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#J-26 Mauricianisme : More haste, less speed

12 octobre 2019, 07:21

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Il devient de plus en plus difficile de suivre la logique de Pravind Jugnauth. Si vous ne me croyez pas, ben, essayons ensemble…

Dans son empressement à tenir les élections générales le 7 novembre, soit une semaine avant que la justice ne se prononce sur les coffres-forts de Navin Ramgoolam (soit le tout dernier des 12 procès collés au leader des Rouges), il nous semble qu’il a oublié le miniamendement constitutionnel avant de dissoudre le Parlement ! D’où, sans doute, le besoin de recourir, en début de semaine, en toute urgence, au décret GN 185/19 de la State House qui impose à tous les candidats aux prochaines législatives de décliner leur appartenance ethnique sur les Nomination Papers.

S’inscrire comme Mauricien tout simplement – un rêve devenu partiellement réalité grâce aux efforts conjugués du Blok 104, Rezistans ek Alternativ, du juge Eddy Balancy et des Nations unies.

Ce souhait de ne pas s’enfermer dans l’une des quatre cases «communales» (hindou, musulman, sino-mauricien et population générale) – qui était salué comme une avancée en 2014 – est à nouveau enfoui sous notre vilain tapis démagogique, faute de courage politique qui seul pourrait engendrer cette tant attendue réforme électorale. Dommage !

En juillet 2014, le député Pravind Jugnauth interrogeait, au Parlement, la majorité sur l’épineux Best Loser System. Il tentait d’acculer le PM Navin Ramgoolam, en réclamant des éclaircissements sur l’allocation des sièges : «Which mechanism will be used in order to nominate the Best Losers?» Pravind Jugnauth arguait que «we have no time» et qu’il faut aller de l’avant rapidement avec cette réforme. Il devait expliquer que le MSM voterait pour ce mini amendement mais non sans avoir servi une mise en garde selon laquelle le miniamendement contenait des failles et que le gouvernement s’attirerait davantage de maux qu’il n’en soignerait. Il n’y aurait pas non plus de «party line» ; chaque membre du MSM était ainsi libre de déclarer ou non son appartenance ethnique.

Comme bouquet final, sur un ton solennel, Pravind Jugnauth devait affirmer que, lui, ne comptait PAS déclarer son appartenance ethnique aux élections de décembre 2014 : «En tant que leader du MSM, je suis fier de dire que je ne vais pas déclarer ma communauté.»

Ça, c’était en 2014, il était dans l’opposition, confiant de pouvoir réformer le système électoral s’il raflait le pouvoir. En 2019, au pouvoir, il oblige tous les candidats de déclarer leur appartenance ethnique. Faute de quoi, leur candidature sera tout bonnement rejetée, sa réforme n’ayant jamais vu le jour. Au lieu de progresser sur la chose ethnique, nous régressons… Nous sommes toujours au crépuscule du mauricianisme. Et nous comptons sur ceux qui profitent le plus du système électoral pour changer celuici ? Comment dès lors s’étonner que la Grande-Bretagne, comme notre gouvernement, «pisse» sur l’ONU !

Ces politiciens qui labourent leur circonscription savent que ce n’est pas sur le plan des idées que se joue une campagne législative. Quand ils «descendent» sur le terrain, quand ils font du porte-à-porte, ils font appel aux plus bas instincts de la population, ceux qui divisent les gens tout en prônant un soi-disant discours d’unité nationale. Mais tout le monde sait que leurs beaux discours sont démentis par leur seule présence ethnique dans leur circonscription spécifique.