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Vérités et contre-vérités

22 juin 2019, 07:18

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Chaque pays, chaque nation, chaque système de pensée politique ou économique, tout comme chaque individu hérite d’un lot de mythes et de réalités. Au siècle dernier, le fascisme, le communisme et le libéralisme étaient en conflit et chaque modèle visait la suprématie. Durant cette ère, l’histoire retient, entre autres, le nom de Joseph Goebbels, le propagandiste du régime nazi, comme le plus habile manipulateur des médias et de l’opinion. Seul le libéralisme a survécu – et il est à la fois incarné par un Barack Obama ou un Donald Trump, voire un Narendra Modi. Avec ses variances tant dans le style que dans le fond.

Ce serait lui qui aurait compris qu’un mensonge – comme, disons, la dernière et dangereuse tentative de détourner la «paper money» de la Banque de Maurice pour montrer un tableau économique moins sombre – s’il est répété, disons par Renganaden Padayachy, Dan Maraye, Chandan Jankee, l’EDB du tandem Cartier-Currimjee et quelques «capons» du privé – s’il est répété un millier de fois devient une vérité fabriquée. Fabriquée de toutes pièces pour tenter de répondre aux arguments et chiffres en béton des économistes de la trempe de Sithanen, Basant Roi, Khushiram, Dinan ou Ng.

C’est du reste pour cela que nous avons vu l’éclosion de radios dites libres mais pas libérées et des sites Web de propagande qui veulent faire croire qu’ils font du journalisme. Quand on connaît ceux qui y sévissent, c’est difficile de gober leurs «alternative facts», à l’instar de cette partielle qui demeure nébuleuse malgré le Writ et la loi...

La propagande soviétique était aussi une machine redoutable pouvant masquer les atrocités au pays tout en projetant une vision utopique au monde extérieur. Dans les années 1930, nombre d’intellectuels et de journalistes de gauche, qui pensaient cultiver un esprit critique, flattaient l’idéologie soviétique alors qu’en Ukraine des millions mouraient de faim à cause d’une pénurie artificielle que Staline avait orchestrée. Aujourd’hui, les multiples pages Facebook et les faux profils ou Trolls (générés par des centres d’appel proches du pouvoir) veulent détourner le regard des citoyens des faits inquiétants qui hypothèquent l’avenir de nos enfants.

Avec leurs Goebbels, les hommes et femmes politiques calquent désormais leur communication sur celles des religions et des idéologies, ou encore les stratégies de marketing ou de branding des produits commerciaux.

Si le pouvoir et la vérité empruntent deux routes séparées, chacun, selon sa conscience ou sa sensibilité, doit choisir entre des faits vérifiables et les mythes véhiculés sciemment par des dynasties. Alors que l’échéance électorale se rapproche, la propagande tentera de tordre le cou aux vrais enjeux qui pour nous demeurent l’état de notre économie, les vrais chiffres de la dette publique et du déficit budgétaire, l’incapacité à transformer la MBC et à libéraliser l’audiovisuel mauricien, ce besoin mauricien de recourir à l’une ou l’autre dynastie politique alors qu’il existe des esprits neufs qui peuplent ce grand bassin d’indécis qui compterait un peu moins de la moitié de l’électorat.