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Contre mauvaise fortune bon cœur
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Contre mauvaise fortune bon cœur
Une troisième force qui implose avant même les élections. Alors que l’on se dirige inévitablement vers un duel sans merci entre la dynastie Jugnauth et celle de Ramgoolam, d’aucuns estimaient qu’un MMM revigoré, réunifiant la famille de militants «coaltar», allait pouvoir jouer à l’arbitre, en évitant une bipolarisation à l’extrême d’un pays, déjà presque coupé en deux. Mais au vu de la série ininterrompue de démissions chez les Mauves, il est triste de constater que ce ne sera pas le cas, à moins que Paul Bérenger ne se révèle, enfin, capable de reprendre les choses en main.
C’est récemment, après la publication de la liste des candidats potentiels du MMM, que les grandes manœuvres auraient été enclenchées pour appauvrir le parti du cœur. D’anciens militants des années de braise, connus pour leurs divergences (ou ayant des comptes à régler) avec Bérenger, ont été approchés par le Sun Trust contre des promesses multiples (dont des postes d’ambassadeurs à celui de président de la République). Ceuxci auraient alors approché leurs anciens camarades militants afin d’amplifier les sempiternelles frustrations au MMM et tenter des «agwa». En faisant miroiter «tickets», billets ou possibilités inouïes. C’est dans cet esprit que Ramano, Obeegadoo, Labelle, Nuckchady, Jeewah, Meenowa, etc. auraient ravalé leur crachat contre les Jugnauth, selon la formule consacrée, «dans l’intérêt supérieur du pays» - car, en effet, «moralité pa ranpli vant.»
Pratiquement tous les démissionnaires du MMM font état d’une mystérieuse lettre de dénonciation interne, qui fait 32 pages, et qui contient des vérités qui dérangent. L’un d’entre eux nous a fait parvenir une copie de cette missive infecte qui ne fait pas du tout honneur à un parti politique comme le MMM, qui affirme se battre, depuis bientôt un demi-siècle, pour l’approfondissement ou l’élargissement de la démocratie à Maurice.En lisant des accusations de bas étage entre des supposés camarades de parti, par rapport, entre autres dérives, au traitement machiste accordé aux femmes, aux beuveries de certains, aux réflexes ethniques d’autres, crocs en jambe, calomnies, tromperies, passe-droits, palabres, l’on se demande comment de tels individus, aux attitudes, postures et gestes profondément antidémocratiques, peuvent prétendre travailler pour le bien commun et accélérer notre démocratisation.
Les auteurs de la lettre de 32 pages, qui flattent Reza Uteem (entre autres) et dénigrent (surtout) Ajay Gunness, prennent soin d’encenser «Jo» (ou Joanna Bérenger, la fille du leader) et Fred (Frédéric Curé, le gendre du leader) et Danielle Perrier (la bellesœur). Or, le népotisme version 2019, c’est précisément ce qui fait le plus de mal au MMM. Dans l’opinion, les Mauves représentaient, un tant soit peu, une alternance aux dynasties politiques solidement en place. Or, avec trois tickets pour «Jo», «Fred» et «Dany», et des candidats néophytes placés par les apparatchiks, le MMM est devenu pire que les autres, font ressortir plus d’un démissionnaire qui estime que l’égalité des chances devient, de plus en plus, un slogan creux au MMM. Si Bérenger n’a pas le courage, en raison de son âge, de se distancier de ses proches, peut-être bien que c’est à ces derniers de placer le MMM avant leurs petits intérêts personnels ou familiaux. Un geste sacrificiel qui pourrait, peut-être, stopper quelque peu l’hémorragie…
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La sclérose du cœur. On a plus d’une fois mis en exergue le fait que cette maladie inflammatoire attaque tant le cœur que le système nerveux. Dans la plupart des cas, la sclérose du cœur, après une série de (gagne) poussées, s’aggrave avec le temps. Les membres inférieurs alors, se dissocient du reste du corps, comme des branches sèches se détachent d’un tronc. C’est un processus irréversible, un peu comme les dissidences et autres scissions des MMMSP, Lalit, ...MSM, RMM, ML, MP et, plus récemment, de la bande à Obeegadoo/Labelle ou Jeeha/Sobrun.
Sans abuser du jargon médical, disons que les erreurs de diagnostic sont quasi-impossibles dans le cas du MMM, tant le seul qui reste debout, malgré toutes les galères mauves, depuis 1969, c’est Paul Bérenger. Le leader du MMM est celui qui a le plus longtemps dirigé un parti politique à Maurice, à l’instar des dictateurs d’ailleurs. Il est devenu, au fil des ans, un homme aigri, entouré de bien tristes béni-ouioui, comme Gunness et Bhagwan. Ces derniers lui créeraient un univers qui est hermétique à la pensée contraire, et au débat démocratique.
L’immobilisme du MMM, tout comme celui des autres partis, pénalise, à bien des égards, le pays. Réformer la procédure électorale interne des partis, ou la nomination de leur leader, c’est commencer à changer le destin du pays. Il est nécessaire, en politique, de prendre parti, mais il n’est pas nécessaire de couper le pays en fractions imperméables les unes aux autres, avec des représentants de tribus qui n’ont que faire de la méritocratie et du bien commun.
À l’heure présente, le Mauricien moderne se veut libre mais se sait conditionné. La loyauté demeure la seule et la meilleure politique au sein des partis patronymiques. Personne ne semble avoir le cœur assez haut pour chercher à rassembler au-delà des querelles partisanes et des intérêts trop particuliers ou trop immédiats. Et tout semble s’engager dans une terrible dérive néolibérale, avec un effondrement idéologique à tous les niveaux. C’est l’ère mercantile des «money politics» et des «dirty tricks»…
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