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Et si la drogue se trouvait à bord de Mauricio ?
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Et si la drogue se trouvait à bord de Mauricio ?
Dans le cadre du martelage officiel autour du Metro Express, Pravind Jugnauth et ses ministres, tous radieux comme un soleil, avaient fait le déplacement au port pour accueillir Mauricio, qui a même éclipsé Krouink. Mais les MSM ne savaient pas que dans le même bateau qui transportait le tram se trouvaient également 95 kilos de cocaïne, cachés dans une tractopelle !
J’entends déjà les conseillers et suiveurs du Premier ministre crier d’exaspération : mais comment pouvait-il savoir, notre cher Premier ministre, que la drogue y était ?
La vérité, c’est que Pravind Jugnauth ne pouvait pas le savoir car ni l’ADSU du DCP Bhojoo, qu’il aime bien féliciter pour des «saisies record» d’héroïne, ni la MRA, qui est devenue un outil de répression des adversaires politiques et qui aime bien faire sa pub à chaque saisie de drogue, encore moins le NSS et les tables d’écoute, n’était au courant de cette cargaison de cocaïne. Raison pour laquelle la tractopelle a tranquillement quitté le port, est passée à travers la capitale, avant d’aller au garage de Scomat, à Pailles. Sans les employés de Scomat, les autorités n’auraient rien su de cette arrivée de cocaïne. Car tous les yeux étaient braqués sur Mauricio – qui, heureusement, n’était pas, lui, fourré à la coke.
Aux Casernes centrales, l’on refuse cette théorie selon laquelle les importateurs de cette drogue ont profité de la diversion provoquée par Mauricio pour faire rentrer la drogue à notre insu.
En revanche, l’on nous explique – laborieusement – que le bateau a commencé son long trajet au Brésil (l’Amérique latine est une plaque tournante pour le trafic d’héroïne), mais que l’on ne peut pas savoir si la drogue s’y trouvait déjà avant que Mauricio ne soit embarqué en Espagne, ou encore quand la tractopelle est arrivée à bord au port de Tanger (Maroc)… Face à ces multiples possibilités, la police et la douane semblent être perdues, car ce qui est passé sous leur nez est, manifestement, hors de leurs cordes ; elles qui ont l’habitude de traquer les mouvements des trafiquants notoires locaux, avec les résultats en demi-teinte que l’on sait. Alors, la police nous dit qu’après Maurice, le bateau se dirige vers le Kenya et l’Inde, où cinq autres tractopelles allaient être livrées. Quelqu’un se serait-il trompé d’adresse, ou est-ce que le commerce de cocaïne, en raison des centaines des millions de roupies qui sont brassées, est toujours passé, jusqu’ici, loin du radar de la police et de la MRA qui, du reste, ne communiquent que quand elles font des saisies…
Dans le sillage de la commission Lam Shang Leen, nous avons publié des dossiers sur le trafic de drogues dures et ses ravages à Maurice. Notre enquête a confirmé, à bien des égards, l’étendue du mal qui ronge notre pays de l’intérieur : l’heure est grave dans nos villes et villages. Les divers témoignages devant la Commission de la drogue ont révélé que nos institutions ne sont guère à l’abri des trafiquants et de l’argent sale qui circule et qui infiltre nos prisons, postes de police et le barreau. Vous rendez-vous compte : il y aurait une trentaine d’avocats et d’avoués (dont l’ancienne ministre responsable de la Child Development Unit, Roubina Jadoo-Jaunbocus) dont les fréquentations assidues (du moins jusqu’à novembre 2016) aux prisons (de Beau- Bassin et de Melrose) soulèvent toujours des interrogations légitimes. Pourquoi tous ces avocats (dont quelques avocatspoliticiens) allaient pratiquement tous rendre visite au dénommé James Mukusa Kanamwanje, cet ex-prisonnier ougandais, condamné à perpétuité, mais qui a bénéficié d’une remise de peine ? À la suite de nos articles sur leurs visites aux prisonniers-barons, les avocats ont soudain arrêté de s’y rendre. Et ont attendu, sagement, leur comparution devant la commission Lam Shang Leen.
Outre des hommes de loi, il y a aussi des policiers, jugés discrets, comme Hureechurn et Joly, qui se seraient laissé tenter par l’appât du gain facile et malsain, tout comme le «State Witness» Ashish Dayal, qui a profité de l’immunité, accordée par l’État, pour continuer, voire intensifier, le trafic d’héroïne. La réalité locale reste implacable. L’approche actuelle, axée sur la diminution de l’offre et la répression, est totalement inefficace. Dans son rapport annuel mondial sur les drogues, publié en mai 2015, l’UNODC démontre que, malgré les millions de dollars alloués à l’éradication des cultures illicites et à l’arrestation des trafiquants, «de plus en plus de personnes dans le monde se défoncent !» (sic). C’est le propre de la mondialisation. C’est ce que les Américains appellent «the dark side of globalisation ». Ainsi les avancées de la technologie, du transit et du transport ont amélioré la vitesse et l’efficacité de l’économie mondiale. Elles amènent également la même efficacité au commerce des réseaux de trafiquants.
La fin des auditions de la commission Lam Shang Leen aura été épique pour le MSM. Nombre d’hommes de loi qui ont été convoqués étaient des proches du Sun Trust. Un gouvernement déjà miné par de multiples scandales. Mais Pravind Jugnauth n’avait pas le choix et devait laisser à la commission le soin de boucler son rapport. Quitte à le laisser pourrir dans le tiroir… car l’heure n’est pas à ça. Nous sommes rythmés, ces temps-ci, par Krouink et Mauricio. Pour la drogue, on verra après, comme on disait, en 1985, après les Amsterdam Boys…
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