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Terrorisme, religion et les contrôles illusoires

24 mars 2019, 09:00

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Loin de moi l’idée de relativiser ce qui s’est passé à Christchurch ces derniers jours. Mais le geste abject de cet homme de 28 ans, dont nous tairons délibérément le nom pour ne pas lui accorder la vaine gloriole qu’il recherchait aussi dans son délire, est aussi vil qu’il n’est prévisible au sein d’une race humaine qui disjoncte malheureusement souvent.

Vous voulez vous en assurer ? Allez voir les listes (non exhaustives mais systématiques) compilées par Wikipédia, entre autres. Par exemple, des 7 cas mentionnés pour l’Australie (zéro mort), en passant par les 6 morts de la mosquée du Québec en janvier 2017, les 18 musulmans Hui tués à Lhassa, au Tibet, en 2008, les 25 tués dans une mosquée en République centrafricaine en 2017, les 15 incidents listés pour la France (8 morts), les 10 cas relevés pour l’Allemagne (27 morts), les 37 morts de Malegaon en 2006 en Inde à la suite de bombes dans un cimetière musulman, les massacres divers aux Philippines, les centaines de morts et les centaines de milliers de déplacés Rohingya au Myanmar, les attaques de 2014 à Kalutara au Sri Lanka ou la trentaine de cas aux États-Unis depuis la campagne présidentielle de Trump, il est clairement un lien commun : l’is-la-mo-pho-bie.

Cependant la folie humaine n’est pas unidirectionnelle. Loin de là ! L’antisémitisme, c’est vieux comme le monde ! On a tué des chrétiens, parce qu’ils étaient chrétiens, par exemple au Nigeria, dans le village de Maro en février 2019 (32 morts) ou aux Philippines, à Jolo, en janvier 2019 (27 morts) ou en Égypte, à Minya, en 2017 (29 morts) ou encore en 2018 (sept morts). La liste des massacres perpétrés au nom de religions contre d’autres religions est absolument stupéfiante dans l’histoire de l’humanité ! Les charniers de Yazidis au pied du mont Sinjar sont à mettre au compte d’un Etat islamique(EI) absolument certain de la supériorité de sa mission. Les massacres qui suivirent le démantèlement de la mosquée d’Ayodah en 1992 furent le résultat de mouvements nationalistes hindous absolument convaincus que c’était, juste là, le lieu de naissance du dieu Ram. La guerre de Trente ans (1618-1648) voyait s’affronter les certitudes catholiques et protestantes. Les sunnis et les chiites se souffrent peu et se disent supérieurs les uns aux autres dans leurs formulations du divin. Dans les plaines de Bagan, au Myanmar, les vagues bouddhistes et hindous se sont côtoyées et affrontées, parfois violemment. Les croisades ou les guerres de conquête musulmanes ont tué au nom de Dieu. Plus près de nous, l’Holocauste, Srebrenica, l’apartheid, 09/11 ou Sabra et Shatila sont autant d’exemples d’intolérance ou de séparatisme basé sur la prétention de suprématie des uns et des autres.

À la vérité, dans une population aussi étendue que celle des humains, soumis à une flopée de stress, de circonstances, d’influences, il n’est pas surprenant que tous ne finissent pas avec les mêmes choix et notamment les mêmes tendances civilisationnelles vers la paix. Encore heureux que le «mainstream» humain soit, lui, encore largement pacifique et solidement motivé pour trouver des compromis et des accommodements qui assurent l’harmonie ! Mais il est par ailleurs inévitable de trouver, comme dans toute courbe de Gauss de distribution normale, des «queues» de plus faible densité qui sont bien éloignées de la norme ! À une extrémité, les fabuleusement tolérants, les grands vertueux de ce monde comme Mère Theresa, Gandhi, Malala, Luther King ou le Dalaï-lama et à l’autre extrémité les radicaux étroits et intransigeants, imbus de leur seule «vérité» et qui sont disposés au pire, y compris au carnage, pour la démontrer à la face du monde. Parmi ceux-ci les individus plutôt isolés, s’appuyant parfois sur un miniréseau, les «lone wolves» qui règlent leurs comptes, en conduisant un camion dans une foule à Nice (2016, 86 morts), en sévissant dans une mosquée à Christchurch (2019, 50 morts) ou en massacrant des fidèles dans une synagogue de Pittsburg (2018, 11 morts) ou alors, ceux qui sont plus menaçants à long terme, c.-à-d., les mouvements organisés qui avec leurs charabias fondamentalistes et souvent violents, mobilisent l’émotionnel en utilisant des méthodes fascisantes et tentent de se draper de respectabilité et de s’installer durablement à la tête d’une nation.

