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Résilience
La résilience peut être définie comme l’art de naviguer dans les torrents. Elle s’applique aussi aux prodiges de l’atelier Mo’Zar qu’à ces autres Mauriciens, anonymes, qui, sans médaille, ni trompette, cheminent, en faisant avancer le pays, malgré nos contraintes et nos politiques.
Résilience, dans le jargon des psychanalystes, signifie «rebondir», ou cette capacité humaine d’un jeune, issu d’un quartier paumé de Roche-Bois, de s’ajuster aux traumatismes de la vie trépidante. C’est vrai que «de la souffrance peut naître le meilleur».
Si nous sommes censés être égaux devant la loi, il est triste est de constater que tous ne sont pas égaux en matière de résilience. Chacun d’entre nous réagit différemment aux événements les plus durs qui traversent la vie. Certains sont détruits alors que d’autres rebondissent, souvent plus forts qu’avant. Dans ce numéro spécial, nous avons voulu leur rendre hommage. À ceux qui ne baissent pas les bras, malgré les viles tentatives d’amputation.
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Nous ne nous faisons pas trop d’illusion du changement de régime en 2014. Après neuf années éprouvantes sous Navin Ramgoolam, au cours desquelles nous avons beaucoup souffert du boycott gouvernemental, on savait, au fond, que cela allait être du pareil au même sous les Jugnauth. Mais on ne s’attendait pas que cela soit pire. On pensait que le «mentor» avait appris des événements de 1984 (Newspapers and Periodicals Act) et de 1995 (démons, etc.).
L’an dernier, le gouvernement Lepep avait envoyé sa police chez nous aux petites heures pour nous arrêter et saisir nos téléphones portables. Heureusement que la séparation des pouvoirs fonctionne encore – et que la justice a pu nous protéger, ainsi que nos sources journalistiques. Cette année, alors que se profilent les prochaines législatives, le gouvernement MSM-ML durcit le ton. Après avoir accordé deux licences de radio à des proches du pouvoir, nos dirigeants accentuent leur campagne contre «l’express» et d’autres titres de La Sentinelle, ainsi que ceux qui les dirigent.
Faudrait-il alors conclure que tous nos politiciens actuels ont fait leurs tristes preuves et leur temps ? Et pour passer à un stade supérieur de notre évolution comme pays et nation, il nous faudra nous séparer d’eux – sans émotion, sans nostalgie et sans trop tarder.
L’immobilisme et l’attentisme sont les pires ennemis de notre pays. La cause de notre jeune République est noble. Et souvent, derrière vos écrits, on sent à la fois un besoin irrépressible de s’opposer à l’injustice mais en même temps une certaine peur des représailles. C’est cette peur de prendre position ouvertement qu’on doit faire reculer. Car l’écrit révolté du citoyen, avec ou sans gilet jaune, doit être la semence pacifique qui germera dans la tête de nos dirigeants de demain.
En attendant des lendemains meilleurs, il nous faut faire preuve de résilience. Les torrents seront de plus en plus violents à mesure que s’approche l’échéance électorale. Accrochez-vous.
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