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Soodhun, un atout majeur pour les Jugnauth

20 juillet 2019, 07:46

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Nul n’est prophète en son pays. Ainsi, si Showkutally Soodhun fait la vedette à l’arabnews.com, une plateforme d’avant-plan dans le monde arabe, il est tout simplement vilipendé dans certains médias mauriciens.

Le prestige dont jouit ce dirigeant mauricien auprès de la famille régnante de l’Arabie saoudite et des princes qui dirigent les Émirats arabes unis fait honneur à ce natif de Triolet. Cet honneur devrait en principe rejaillir sur Maurice même. Malheureusement, le pays compte trop de complexés qui n’arrivent pas à apprécier les événements à leur juste valeur. Pour donner une idée de l’estime que portent les dirigeants arabes à Soodhun, il avait suffi qu’il rencontre un petit problème de santé pour qu’ils affrètent un jet privé à son intention afin qu’il regagne son pays natal le plus vite possible. Lors de cette opération d’évacuation d’urgence, le pauvre Soodhun était tellement abasourdi qu’il n’a même pas eu le loisir de faire le compte des valises qui l’avaient accompagné sur le jet privé.

Le cas Soodhun constitue l’une des plus belles «success stories» à mettre sur le compte d’un humble citoyen de la République. À vrai dire, Soodhun a été créé de toutes pièces par Dev Virahsawmy, le premier élu MMM dans l’histoire du pays. Le jeune homme de Triolet avait côtoyé l’élu du MMM. Plus tard, quand Virahsawmy a créé son propre parti, le MMM-Socialiste-Progressiste (MMM-SP), le fidèle Soodhun l’avait suivi. Qui plus est, Soodhun s’était même porté candidat sous la bannière du MMM-SP, dans la circonscription de Triolet-Pamplemousses aux élections de 1976. Comme colistier de Dev Virahsawmy.

Soodhun portait alors le sobriquet de Toolia, d’après les documents de la commission électorale. Le «poor village boy» Toolia, qui devait plus tard se déplacer en jet privé et fréquenter des rois et des princes milliardaires, a convaincu pas moins de 490 électeurs (sur les 21 461) du no 5 de lui faire confiance. Il est vrai que sir Seewoosagur Ramgoolam, élu en tête de liste, avait scoré 12 460 votes.

Toujours dans la mouvance de Dev Virahsawmy, Soodhun entra de plain-pied dans le monde du syndicalisme, ce qui le mit en conflit avec un Premier ministre Anerood Jugnauth réputé pour son attitude «ar mwa pena kata-kata». Soodhun essuya les brimades de la police et fit un séjour en prison. Son passage en prison devait le marquer tant il avait été dévoré par des puces et punaises.

Atteint sans doute du syndrome de Stockholm, quand des victimes finissent par aimer leurs tortionnaires, Soodhun se rapprocha du MSM et fut candidat de ce parti aux élections générales de 1987, à La Caverne-Phœnix.

Une fois dans le camp MSM, Soodhun allait témoigner d’une loyauté indéfectible envers Anerood Jugnauth. Entré au Parlement comme best loser après les élections de 1987, Soodhun allait aussitôt faire une démonstration spectaculaire de sa fidélité envers sir Anerood Jugnauth. Ce dernier, animé d’un esprit revanchard pour avoir été privé du vote des musulmans aux élections de 1987, prit la décision d’abroger bien vite la Muslim Personal Law. Au moment du vote sur le projet d’annulation de la loi, on constata que Soodhun avait sans la moindre hésitation soutenu Jugnauth. Ce vote scella à tout jamais le contrat de fidélité inébranlable liant Soodhun au clan Jugnauth.

Post-2014, bien que privé de son poste de vice-Premier ministre – si la décision incombait aux Jugnauth seuls, il ne serait jamais parti – Soodhun assure à la famille royale mauricienne la coopération de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis. Dans le présent contexte géopolitique, Soodhun vaut tout son pesant d’or. Absolument déterminant par rapport aux efforts déployés par les Jugnauth pour obtenir encore un mandat. En effet, les données géopolitiques ayant un impact sur Maurice ont bien changé. Par exemple, l’Inde qui, jusqu’à tout récemment, conservait de bonnes relations avec à la fois l’Arabie saoudite et l’Iran, a effectué un virage (tilt) résolument pro-saoudien, éliminant de ce fait ses importations de produits pétroliers de l’Iran. L’Inde s’est aussi rapproché d’Israël qui lui-même, au fil des années, est devenu un allié objectif de l’Arabie saoudite, offrant à ce pays son expertise incontestable dans la collecte électronique de renseignements. On sait bien que si l’Arabie saoudite décidait un jour de mettre toutes ses ressources économiques, financières et logistiques dans une stratégie de destruction d’Israël, ce pays disparaîtrait de la mappemonde. Vraiment, on n’apprécie pas Soodhun à sa juste valeur maintenant qu’il est devenu un personnage clé à l’échelle internationale.

Les esprits méchants vont continuer à dénigrer Soodhun, lui reprochant son accent bhojpuri quand il parle créole et anglais, lui rappelant ses origines modestes de soi-disant «gate-keeper» ou «rat-catcher». On évoque aussi la plus-value de plus de Rs 40 millions réalisée autour d’un campement sur terres de l’État à GrandBaie. En quoi Soodhun démérite-t-il en ayant le flair d’un astucieux businessman quand il ne sert pas la patrie ?

Le seul défaut qu’on pourrait reprocher à ce Mauricien hors pair, c’est son sens de l’exagération. Il serait utile pour Soodhun lors de ses prochaines interviews avec des médias du Golfe d’encourager d’éventuels touristes arabes à visiter Maurice. Son affirmation que 3 000 maisons ont été détruites par un cyclone qui n’a existé que dans son imagination pourrait donner un mauvais signal à des visiteurs. Les touristes arabes pourraient croire que, soit nous vivons comme Tarzan, soit nous sommes un pays à habitations fragiles et dangereuses.