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Discours altruiste
Coiffé de sa casquette de ministre des Finances, Pravind Jugnauth dit vouloir maintenir le cap de la lutte contre les inégalités dans le Budget 2019-20. C’est ce qu’il a confié à Business Magazine dans la dernière ligne droite menant à la présentation du cinquième et dernier exercice financier de ce mandat.
Contrairement aux années précédentes, le discours du 10 juin sera plus attendu que d’habitude. Car chacun espère y trouver son compte étant donné que nous sommes dans une année électorale. Les listes d’épicerie seront de sortie afin d’essayer de cocher le maximum de cases possibles lorsque le chef du gouvernement montera au perchoir.
Fonctionnaires, consommateurs, opérateurs économiques, syndicalistes, agriculteurs, pêcheurs, éleveurs, organisations non gouvernementales, entre autres, auront les yeux rivés sur l’Assemblée nationale après avoir été entendus par le Premier ministre lors des consultations pré-budgétaires.
L’enjeu est donc de taille. Et Pravind Jugnauth semble être tout à fait conscient de l’attente grandissante. Sans dévoiler ses batteries, il donne quelques pistes. Le Budget 2019-20 ne se départira pas des exercices précédents, explique-t-il. Ce qui veut dire «qu’une attention particulière sera une nouvelle fois accordée à l’humain».
Le discours du chef du gouvernement est altruiste en cette fin de mandature. Il rappelle à qui veut l’entendre plusieurs mesures qui, selon lui, traduisent «sa philosophie», entre autres l’introduction du salaire minimum. Est-ce à dire que le père Noël passera en juin cette année pour les Mauriciens ? À cette question, le ministre des Finances répond avoir fait le choix d’oeuvrer pour un meilleur partage de la richesse. Rien ne devrait donc l’empêcher de poursuivre dans cette voie. D’autant plus qu’il juge que «l’économie et le social sont liés».
Les propos de Pravind Jugnauth permettent de jauger de la dimension du levier budgétaire dans le dispositif du gouvernement en marge des prochaines consultations populaires. Pour autant, le Premier ministre se laissera-t-il dominer par la tyrannie du court terme, c’est-à-dire se focaliser sur l’échéance la plus rapprochée au mépris d’une vision d’avenir ?
Bien qu’il puisse en être tenté, il sera difficile d’imaginer le Grand argentier se lancer dans un exercice de kamikaze budgétaire dans le seul but de rallier le plus grand nombre à sa cause. Nous avons certes eu des mesures populaires sous différents gouvernements, mais pas de quoi saper la stabilité macroéconomique du pays.
Face à des recettes fiscales sous pression, des secteurs traditionnels happés par des zones de turbulences et se sachant sous le regard des bailleurs de fonds internationaux et des institutions multilatérales, Pravind Jugnauth prendra-t-il le risque d’imposer un fardeau insupportable sur l’économie ?
Au-delà des discours, c’est dans les faits que le chef du gouvernement sera jugé en cette fin de règne. Avec, d’un côté, la poursuite du développement économique et, de l’autre, la réduction de la fracture sociale, l’équation ne sera pas si facile à résoudre surtout lorsque vous n’avez pas les coudées franches.
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