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Dérives totalitaires
Il serait temps, peut-être, de dire stop !
Le pouvoir doit arrêter d’utiliser l’appareil d’État pour faire taire toutes les voix contestataires.
Après les attaques sous la ceinture contre la presse libre, les partis politiques de l’opposition, le pilote Hofman qui a osé traiter Jugnauth Jr de «fou», et contre des citoyens-internautes qui s’expriment sur les réseaux sociaux (après un amendement liberticide digne d’un régime totalitaire qui souhaite contrôler les réseaux sociaux), le régime au pouvoir essaie maintenant de museler les militants de Rezistans ek Alternativ (R&A) en utilisant la police d’un Mario Nobin – qui semble être devenu plus marionnette que jamais (avec l’affaire Mike Brasse au-dessus de sa tête). Une tentative précédente d’utiliser la force (ou des bouncers) contre R&A à Rivière-Noire (dans leur dénonciation du non-respect des wetlands) n’avait pas marché, alors le pouvoir sort, cette fois-ci, l’artillerie lourde des Casernes centrales (et les ondes de la MBC et des médias complices) pour bien faire comprendre que le deal papa-piti ne doit pas être contesté sur la place publique.
À mesure que s’approcheront les prochaines élections, il faudrait se préparer à une intensification des mesures de désespoir d’un clan qui ne veut manifestement pas envisager de perdre le pouvoir et ses privilèges ; un régime qui, en quatre ans, a démontré ce dont il est capable (népotisme, gaspillage, pillage) et incapable (eau 24/7, miracle économique, Freedom of Information Act); et qui tente de faire taire toutes les voix qui osent le critiquer. Sans grand succès jusqu’ici.
Pourtant, dans les démocraties qui se respectent, la liberté d’expression, notamment celle de la presse et des syndicalistes, se doit d’être inaliénable. Rien ne peut justifier ce qui apparaît comme un désir de les museler. Et, a fortiori, rien ne peut justifier que l’on attise la haine contre ceux qui exercent ce nécessaire travail de contre-pouvoir...
Le pouvoir absolu des Jugnauth s’inscrit dans une logique immuable. En théorie, il signifie la possibilité légale de tout contrôler au nom d’une légitimité supérieure, sans contrepoids. Dans la pratique, l’absolutisme pourrait prendre la forme de la stratégie du Mouvement socialiste militant (MSM) qui pourrait faire campagne sur une soi-disant coalition montée par Ramgoolam...
Après son éclatante victoire au scrutin du 10 décembre 2014, le MSM et ses partenaires minoritaires sont devenus, du jour au lendemain, les maîtres incontestables de l’échiquier, au Parlement et à l’échelon national. Toutefois, ils n’étaient pas du tout préparés pour prendre le pouvoir. Ils se sont surtout investis pour se servir au lieu de servir; à l’instar de leur premier Attorney General, de leur présidente de la République, ou autre Raj Dayal ou Vishnu Lutchmeenaraidoo.
Face au MSM, il y a un océan de désespoir dans les rangs des oppositions éparpillées, incapables de se renouveler ou de travailler ensemble pour offrir une meilleure représentation politique au pays. D’où, sans doute, la remontée assez spectaculaire de Navin Ramgoolam, qui demeure, qu’on le veuille ou non, le seul challenger direct des Jugnauth à ce jour sur le plan national. Ici, il faut reconnaître que les meilleurs agents de Ramgoolam ne sont nuls autres que SAJ et son fils qui ont tenté (en vain) de le détruire avec pas moins de onze procès contre lui... Entre les Casernes centrales et la Cour suprême, Ramgoolam a su trouver la force dans l’épreuve. C’est connu : what does not kill you can only make you stronger...
Si le MSM persiste, de la sorte, à persécuter tous ceux qu’il considère comme étant contre lui, il risque surtout de s’enfoncer dans la mare de l’absolutisme. Et les Mauriciens, c’est connu, ne tolèrent pas un régime dominer. D’où les alternances au pouvoir, même si on tend à prendre les mêmes et à recommencer, en pensant que cette fois-ci on fera mieux...
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