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Le monde entier est un théâtre
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Le monde entier est un théâtre
«Sur scène, les leaders politiques jouent leur partition, comme des acteurs bien rodés, et même leurs proches collaborateurs ne voient pas comment le script est altéré, alors que dans les coulisses, des marchandages et transferts tous azimuts se produisent. Souvent avec des intermédiaires patentés (...)», écrivions-nous, hier, en éditorial. En ce moment même, nos acteurs potassent sur toutes les combinaisons possibles et impossibles. Il leur faut jouer leur va-tout, même s’ils sentent que le Titanic prend eau. Entre-temps les questions dans la rue s’entrechoquent. Qui ira vraiment seul aux élections ? Comment va réagir l’électorat à qui on avait toujours servi des alliances (pas toujours digestes d’ailleurs) ? Dans le cas de figure d’une lutte à trois (PTr-MSM-MMM; oublions les Duval qui sont pris à leur propre jeu de double-séduction, ou les Obeegadoo, Ramano, Ganoo, Danielle Selvon qui ne représentent qu’eux-mêmes), qui a intérêt à réfléchir, dès à présent, à une alliance post-électorale si personne n’arrive à une majorité claire et distincte ? Qui sera le ‘king maker’ ? Et, surtout, qui risque de finir dans la poubelle de l’histoire… Alain Delon a, un jour, sorti une phrase assassine : «Pour les acteurs et les chefs d’État, il n’y a pas d’âge pour la retraite.»
Ce terme «acteur», dans la littérature des sciences sociales, renvoie, que ce soit à l’écran de nos portables ou sur les caisses de savon, à une certaine dose d’initiative personnelle surtout sur cette mer électorale démontée. Le politologue Jean-Pierre Gaudin apporte un éclairage utile à notre compréhension du jeu des acteurs : «Une multiplicité de significations se trouve attachée au mot l’acteur ainsi qu’au terme auquel il s’est progressivement substitué en français : le comédien. Sur scène ou à l’écran, nos personnages se caractérisent, en effet, par le respect d’une contrainte, celle de suivre un texte et/ou de respecter une situation, mais également par une marge non négligeable d’initiative, d’invention, en somme de jeu. Notons ensuite qu’on ne trouve guère de correspondance directe au terme acteur : fort peu d’actor (quelques occurrences très récentes toutefois en sociologie), mais plutôt diverses sémantisations qui renvoient plus directement à des domaines constitués des sciences sociales (par exemple the individual, pour la sociologie des organisations ; the self, pour la psychologie ; ou bien même des substantifs de remplacement comme behaviors, pour les approches comportementales, de type comportementaliste ou stratégique ; ou encore interaction, en sociologie ou psychologie sociale).» L’acteur (politique) est ainsi devenu un «mot de passe» dans notre langage.
Si le MSM aidé par un ramassis United arrive à conserver le pouvoir, l’avenir de Navin Ramgoolam et celui de Paul Bérenger s’annoncent sombres au crépuscule de leur carrière, voire de leur vie. L’acharnement contre eux qui a commencé ira en crescendo. L’argent pour les déstabiliser ne manque pas. Les moyens sont gros et seront déloyaux. Il y a déjà des manoeuvres et des lobbies, à l’instar du père Gregoire, qui agit avec la bénédiction de l’Église et qui donne, directement ou indirectement, un coup de main au MSM sur le terrain. Les brebis égarées sont rassemblées dans le cadre des préparatifs pour accueillir le pape.
Hier, Paul Bérenger, qui regrette d’avoir encaissé le chèque de Rs 10 millions émis par la Bramer Bank (ce qui aurait distingué le MMM, bientôt cinquantenaire, des autres partis), a réitéré que son parti ira seul aux prochaines élections générales. «Ce n’est pas par plaisir que le MMM ira seul mais nous avons déjà considéré que nous n’irons pas avec Navin Ramgoolam et encore moins avec le MSM de Pravind Jugnauth.» Il est important de saisir le sens de son script toujours précis, calculé à la virgule près, lui qui n’a toujours pas digéré la défaite de décembre 2014. Il dit : nous n’irons pas avec Ramgoolam aux prochaines élections. Mais ce qui est important à saisir c’est qu’entre Ramgoolam et Jugnauth, le ‘king maker’ fait connaître son allégeance : encore moins avec le MSM. Jette-t-il ainsi la base d’un possible accord post-électoral avec les travaillistes – afin de freiner ensemble la machinerie MSM lancée à folle allure, sur les rails juste derrière Mauricio…
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On ne rit plus en Grande-Bretagne. «Boris Johnson ne doit pas oublier que son mandat de Premier ministre repose lui-même sur une légitimité démocratiquement contestable – il n’a, après tout, été choisi à ce poste en juillet que par un peu plus de 90 000 militants d’un Parti conservateur très affaibli.» Une seule issue au chaos qui paralyse la vie politique britannique depuis le référendum de juin 2016 paraît aujourd’hui réaliste : «convoquer de nouvelles élections», c’est ainsi que l’éditorialiste du Monde résume le dernier outrage constitutionnel de Boris Johnson qui a pu convaincre la reine a suspendre le Parlement. Aujourd’hui, même si les députés penchent pour une motion de défiance lorsqu’ils se réuniront la semaine prochaine à Westminster, Boris Johnson (qui a révélé son vrai visage de ‘petit dictateur’, davantage populiste que comique) pourrait refuser de se démettre, dissoudre le Parlement et n’organiser des élections qu’après le Brexit… Cynique, il avait promis de faire sortir le Royaume-Uni de l’Union européenne le 31 octobre prochain. «Coûte que coûte.»
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