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Leçons britanniques pour Hanoomanjee & Co Ltd

27 septembre 2019, 07:35

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Ce qui s’est passé à Londres mérite sérieusement que l’on s’y attarde. Surtout dans notre pays, où les Premiers ministres prennent le Parlement pour leur boutique personnelle, qu’ils ouvrent ou ferment selon leurs humeurs et besoins. En 2014, Navin Ramgoolam, PM, et Paul Bérenger, leader de l’opposition, ont, de manière indécente, mis l’Assemblée nationale en veilleuse pendant plus de huit mois, parce qu’ils devaient «koz kozé» de leur projet d’alliance électorale, ou choisir la meilleure position pour s’accoupler. Actuellement, Pravind Jugnauth a suspendu le Parlement jusqu’au 8 octobre pour affiner sa stratégie électorale (particulièrement vis-à-vis des personnes âgées) ! C’est ainsi que le Parlement, censé surveiller leur gestion des affaires à la tête du pays, est cadenassé en toute légalité.

Voilà ce qui se passe quand nous ne vivons pas dans une démocratie réelle – contrairement à la Grande-Bretagne, où la séparation des pouvoirs est bel et bien vivante. Chez nous, le Premier ministre, chef de parti, est aussi Leader of the House et décide, donc, de la date des élections générales (après consultation avec ses astrologues). Il peut nommer, contrairement au système britannique, une speaker qui est battue au suffrage universel (par exemple Maya Hanoomanjee, rejetée par l’électorat du n°14, mais repêchée par le clan Jugnauth, qui vient ensuite s’imposer sur des membres élus !) et un Attorney General non-élu, comme Ravi Yerrigadoo, qui reste l’enfant chéri du clan malgré ses frasques, en compagnie d’Husein Abdool Rahim.

Ceux qui étudient les systèmes politiques, comme Milan Meetarbhan, qui souligne (en pages 4 & 5), l’importance du regard parlementaire sur la gestion du pays (surtout les agissements de l’exécutif), mettent en avant le besoin d’avoir un ministre en charge des relations avec le Parlement. La raison : nous avons un nombre assez restreint de journées parlementaires et un volume, souvent faible, de government business devant l’Assemblée nationale. Cependant, à Maurice, les fonctions du Leader of the House ne sont pas clairement définies. C’est plus ou moins un titre collé à celui de Premier ministre, comme ce fut le cas en Grande-Bretagne dans le passé.

Dans un petit pays d’interconnaissance comme le nôtre, il faut faire attention à la multiplication de postes et comment cela impacte la séparation des pouvoirs. Le bon fonctionnement de la démocratie en dépend. Aussi, au-delà des job descriptions, il y va de la trempe et de la culture des hommes et des femmes qui sont mis dans les fauteuils de responsabilités à la tête des institutions. Soyons réalistes : n’y a-t-il pas une sacrée différence entre un John Bercow ou un Harilal Vaghjee et une Maya Hanoomanjee ? Je ne parle pas ici pas des liens de parenté ou de népotisme, mais d’impartialité et de standing ou, encore, du respect des standing orders