a pas que du négatif. Zulu n’a pas une épée de Damoclès appelée Privy Council au-dessus de sa tête car il n’a pas signé de chèque pour ses proches en utilisant l’argent du contribuable. Encore moins s’attend-il à être compensé ou récompensé par l’État ou le gouvernement – si tant qu’on arrive à différencier l’un de l’autre. Au contraire, Zulu doit rembourser une dette contractée par son père qui avait acheté un bateau pour affronter les vagues afin de nourrir sa famille. Son père n’a pas eu la chance de cumuler les fonctions et les salaires comme PM, président de la République, ministre mentor.

Zulu n’a pas la prétention de bâillonner la presse car il croit en la démocratie.

***

 Si l’État est un concept politique relatif à la manière dont un pays est géré, il doit demeurer bien plus vaste que le gouvernement qui, lui, est non seulement passager, mais est aussi responsable de l’exécutif. Et de l’exécutif seulement.L’État regroupe, lui, les trois pouvoirs : le législatif, l’exécutif et le judiciaire. Pour chacun de ces pouvoirs, il existe une institution unique et indépendante des autres, responsable de sa propre organisation et son propre contrôle. En bref, l’État est le «tout», le gouvernement de Pravind Jugnauth n’est qu’une partie de ce dernier. Ce rappel est utile alors que sa famille s’apprête à faire signer un autre chèque pour elle-même. Et ce n’est pas la première fois ! Ce sera toujours ainsi quand le chef de l’État fait des courbettes au chef du gouvernement qui le nomme !