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«Nou ki mari !»
À en juger par les déclarations des dirigeants de l’alliance gouvernementale et des commentaires de leurs partisans sur les réseaux sociaux, c’est un sentiment de «nou ki mari !» qui les anime après que le coup anti-Hofman eut été réalisé.
Un «exploit» pour le MSM, cette affaire vacoûter cher à la longue à l’image de Maurice et au standing de notre pays dans la communauté internationale. Certainement tous les pays du monde sévissent contre des étrangers indésirables, déviants, dangereux ou atteints de certaines maladies. Dans le cas de Maurice, on a invité le Parlement à légiférer dans le but d’enlever à un étranger tous les recours légaux qui étaient prévus dans un pays civilisé pour faire respecter ses droits humains.
En orchestrant ce coup anti-Hofman, le gouvernement cherche sans doute à donner un signal aux étrangers vivant à Maurice. Cette loi pourrait s’avérer dangereuse si des gens bien placés fassent du chantage à des ressortissants étrangers en brandissant la menace d’une éventuelle expulsion. La société mauricienne étant extravertie et sensible à des influences étrangères tout en comptant un grand nombre d’étrangers ayant épousé des citoyens du pays, la nouvelle législation pourrait s’avérer contreproductive surtout si nous comptons ouvrir nos frontières pour accueillir des investisseurs et des professionnels étrangers.
Hofman traqué mais il y a aussi des étrangers hautement privilégiés. Sinon, comment expliquer l’extrême générosité de la State Bank of Mauritius (SBM) à octroyer un prêt de Rs 4,8 milliards à quelqu’un au Kenya ? Et que ce client a par la suite disparu dans la brousse kenyane. Un autre client étranger de la SBM à Dubaï a disparu dans le désert avec Rs 942 millions. Il ne manquait plus à la SBM que d’accueillir Mickey Mouse dans sa branche dubaïote et Donald Duck dans celle du Kenya et les laisser partir avec quelques milliards.
Si seulement Hofman était initié aux affaires, il aurait profité de la débordante générosité des institutions financières du pays. Il s’est retrouvé dans le mauvais secteur de l’aviation dans une compagnie dirigée par de dangereux amateurs dont les agissements vont coûter quelques milliards aux contribuables mauriciens.
Hofman a-t-il subi toutes ces tracasseries parce qu’il est natif d’un «petit» pays européen sans grande envergure de nos jours après avoir été pourtant une grande puissance coloniale dans le passé ? Et si Hofman n’était pas belge mais français ? Le gouvernement aurait-il fait preuve d’autant de mépris envers un citoyen français ? Et si Hofman était américain ? Le gouvernement aurait sans doute pris le facteur Donald Trump en considération avant d’agir. Car le régime de Port-Louis risquait théoriquement d’essuyer toute la puissance defeu dont dispose la diplomatie américaine.
On sait que les Américains sont incapables de finesse diplomatique contrairement aux Européens et ils réagissent brutalement quand leurs intérêts sont menacés. Washington est généralement très sensible sur le sort de ses citoyens subissant les caprices des «tin-pot dictators» du tiers-monde. Un principe clé guidant la diplomatie américaine, c’est de mettre les citoyens de l’oncle Sam à l’abri des décisions hostiles prises à leur égard par des politiciens et des fonctionnaires étrangers. C’est pour cette raison d’ailleurs que les États-Unis n’ont pas signé certaines conventions internationales. À enjuger par l’acharnement avec lequel Donald Trump s’est mis à déboulonner le régime du Venezuela et déstabiliser économiquement celui des ayatollahs en Iran, on peut concevoir les conséquences si les Jugnauth s’étaient retrouvés dans le viseur du super «fou» qui dirige les États-Unis d’Amérique.
Les Américains ont déjà démontré ce dont ils sont capables à Maurice même suivant un incident. Le 16 mai 2001, un marine américain, Arthur Lee Gray, venu à bord du navire de guerre USGC Sherman, s’était retrouvé dans le village de Triolet où il marchait tôt le matin, sans doute après une nuit passée à Grand-Baie. Il y vola la bicyclette du laboureur retraité Bissondoyal Rambaruth âgé de 67 ans. Le militaire américain, un géant noir, ne put aller trop loin à bicyclette car il fut pourchassé par des hommes ameutés par Rambaruth et il fit une chute. Arrêté, l’Américain fut détenu au poste de police de Triolet. Mise au courant de l’incident, la mission diplomatique américaine à Maurice réagit vivement pour condamner cette arrestation et accusa même la police d’avoir fait preuve de racisme en raison du fait que le militaire était un Noir. C’est le chargé d’affaires américain d’alors, Daniel Claffey, qui fit parvenir la véhémente note de protestation auprès des autorités mauriciennes.
Si l’ambassade US avait protesté aussi énergiquement après un incident de vol de bicyclette, il n’est pas difficile d’imaginer comment les Américains auraient réagi si le gouvernement Jugnauth avait fait adopter une loi dans le simple but de nuire à l’un de leurs citoyens.
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