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Les «vieux couillons» de la politique
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Les «vieux couillons» de la politique
Ravi Rutnah a relancé à sa façon les débats sur l’âge de nos hommes politiques. Lorsqu’il a basculé sur le ministre mentor des questions qui lui étaient originalement destinées, les naïfs qui n’ont pas compris la manœuvre échappatoire derrière cette opération ont cru que le piti, acculé, faisait désespérément appel à son papa. Ce qui a focalisé l’attention sur l’âge de son père.
Ravi Rutnah aurait préconisé l’élimination de tous les «vieux couillons» et autres indésirables de l’alliance MSM-ML, y compris son leader lui-même, Ivan Collendavelloo, à qui il aurait fait allusion, nommément, dans un document audio publié par Sunday Times dimanche dernier.
Une telle attitude étalée sur la place publique, manifestée par un élément de l’alliance gouvernementale comme Rutnah, est symptomatique d’un climat de fin de règne. Rutnah sait qu’il n’aura pas une nouvelle investiture. Car il est clair que malgré tous ses défauts, Pravind Jugnauth ne serait point enclin à commettre le hara-kiri politique en alignant des candidats comme Ravi Rutnah ou Kalyan Tarolah.
Sachant qu’il ne serait pas candidat pour les prochaines élections, Rutnah tente sciemment de ruer dans les brancards et à attirer les projecteurs sur lui. Il s’amuse à donner aux dirigeants de Lepep un aperçu de la campagne d’agitation qu’il mènerait après le Nomination Day. Rutnah sait pertinemment bien que les dirigeants n’oseraient pas prendre de sanctions contre lui et qu’ils n’ont pas d’autre choix que de le tolérer dans ses excès. Tout comme dans le cas de Raj Dayal, suspendu avec fracas mais qui reste toujours là, un député qu’on n’ose expulser malgré le fait qu’il a récemment traité sir Anerood Jugnauth d’être un homme qui a manqué à sa parole. Une telle pagaille ne se produit qu’en situation de fin de règne.
En présentant les «vieux couillons» comme une source de problèmes, Rutnah entre de plain-pied dans le débat initié à l’occasion de la partielle de Quatre-Bornes le 17 décembre 2017. Lors de la campagne électorale, il fut beaucoup question d’élimination de la vieille garde et de son remplacement par la jeunesse.
Quand les résultats de cette partielle furent proclamés le 18 décembre 2017, on apprit qu’il existait une règle de corrélation performance électorale-âge implacable. Cette règle voulait que plus le candidat était jeune, moins il scorait. Ainsi le jeune Alexandre Barbes-Pougnet obtint… 85 votes sur un total de 22 758. L’autre jeune vedette, Yuvan Beejadhur, fit mieux, avec 122 votes. Il ne manqua que 68 voix au jeune Kugan Parapen; de Rezistans ek Alternativ, pour atteindre la barre de 1 000 votes. Quant au jeune Dhaneswar Maraye, il se distingua pour avoir fait le PMSD perdre sa caution dans une ville. Un record politique et électoral pour le PMSD. Tania Diolle, du Mouvement Patriotique, se démarqua honorablement avec ses 1 516 votes pour un parti nouveau-né. Après cette partielle, on aura des élections générales dans les mois qui viennent. La question de l’âge des dirigeants reviendra sur le tapis, avec l’accent mis sur sir Anerood, Paul Bérenger et Navin Ramgoolam.
Ils sont nombreux à croire que le MSM compte tout miser sur le «jeune» Pravind Jugnauth, l’athlète débordant d’énergie à la tyrolienne, l’énergique marcheur vers Grand-Bassin et le coureur turbo au stade Maryse Justin. Cela, tout en «ramassant» le vieux Anerood. Or le piti ne se sentirait pas complet sans la présence de papa, comme au Parlement lors des questions difficiles.
Au fait, tout comme sir Anerood et Vishnu Lutchmeenaraidoo avaient été présentés comme les futurs créateurs d’un miracle économique, le MSM, logiquement, utiliserait encore une fois le vétéran de 89 ans comme un atout électoral, même s’il ne serait pas candidat. Le vieux grand-père viendrait compléter l’image d’une famille où les petits-enfants et les enfants représentent des valeurs fondamentales. Face à des pervers. On vendra aussi le thème miracle économique de SAJ mais en le limitant à 1983-2005.
La question de «vieux couillons» sera aussi orientée vers le MMM mais il serait politiquement irréaliste de penser que quelqu’un d’autre que Paul Bérenger mènera les Mauves dans un machiavélique exercice de koz-kozé et de participation éventuelle aux prochaines élections générales, avec ou sans alliance.
Bien qu’étant grand-père, Xavier-Luc Duval échappe, lui, au label «vieux». Personne ne dira qu’il fait «bouffon» en conduisant une voiture de sport et une moto de forte puissance.
Même situation chez les travaillistes. L’état civil donne un certain âge à Navin Ramgoolam. Mais qui ferait mieux que lui au volant d’une Aston Martin de 12 cylindres avec moteur de 6 litres sur les routes de Maurice ? Ou d’une énorme Rolls Royce dans les rues étroites de Londres ? Qui au Parti travailliste battrait ce «vieux couillon» au djembé, à la batterie et à la guitare ?
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