Le point de cette analyse post-Christchurch, outre d’y ajouter de la perspective, est aussi d’indiquer combien il est probable que les «bons» humains seront invariablement bons quelle que soit la religion dans laquelle ils sont élevés, fut-elle de naissance guerrière et combien, en même temps, la religion est souvent une façade et un prétexte pour la haine de l’autre alors que les religions prêchent apparemment le contraire ! Toutes les violences et les guerres ne sont pas d’inspiration religieuse. Mais le problème est, en fait aussi, souvent dans les écritures dites «saintes» elles-mêmes, qui, interprétées littéralement, donnent à boire et à manger à tous les esprits tordus ou faibles qui se refusent à la raison. Que l’on en prenne conscience et que l’on réalise que, pour cette raison, le terrorisme sera toujours, épisodiquement présent dans l’actualité, hors de notre contrôle et au cœur de nos sociétés.

 

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Juger «sur pièces». C’est ce que je suggérais ici même dimanche dernier, en prenant connaissance d’un discours du Premier ministre présenté comme «digne de la célébration d’une fête nationale». C’est selon ce même principe qu’il faut juger les travaillistes qui se retrouvaient, samedi dernier devant la MBC pour une manifestation contre le «paillasson» que cette institution est devenue. Que la MBC soit un paillasson pour le pouvoir actuel est très clair. Mais il est également vrai que la MBC se faisait solidement paillasson aussi au temps des travaillistes d’avant 2014 ! Lepep s’était engagé à casser ce cycle et à nous offrir une télévision nationale professionnelle ainsi que de la télévision privée. Allons donc ! Le MSM, après avoir un moment joué avec l’idée de nommer JC de l’Estrac pour y mettre de l’ordre, fut stoppé net par Pravind Jugnauth et/ou Lakwizinn ! La protestation de virginité retrouvée des travaillistes peut-elle faire oublier la MBC de Callikan et nous rassurer quant à une télévision nationale enfin indépendante, avertie et impartiale ? On jugera «sur pièces» ! Mais extrapolant le passé, cela paraît être fort improbable…

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Le slogan qui fit mouche avec les Britanniques «brexiteurs» a sans doute été «Take back control!», promettant, ce faisant, d’échapper au contrôle et à la volonté de Bruxelles. Or, après un vote parlementaire rejetant le «No deal Brexit» et deux votes parlementaires rejetant le Brexit négocié par Theresa May, c’est maintenant Bruxelles, à qui on a demandé une extension de délai, qui a repris le contrôle des opérations ! L’UE ne l’avait en fait jamais perdu et avait ainsi fait Theresa avaler bien des couleuvres, y compris le ‘back stop’ et une note de divorce de 39 milliards de livres ! Aujourd’hui, les 27 demandent même à Londres d’expliquer «un délai pour quoi faire ?» et exigent, avant de répondre, de voir l’esquisse d’un plan qui pourrait débloquer la situation, puisqu’eux ne céderont sur… rien. Il faut d’ailleurs un vote unanime des 27 ! Et si ce n’est pas possible, les Britanniques, piégés, resteront, au moins un temps, membres de l’UE… contre leur volonté !

Il est temps d’en finir avec cette farce colossale et dramatique ou Mme May trouve tout de même le temps de recevoir notre PM pour rappeler qu’elle ne cédera par contre pas… le contrôle des Chagos !

What is good for the goose is NOT good for the gander ?

Aiiiooooo, maman !