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Coup double pour les Jugnauth !

26 février 2019, 07:19

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Ce lundi 25 février 2019 est une date que le MSM n’oubliera sans doute jamais. Elle marque, coup sur coup, deux victoires politiques majeures non seulement pour le parti au pouvoir et la famille Jugnauth, mais aussi pour le pays en entier. Que le Premier ministre ne traîne plus le boulet MedPoint et que sir Anerood Jugnauth, le dernier survivant de la conférence de Lancaster House (1965), ait pu arracher un avis favorable de la Cour internationale de justice sur l’excision des Chagos, s’avèrent des avancées historiques. Le gouvernement a de quoi célébrer. En toute légitimité.

Sur le plan personnel, celui qui a hérité du surnom peu honorable de PM «l’imposte», sort revigoré de cette affaire qui dure depuis au moins neuf ans. Aujourd’hui il peut entamer son année électorale avec sérénité alors que son principal challenger, Navin Ramgoolam, répond, lui, encore de deux charges criminelles devant la justice. Certes, l’interprétation unanime des cinq Law Lords ne peut pas effacer la dimension politique du rachat de la clinique de la famille Jugnauth, ou, encore moins, les nombreux autres scandales qui émaillent la présente législature, mais au moins le Privy Council décante la situation et nous permet de passer à autre chose.

Désormais il sera intéressant de voir comment vont fonctionner le bureau du Directeur des poursuites publiques de Me Satyajit Boolell et la commission anticorruption de Navin Beekarry – qui ont croisé le fer devant les yeux ahuris des juges britanniques. Il est important aujourd’hui de dépassionner les initiatives afin que la séparation des pouvoirs et l’indépendance des institutions priment sur les ego et intérêts personnels. Et ce pour le bien de la justice et de celui des contribuables, au-delà de l’affaire MedPoint et de nos dynasties politiques.

Les scènes de liesse qu’on a vues hier donnent clairement le signal du départ de la campagne électorale du MSM. En attendant le Budget 2019- 2020 et l’inauguration du Metro Express, le ML a intérêt à s’agripper aux Jugnauth. Car dehors, d’autres prétendants font la queue. Et Ivan Collendavelloo sait fort bien ce que cela signifie quand Paul Bérenger dit : «Le MMM ira seul»

Quant à Navin Ramgoolam, il a tout tout intérêt à expliciter ce qu’il entend vraiment par «politique de rupture», thème central de son discours de dimanche, à l’occasion des 83 ans du PTr. Car si «rupture» rime avec alliance avec les partenaires d’hier, alors ce sera du pareil au même.

La victoire à La Haye, contrairement à celle de Londres, dépasse la politique politicienne. L’approche non partisane entamée avec le cabinet de Me Philip Sands, recruté sous Navin Ramgoolam pour nous représenter devant le Tribunal de la mer, a fonctionné. En bonne intelligence.

Aujourd’hui qu’on soit MSM, PTr, MMM, indécis, apolitique, on a gagné un combat collectif. Mais attention, on n’a pas encore gagné la guerre elle-même. Comme celleci sera difficile avec une Grande- Bretagne qui traverse, avec le Brexit, une période difficile, ayant elle-même des soucis d’intégrité territoriale à gérer, il ne faut pas s’attendre à ce que les Anglais et les Américains fassent leurs valises de Diego Garcia de sitôt ; l’avis de La Haye étant non contraignant. Et l’Onu demeure dépendante financierement des States de Donald Trump.

Le litige sur les Chagos est à multiples facettes (territoriale, juridique, politique, géopolitique et économique). Il doit être mis en contexte par rapport à une double toile de fond qui a redessiné notre monde post-1945 : 1) la guerre froide et 2) les décolonisations africaines. Et au-delà de son aspect territorial, aspect qui a toujours généré des conflits entre peuples et pays, la question demeure une épine diploimatique. Les efforts onusiens n’ont été depuis le début des années 1980 que des «coups d’épée» dans les eaux stratégiques de l’océan Indien.

On est réaliste, pas forcément pessimiste. La route pour planter le quadricolore sur les Chagos est longue et reste parsemée d’embûches et de pièges (dirty tricks). Il faut s’y préparer par conséquent. Les faits nouveaux que nous mettons en avant peuvent être commentés, contestés, mais il est de notre devoir patriotique de veiller à ce que l’on reste bien préparé dans notre stratégie de reconquête des Chagos...