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Heavy Metal Redemption Song
Dans son malheur, le FC Barcelone, qui a vu sa saison flinguée par les «Reds» un soir de violente «remontada», pourra se dire qu’il n’a pas perdu contre n’importe qui. Le Liverpool FC 2018-2019 est un grand cru. Un magnifique vainqueur de la Ligue des champions.
La Coupe aux grandes oreilles regorge de grandes histoires. Avec des larmes, du sang. De la tragédie, de la souffrance. Du panache, de l’héroïsme. Le Liverpool FC c’est tout cela à la fois. De la première Coupe aux grandes oreilles en 1977, et la formidable épopée entamée contre l’AS Saint-Etienne au drame du Heysel en 1985, les «Reds» ont connu une première vie tumultueuse tutoyant les cimes européens (4 C1, 2 Coupes de l’UEFA) puis l’abîme (banni pour cinq ans des Coupes d’Europe, victime de ses hooligans). Bill Shankly et Bob Paisley ont laissé une empreinte indélébile, une identité forte. Le socle du LFC. «You’ll never walk alone» n’est pas qu’une chanson vieillotte, c’est un hymne au dépassement de soi.
On change de siècle. Fini le «kick and rush», il faut se réinventer. Le renouveau du LFC se conjuguera en espagnol, puis en allemand en deux grandes dates. Deux glorieuses : Rafael Benitez 2005 et Jurgen Klopp 2019, entrecoupées de plusieurs finales perdues aussi. Étonnamment, Liverpool n’arrive plus à être prophète en son pays, privé du titre de champion depuis 1990, mais continue de rayonner sur le Vieux Continent en matant des cadors que tout le monde redoute ! Avec toujours ce même ADN propre aux «Reds» : «never say never», les «Reds» ne sont jamais battus d’avance, même si tout semble perdu. Istanbul 2005 et le comeback le plus invraisemblable dans une finale de C1. Barcelone 2019 : ratatiner le grand Barça de Messi 4-0 après avoir pris une rouste au Camp Nou, en demi-finale.
«Never give up !», comme l’annonçait le t-shirt de Mo Salah, le jour du match retour à Anfield. Pas de Salah, pas de Firmino ? «No problemo !» Wijnaldum et Origi, plient l’affaire. Rien ni personne ne pouvaient arrêter les gars de la Mersey cette saison.
Je n’aurai pas parié là-dessus après avoir assisté à leur défaite en match de poule contre le PSG, au mois de novembre au Parc-des- Princes. Liverpool a, en effet, perdu contre Naples, l’Etoile Rouge de Belgrade, Paris et Barcelone, à l’extérieur. Son parcours européen a été tout sauf un long fleuve tranquille. Alors que, paradoxalement, il a brossé un tableau quasi-parfait en parallèle en «Premier League» : une seule défaite et 97 points pour une frustrante 2e place derrière City dans ce qui est la course au titre la plus relevée de l’histoire du championnat anglais.
Cultivée au «Heavy Metal kloppien», l’équipe de Liverpool avait atteint des sommets de football offensif, la saison dernière, mais a développé un esprit de corps et une résilience qui en font un adversaire encore plus redoutable cette saison : enfin au point défensivement. Elle ne renonce jamais. C’est un bloc qui en veut. Tottenham s’en est rendu compte, hier en finale. Le mental des «Reds» a fait la différence dans un match où l’enjeu a totalement tué le jeu. Une finale cadenassée, l’antithèse du foot anglais !
Voilà comment on passe du «Heavy Metal» au «Redemption Song». De Karius à Allison. De Lovren à Van Dijk. D’un Salah brisé par Ramos à un Salah décisif à Madrid. Les larmes de Kiev de l’an dernier se muent en apothéose de cette saison 2018-2019. «Boom, it’s crazy !», dirait Jurgen Klopp. Son «gegen pressing» entre au panthéon d’Anfield, à ses côtés ! Ses joueurs sont heureux d’évoluer avec lui, c’est palpable. A l’unisson, comme leur public de feu.
Après six défaites en sept finales, l’Allemand a enfin prouvé que sa vision du football n’était pas utopique et qu’il y a bien une alternative au panache de Manchester City. Le «winner» laisse la «lose attitude» à d’autres. Il peut continuer ses «hugs» sur ses joueurs en toute impunité, il distribue tellement de bonheur à chaque sourire ! Il a beaucoup appris de ses erreurs et son équipe a vraiment tout pour durer au plus haut niveau. A Liverpool, l’avenir est décidément plein de promesses.
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