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Et si la justice divine n’y pouvait rien ?
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Et si la justice divine n’y pouvait rien ?
La situation politique actuelle reste dominée par l’idée de revanche. Dans leur quête du pouvoir, les (deux) aspirants PM ou autres dirigeants de parti nous semblent ni logiques ni éthiques, surtout quand ils font appel aux faits religieux et surnaturels. Ils se prosternent devant nous face aux rites ancestraux et s’en remettent aux sorciers ou gourous. Et le public mauricien aux croyances ou incroyances multiples n’arrive pas toujours à les suivre, malgré les efforts de vulgarisation de la MBC et des associations socioculturelles.
Oubliées ces belles promesses laïques selon lesquelles il fallait, au nom de la République rassembleuse, séparer le discours politique (sphère publique) des envolées religieuses (sphère privée). Devant la résurgence de la religion, on nourrit un esprit de vengeance pour lequel les erreurs et les méfaits passés servent de prétextes pour se mobiliser contre l’ennemi commun désigné. Le fameux conflit entre le bien et le mal.
À force de suivre tous ces services, relayés en direct, l’Homo mauricianus d’aujourd’hui (pourtant issu d’un singulier mélange de théistes, déistes, agnostiques ou athées) se demande, sans doute, pourquoi il lui faut porter le fardeau des erreurs commises dans le passé par d’autres, peut-être morts depuis longtemps, mais toujours exploitables, commercialement ou politiquement. Pour se donner une contenance, les politiques s’associent, des fois sans le savoir, aux tartuffes des religions, aux obscurantistes et autres bigots de tout poil, qui récusent le discours rationnel ou philosophique. L’idéologie religieuse, c’est souvent la vision du monde livrée clé en main. On vous dit voilà vous êtes marxiste, vous êtes freudien, structuraliste, lacanien, de gauche, de droite, hindou, chrétien, juif, musulman, et voilà ce qu’il faut penser sur tous les sujets. Cela dispense de penser par soi-même. L’idéologie, c’est donc le renoncement à l’idée, au débat citoyen, au profit de l’obéissance, de la soumission, du suivisme.
Et quand on parle d’idéologie, on pense souvent à l’idéologie politique, mais il y a aussi une idéologie religieuse. L’essence de la religion, c’est le déni de la mort et l’affirmation que, suite à sa venue, nous vivrons encore sous une autre forme. Et ce, pour une vie éternelle. À partir de ce mensonge, souvent fait à soi-même, tout devient possible. L’intégrisme et le fondamentalisme constituent la pointe la plus aiguë de cette logique de déni. D’autre part, aujourd’hui, dans le monde, il y a l’idéologie du politiquement correct, avec ce qui est convenable de bien penser, à savoir le réchauffement de la planète, la théorie du genre. Bref, ces choses qu’il convient de penser, dire ou écrire pour rester dans la norme.
Voir notre PM (imposte, imposteur ou pas) prier, les yeux fermés, aux cotés des nationalistes hindous comme le Yogi Adityanath me donne surtout le frisson. On a déjà eu l’occasion, lors de la visite du Yogi en novembre 2017, d’alerter l’opinion sur les discours incendiaires du Chief Minister d’Uttar Pradesh. Mais nos responsables politiques n’ont pas bronché car ils savent que le Yogi Adityanath, même s’il adopte une ligne dure anti-musulmane, demeure un «potential replacement for Modi». Du reste, Shakeel Mohamed, qui avait écrit une lettre de contestation, n’avait pas été soutenu par l’état-major rouge.
Mother India nous a toujours bien considérés, bien avant Indira Gandhi. Pour l’heure, la Grande péninsule nous aide pour divers projets à hauteur de quelque Rs 17,6 milliards : financement d’achat d’hélicoptère et d’un Coastal Radar Surveillance System, construction d’une jetée et d’une piste d’atterrissage à Agalega, subvention pour l’ex-Heritage City (projet enterré qui a surtout enrichi les consultants de Stree Consulting et leurs lobbyistes), grant à hauteur de Rs 10 milliards pour le Metro Express (considéré comme une compensation post-DTAA), construction d’une nouvelle Cour suprême, etc. Ce que l’on ne sait toujours pas, en revanche, c’est ce que l’Inde attend en retour sur cet investissement à Maurice, puisque la Grande péninsule n’est pas une organisation charitable. Le gouvernement de Modi a lui-même plusieurs urgences sociales et infrastructurelles à régler sur son vaste territoire, après son plongeon dans le Gange. Le nôtre aussi, en attendant la justice des hommes, en l’occurrence celle des Law Lords.
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