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MBC: You ain’t seen nothing yet, le pire est à venir

17 août 2019, 07:25

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Ce qui se passe actuellement à la MBC ne reflète pas le pire moment dans l’existence de cette institution. Le pire est à venir dans le contexte de la campagne électorale.

Contrairement à ce que croient nombre d’observateurs, le directeur-général par intérim, Anooj Ramsurrun, n’a pas été limogé à la suite d’une guerre de clans. Le siège éjectable a été actionné subitement et impitoyablement parce que Ramsurrun a tenu des propos outrageants à relents «communaux» où il a été question de l’habitude de certains à se faire des enfants et des critères ethniques qui ne favoriseraient pas le déploiement de certaines ressources humaines de la MBC en Inde. C’était comme si seules les personnes originaires d’une ethnie avaient le droit de se rendre en Inde.

Puisque ces propos ont commencé à s’ébruiter, Lakwizinn du PMO a craint la naissance d’une controverse sur fond communal et qui pourrait prendre l’ampleur de l’affaire Showkutally Soodhun, un vice-Premier ministre à qui on reprochait des propos foncièrement outrageants à l’encontre des femmes d’une certaine composante de la population mauricienne. Quand le cardinal Maurice Piat est parti voir le Premier ministre à propos de l’affaire Soodhun, le MSM s’est trouvé dans l’obligation de demander à son «zanfan lakaz» de démissionner. Mais depuis, Soodhun représente Maurice lors des rencontres à l’étranger, ce qui équivaut à un geste de pied de nez à l’intention de ceux qui ont contraint le MSM de faire partir du Front Bench un élément aussi estimé.

Homme affable et charmant et un excellent technicien de l’audiovisuel, Ramsurrun vient d’un milieu très cultivé et c’est sans doute dans un moment d’extrême provocation qu’il a tenu les propos qu’on lui reproche. Comme un citoyen respectueux du pays, il est loin d’être assimilé à sir Anerood Jugnauth avec ses propos incendiaires sur les «démons» et encore moins à Showkutally Soodhun passant un jugement raciste sur des femmes. Ramsurrun s’est déclaré un suiveur de Pravind Jugnauth et c’est justement du facteur Pravind que vient son malheur. Car Pravind Jugnauth investit gros dans une stratégie électorale visant ce qu’on appelle la Population Générale et qui cherche à se démarquer de son papa et de Soodhun.

Cette stratégie, faut-il le reconnaître, est brillante sur papier. Car pour remporter les prochaines élections générales, le MSM devrait enlever tous les sièges des circonscriptions nos 5 au 14 et ensuite grappiller des gains dans des circonscriptions urbaines. Or, à ce jour, privé de l’opportunité de jouer sur l’épouvantail Paul Bérenger – «bhai (frère), didi (sœur), pouvoir pou sape dans nous la main» – on n’a aucune assurance que le MSM avec son allié croupion va faire la tabula rasa du n° 5 au n° 14. Sans cette menace de prise de pouvoir par Bérenger, la marge de manœuvre en 2019 est réduite par rapport à 2014. Mais il y a encore d’autres facteurs qui pourraient jouer contre le MSM, dont l’accumulation de scandales, le comportement de ses élus et les cas de népotisme.

Donc, tenter de recueillir des voix dans les villes pour compenser ce que le MSM va perdre dans les villages relève d’une stratégie remarquable et c’est là que Ramsurrun devient une distraction contre-productive. Il fallait le guillotiner. L’investissement de Lakwizinn dans les Jeux des îles a été remarquable avec comme objectif de présenter Pravind Jugnauth comme le bienfaiteur des sportifs venant pour l’écrasante majorité d’une communauté particulière. La présence systématique de Pravind Jugnauth et de sa famille lors des épreuves sportives – dont un déplacement en catastrophe occasionné par Navin Ramgoolam assistant à un combat de boxe – et les récompenses doublées et probablement triplées, tout cela fait partie de la stratégie.

Et il y a encore la visite papale et toutes ses video-photo opportunities pour le clan Jugnauth. Que de munitions pour la campagne électorale.

Pauvre Ramsurrun, il a été broyé par cette stratégie. Pourtant il a été très efficace dans l’art de la propagande. Qui aurait pensé qu’on pouvait exploiter le thème du père Laval comme matériel de marketing en faveur de Pravind Jugnauth ?

Quant à la MBC elle-même jusqu’au jour du vote lors des élections générales, on doit s’attendre qu’elle devienne encore plus agressive dans le marketing du clan Jugnauth. Bhijaye Ramdenee agissait déjà comme Executive Chairman depuis sa nomination et Ramsurrun s’avère un bon débarras pour lui. Ramdenee en est le principal gagnant. On a eu tort de penser que c’est Sadna Teeluckdharry qui a été le facteur déterminant dans le limogeage de Ramsurrun et cela en utilisant ses connexions familiales avec un parlementaire du MSM. Au fait, bien des années avant que son proche ne s’engage dans la politique, Sadna Teeluckdharry était déjà une professionnelle compétente et respectée de ses pairs.

L’ex-conseiller municipal MMM Ramdenee, maintenant admis dans Lakwizinn, a acquis de l’expérience dans le marketing de la bière et des boissons gazeuses. L’opposition risque d’être massacrée par la MBC, avec des coups plus spectaculaires que l’affaire du caveau du père Laval, une fois le Parlement dissous. Pourtant, d’après les spécialistes des médias, la MBC commettrait chaque jour des infractions aux MBC Act et IBA Act. Pour moins que ça, Shakeel Mohamed avait 30 ans de cela obtenu de la Cour suprême un droit de réponse à la suite d’une attaque personnelle véhiculée par la MBC.