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En attendant le Nomination Day

19 octobre 2019, 13:55

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Pravind Kumar Jugnauth n’était évidemment pas prêt avec sa liste de candidats au moment où il avait annoncé la dissolution du Parlement, le 6 octobre. Ou autrement, son service de renseignement n’a pas été à la hauteur pour faire un relevé exact de la force et de la faiblesse sur le terrain des candidats choisis.

Sur ce chapitre, Pravind Jugnauth a manqué l’efficacité de son père, le vétéran sir Anerood Jugnauth. Car ce dernier, à chaque fois qu’il mettait un terme à son gouvernement (en 1983, 1987, 1991 et 1995), s’assurait que les grandes lignes de son manifeste électoral étaient prêtes et la liste de candidats plus ou moins finalisée. Qui plus est, les conseillers d’Anerood Jugnauth faisaient réserver auprès du bureau du commissaire de police les principaux endroits devant accueillir de grands meetings, dont  Bar Chacha à Rose-Hill, la boutique Teoka à Bel-Air-Rivière-Sèche, la place Bazar à Vacoas, la gare de Quatre-Bornes, la place de taxis de Beau-Bassin, entre autres.

C’est après avoir tout verrouillé qu’on annonçait la dissolution, prenant par surprise l’adversaire tant au niveau de la préparation de la liste de candidats que de la rédaction du programme gouvernemental. Sir Anerood remporta trois (1983, 1987 et 1991) des quatre élections qui avaient suivi sa décision de dissoudre le Parlement. En 1995, il fut foudroyé par le tout jeune leader du Parti travailliste. Navin Ramgoolam.

Dans le cas de Pravind Jugnauth, toutefois, il semblerait que la planification à la manière de son père a été totalement absente dans sa décision d’opter bien vite pour des élections générales le 7 novembre. Cet empressement a été causé sans aucun doute par le procès de Navin Ramgoolam, devant être entendu le 15 novembre, et par le fait que le leader rouge semble bien positionné pour obtenir un verdict favorable.

Toute l’affaire de la dissolution a été gérée, semble-t-il, par des amateurs. On n’a même pas pris en considération le fait que les salles de classe des collèges et des écoles primaires sont indispensables pour la bonne tenue du scrutin. Ils ont ainsi innové car jamais auparavant des élections n’avaient été tenues en période d’examens scolaires. Tout ce désordre a aussi bousculé la commission électorale, qui était encore à finaliser la liste des centres de vote.

Mais c’est au niveau des candidatures qu’on a noté le désordre le plus complet. Jamais dans l’histoire, un parti au pouvoir ne s’est livre à un tel spectacle burlesque. Un candidat fait du porte-à-porte, à Port-Louis, puis on lui demande de changer de circonscription et il repart dans un nouvel exercice de rencontre, à Vacoas. On a même assisté à une comédie quand un candidat potentiel du MSM ne connaissait même pas le nom du Premier ministre, qu’il a appelé Anerood Kumar Jugnauth. Il rejoint ainsi la fille de Maya Hanoomanjee, qui assista à un entretien d’embauche, évidemment manti-manti, et qui ne savait même pas à quelles fonctions elle allait être nommée.

Il y a toujours le cas de Sharvanand Ramkaun qui apprend du PMO qu’il n’est pas candidat mais qui est repêché aussitôt par Lakwizinn installée au Sun Trust, le temps d’une élection. Le candidat Zouberr Joomaye a été, lui aussi, sauvé in extremis par Lakwizinn grâce à une proche. Le cas de Tulsiraj Benydin vient en deuxième position après celui du candidat inventeur d’Anerood Kumar Jugnauth. Car, après avoir craché sur son leadership politique, qui lui a privé d’une nouvelle investiture au no15, il est présenté comme candidat au no20. Le cas Ajay Daby est lui aussi édifiant. Après avoir été invité à se présenter dans le no9, après qu’il ait tâté le pouls de l’électorat, il a décliné le «ticket».

Si le spectacle du MSM était inédit dans l’histoire d’un parti au pouvoir, l’alliance PTr-PMSD n’a pas su profiter largement  de cette faiblesse de l’adversaire car elle peinait elle aussi à finaliser sa liste. Évitant toutefois toute démonstration publique de ses difficultés. On avait cru qu’après le démarrage de Flacq, le vendredi 9 octobre, cette alliance allait réaliser le même exploit, jour après jour, dans les différentes circonscriptions du pays. Le Parti travailliste a une longue histoire de tergiversations, en préparant sa liste de candidats et en 2019, il lui faut faire de la place pour le PMSD. En 2014, l’un des facteurs qui avaient causé la défaite de l’alliance PTr-MMM fut justement le long épisode de koz-koze, qui permit au MSM de remonter la pente.

A noter que le Labour et le MMM  sont eux aussi rentrés dans le piège de la pension de vieillesse. Il reste encore au Parti travailliste de présenter son programme et de proposer des mesures spectaculaires qui pourraient avoir un impact sur l’électorat.

En attendant, le MSM continue allégrement avec son business de promesses électorales, avec le soutien actif de la MBC et cela en violation de la loi. Sous ce chapitre, les amateurs de farces politiques ont été privés d’une bonne histoire en raison de l’absence du MSM sur le territoire rodriguais. Car, si l’occasion avait été donnée à Showkutally Soodhun de prendre part à un meeting MSM, à Rodrigues, il n’est pas impossible qu’il aurait fait une annonce spéciale genre : «Prince Salman de l’Arabie saoudite fek telefonn mwa. Li dir : ‘Bhai Showkut, al fer kone dan Rodrigues ki mo pou finans extansion Metro Express, fer li sort Port-Louis vinn Port-Mathurin’».  

Et Soodhun aurait enchainé, à l’intention des Rodriguais : «Kisannla ti pou krwar kapav sarye kabri, koson, poul, kanar dan trin depi Rodrigues, amenn Moris?» Et pour conclure, Soodhun aurait annoncé aussi la mise en service d’un wagon blindé – un vrai bijou selon le mantra MSM – pour le transport de bovidés.  Toujours selon Showkutally Soodhun, la distance entre Maurice et Rodrigues aurait été parcourue en neuf heures, à raison de 70 km par heure, sur les 600 km. Donc, selon lui, si le train partait à 07h00, de Rodrigues, le passager avec son lot d’animaux serait à Port-Louis à 16h00. Qui dit mieux ? Certainement pas Ramgoolam.