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Attention, n’est pas Modi qui veut
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Attention, n’est pas Modi qui veut
Pravind Jugnauth a certes l’unique avantage de pouvoir contrôler le calendrier électoral mais il ne devrait pas pour autant surestimer ni ses prérogatives ni le pouvoir de l’argent ou celui de l’appareil d’État. Les Mauriciens, dans leur grande majorité, même s’ils acceptent beaucoup de choses sans broncher, détestent être pris de court, ou pire, être pris pour des imbéciles. Tout le monde a plus ou moins compris que Pravind Jugnauth ne sait plus sur quel pied danser tandis qu’il voit désormais les grains au fond du sablier. Le leader du MSM qui va, pour la première fois de sa vie, se présenter devant l’électorat comme Premier ministre, sait qu’il lui faut abattre des cartes. Mais dans quel ordre ? Pour l’heure, c’est surtout son indécision qui saute aux yeux. Il doit se rendre à l’évidence, tôt ou tard, il aura à affronter Navin Ramgoolam, seul comme un grand, sans son papa et son armada de conseillers mal avisés. Il pourra, avec l’aide de Bhijaye Ramdenee et de quelques mercenaires, éviter un duel télévisé, mais pas un duel électoral contre le «bandit».
La tentation est grande : le Premier ministre pourrait annoncer la dissolution du Parlement le 13 septembre. Et du coup, la partielle du n°7, programmée pour le 13 novembre, deviendrait caduque. Pravind Jugnauth déclencherait ainsi les élections générales (pour la mi-novembre ?), en surfant sur les images de la visite papale, du Metro Express, des Jeux des îles, etc... Sauf que ces événements ne rejaillissent pas sur l’ensemble du territoire – par exemple, en région rurale, comme démontrée hier; les habitants du n°7 n’étaient pas du tout en harmonie avec les hommes et femmes du pouvoir en place. On était bien loin de l’énergie communicative de l’ère «viré mam» de 2014. Ou alors, ce sont les Rouges qui ont su capitaliser sur le «ré-viré mam», au gré des scandales, sans précédent, de ce gouvernement. D’ailleurs, le fait de demander à Ravi Yerrigadoo ou à Prakash Maunthrooa, deux individus qui ont eu maille à partir avec la justice, de présider les meetings du MSM, s’avère tout un symbole... et ouvre la voie aux critiques légitimes.
Si les services de renseignement, qui n’avaient pas vu venir la candidature d’Anil Bachoo à cette partielle (le NSS pensait que cela allait être la rectrice du collège Universal, Anjanee Bolakee-Bhowon; d’où la décision du MSM d’aligner un visage neuf ou inconnu comme celui de Vikash Nuckcheddy, qui serait un ancien élève de Bachoo !), n’ont pas peur de dire la vérité au PM, alors celui-ci réfléchirait, encore plus, avant de se mesurer au PTr, qui a fait forte impression au Simadree Virahsawmy SSS. Nos journalistes, qui ont quadrillé la circonscription hier, sont unanimes. Le n°7 avait revêtu des habits rouges, hier. Sur les visages des partisans travaillistes, il y avait la détermination d’aller au combat pour gagner, comme au n°18, en décembre 2017. Le leader Navin Ramgoolam était présent pour mobiliser ses troupes. Sa présence a marqué les esprits autant que l’absence de Pravind Jugnauth, Paul Bérenger, Xavier-Luc Duval et d’autres dirigeants des partis traditionnels.
Par contraste, le camp gouvernemental marchait, en rangs dispersés, sans conviction, ayant, peutêtre, intériorisé le fait que cette partielle n’est que de la poudre aux yeux. Si c’est effectivement dans les plans du MSM de ne pas aller de l’avant avec l’élection pour remplacer Vishnu Lutchmeenaraidoo (et ce, pour moins de 40 jours, car le Parlement sera automatiquement dissous le 21 décembre 2019), alors les ministres orange, dépêchés hier pour encadrer leur illustre inconnu de candidat Nuckcheddy, en arborant des sourires forcés et en faisant des promesses à la ronde, se sont bien foutus des 43 993 électeurs de Piton-Rivière-du- Rempart. À bien y penser, le MSM aurait mieux fait de bouder la partielle, comme il l’avait fait en 2017, au n°18, au lieu de se livrer à ce gimmick. Pourquoi devraiton gaspiller Rs 30 millions pour ce qui serait le plus court mandat de l’histoire de Maurice ? Uniquement parce que Pravind Jugnauth est incapable de se fixer sur l’échéance électorale.
C’est pour ne pas préoccuper inutilement le Premier ministre et, aussi et surtout, pour que tous les participants aux élections soient logés à la même enseigne que la Fixed-Term Parliaments Act a été revue en 2011 dans le système britannique. L’objectif était précisément de garantir la stabilité parlementaire, en empêchant à un parti ou à un leader de dissoudre le Parlement et de provoquer ainsi des élections qui seraient, timingwise, à l’avantage d’un parti. «The act was also enacted in order to stop opportunist Prime Ministers ever again calling snap electiions to capitalise on hefty poll leads.»
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Est-ce à dire que c’est le MMM et le PMSD qui ont eu raison de ne pas participer au divertissement d’hier ? Pas vraiment. Car si le fait demeure que les deux partis n’ont pas vraiment d’ancrage en milieu rural pour reprendre, ici, le siège de Lutchmeenaraidoo, Bérenger et Duval maintiennent qu’ils ont déjà leur liste de 60 candidats (alors qu’ils savent fort bien que la plupart seront sacrifiés sur l’autel des alliances). Le leader du MMM est allé encore plus loin hier : au lieu d’un candidat pour le n°7, il en a présenté trois, car il ne veut pas être pris de vitesse par Jugnauth Jr.
Si l’on sait que le PMSD n’exclut aucun mariage, que ce soit avec le MSM ou le PTr (tout dépendra du nombre de tickets qu’on lui offrira), les Mauves se retrouvent, eux, pris à leur propre jeu : personne ne semble vouloir vraiment du MMM comme partenaire d’alliance. Alors, l’inamovible Bérenger crie qu’il ira seul aux élections. La vérité c’est que le MMM d’aujourd’hui est éclaté, entre les Ganoo, Obeegadoo, Jeeha, Labelle, Sobrun, Ramano, Danielle Selvon, etc. Du coup, le PTr ou le MSM, au lieu d’avoir à subir Bérenger et son terrible caractère, peuvent négocier avec les groupuscules. Comme Pravind Jugnauth le fait ces jours-ci avec Steve Obeegadoo, à qui il a promis deux tickets... mais avec une condition. Le ticket ne serait valable que pour des membres de la population générale, réservoir dans lequel le MSM veut faire le plein, ayant compris que le fait de flatter Modi à chaque fois avait irrité ceux que Showkutally Soodhun prétend représenter...
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