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Dette publique, la responsabilité des uns et des autres

29 mai 2019, 07:05

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Invité par la presse, à l’issue de la dernière rencontre du comité de politique monétaire, à s’exprimer sur la polémique entourant la dette publique, le gouverneur de la Banque de Maurice a essayé de botter en touche. Maladroit, Yandraduth Googoolye a laissé entendre que cette responsabilité incombe au gouvernement.

Certes, la gestion de la dette publique relève particulièrement des compétences du Trésor public mais il est très important de situer la responsabilité des uns et des autres. La Banque de Maurice, qui est chargée de la politique monétaire, ne peut feindre de ne pas comprendre la question. Car il est évident qu’une dette publique élevée n’est pas sans incidence sur l’efficacité de la politique monétaire.

Plusieurs scénarios se posent à la Banque centrale. D’abord, lorsque l’endettement est libellé principalement en devises étrangères, il contraint l’autorité monétaire à faire le choix entre limiter le glissement de la monnaie locale et prévenir les fuites de capitaux à travers un relèvement des taux d’intérêt ou à contenir le coût de financement en gardant le taux de référence à un niveau relativement bas. Il est difficile d’imaginer que le patron de la BoM Tower n’y ait pas été confronté jusqu’ici.

À Maurice, la dette publique s’élevait à Rs 318 milliards, selon les estimations provisoires, à fin mars 2019. Ce qui représente 64,8 % du Pib. Élevé ou justifié ? Opposants et dirigeants s’affrontent sur la question depuis des années. Dans ce bras de fer, les deux parties parviennent même à trouver du réconfort dans les commentaires du Fonds monétaire international (FMI).

Dépendant de l’argumentaire qu’on cherche à développer, il n’est, en effet, pas très difficile de s’appuyer sur la littérature du FMI. Cela dit, ce qui est important de retenir dans l’analyse de l’Article IV à l’item de la dette publique, c’est que bien que soutenable, le niveau de la dette nous expose à des risques de chocs budgétaires. Sans compter que des passifs éventuels incluant ceux liés à la taille du secteur financier ainsi que le coût associé à un vieillissement rapide de la population constituent également des dangers potentiels.

Personne ne contestera donc la recommandation invitant les pouvoirs publics à inverser la courbe de la dette afin de préserver la stabilité macroéconomique. Il en est de même pour celle qui prône une plus grande transparence fiscale à travers l’adoption de l’International Public Sector Accounting Standards.

N’empêche, nous sommes d’avis que ces outils ne pourront être efficaces qu’avec un cadre légal approprié, à l’instar d’une Government Performance and Results Act. Une telle loi viendrait responsabiliser ceux qui ont à leur charge les deniers publics et pourrait à la longue contribuer à imposer une culture de redevabilité. Ce qui nous permettra certainement de faire l’économie des crises de gouvernance.

L’introduction d’une Government Performance and Results Act devrait être un tournant majeur en matière de gestion des entreprises publiques. Celles qui croulent sous les dettes en raison d’une mauvaise administration et d’ingérence de toutes sortes auront donc des comptes à rendre. Leur assainissement ouvrira une fenêtre d’opportunités dont une possible déconsolidation de la dette.