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Sagesse des autres et conflit d’intérêts
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Sagesse des autres et conflit d’intérêts
Évidemment que les élections c’est important ! Car qu’on le veuille ou non, la possibilité de changer de gouvernement est rare et le vote démocratique ayant eu lieu, ce sera pendant cinq ans qu’il faudra vivre avec les conséquences de l’acte consolidé de l’électorat mauricien ! C’est le système qui est ainsi ! Il est loin de donner des résultats parfaits en toutes circonstances, mais comme le rappelait Churchill, la démocratie, avec ses défauts, reste quand même le meilleur de tous les systèmes imparfaits. J’aime bien aussi l’image qui veut que les politiciens doivent être changés souvent, comme les couches de bébés… et pour les mêmes raisons ! Le raisonnement derrière cette réflexion impertinente n’a malheureusement pas cours pour la direction des partis dans notre beau pays… Raison de plus pour s’y plier quand c’est nous qui avons le choix, d’une alternance à la tête de la nation ! En parlant de quoi cette dernière citation n’est pas de Mark Twain, mais d’un chroniqueur du San Francisco Examiner, en 1966... Par contre c’est bien le cynisme caustique de Mark Twain qui proposait que si voter permettait effectivement de faire une vraie différence, on ne nous aurait pas laissé voter…
Angela Davis, activiste de renom, membre des Black Panthers, suggérait de son côté, dans les années ’60, quelque peu désabusée, qu’une nation en bonne santé avait bien besoin de plus de politiciens chômeurs. Pravind Jugnauth semble être au moins indirectement d’accord, à voir les 20 députés-ministres à qui il ne renouvelle pas la possibilité d’un nouveau mandat parlementaire, encore que lui-même ne veut pas personnellement être chômeur, même s’il sera royalement pensionné à bien plus que Rs 13 500 par mois ! George Orwell a peut-être affiché l’image la plus cinglante de certains électorats en soulignant qu’une «population qui peut élire des corrompus, des voleurs et des traîtres n’est pas une victime, mais bien un complice…». Quand on a un meilleur choix, et que l’on prend le risque quand même, c’est évidemment bien vrai. C’est pourquoi aussi, quand on est coincé entre la peste et le choléra, il faut toujours voter la grippe !
John F. Kennedy se lamentait , comme nousmêmes depuis des décades, de la partisannerie stupide qui divise un peuple en deux, qui tente de justifier ses propres dérapages en évoquant celui de l’autre ou qui critique les idées de ses prédécesseurs, pour la forme, même si c’est bon pour le pays. «Ne cherchons pas la réponse républicaine ou la réponse démocrate à un problème national, mais seulement la bonne réponse. Ne tentons pas de tout blâmer sur le passé, mais plutôt d’assumer nos responsabilités vis-à-vis du futur !» disait-il, comme on ne le dit jamais assez chez nous. Pensez, par exemple, au Metro Express honni reconverti et aux caméras de Safe City que Ramgoolam voulait éteindre, sans nuance aucune…
Quelqu’un au MSM a-t-il lu la biographie de Joseph Stalin ? C’est peut-être là qu’ils ont croisé l’idée qu’il est «suffisant que le peuple sache qu’il y a des élections. Ceux qui coulent leurs bulletins dans les urnes ne décident de rien. Ce sont ceux qui comptent les voix qui décident en fin de compte». Nous sommes encore bien loin de cette situation, fort heureusement, mais insister pour nommer des personnes sans neutralité politique à l’Electoral Supervisory Commission est au moins un premier pas révélateur et dangereux. Que les Mauriciens imbus de démocratie ne devraient jamais pardonner !
Platon (424-348 B.C), philosophe et fondateur de la première institution de hautes études de l’Ouest, remarquait déjà cette époque qu’«une des conséquences de ne pas vouloir participer en politique, c’est qu’on finit par être gouverné par ses inferieurs». N’est pas Platon qui veut, évidemment, mais bouclant la boucle plus de 2000 ans plus tard, Donald J. Trump remarquait (avant d’être lui-même élu) que “One of the key problems today is that politics is such a disgrace, good people do not go into government”. Mettez ces deux aphorismes ensemble et vous obtenez une superbe décoction d’ironie !
C’est à Indira Gandhi que l’on doit la remarque pertinente qu’il «est bien difficile de serrer la main d’un adversaire avec le poing fermé». C’est vrai aussi dans le contexte local, mais c’est incroyable combien le système First Past The Post peut libérer d’anxiétés personnelles et de souvenirs douloureux et aider à desserrer les poings. Cependant, la citation que je préfère de cette dame de fer c’est celle où elle évoque son grand-père, Motilal Nehru, qui lui aurait expliqué qu’il y avait deux types de personnes sur Terre : ceux qui travaillent et ceux qui veulent prendre le crédit du travail des autres. Son conseil à sa petite-enfant : «Fais partie du premier groupe. Il y a moins de compétition !». Ce n’est pas beau ça ?
Et s’il faut le rappeler à nos dirigeants, encore et encore, ils ne pourront plus prétendre être à la tête d’un État démocratique s’ils ne jouent pas sincèrement le jeu démocratique des pouvoirs et des contrepouvoirs qui se surveillent, qui discutent et qui s’empêchent mutuellement de faire trop de bêtises ou d’abuser trop de leurs pouvoirs respectifs. La tentation totalitaire débute avec un appétit vorace de tout contrôler, y compris les contrepouvoirs et, quand cela n’est pas immédiatement possible, de punir, encore et encore en espérant que l’insoumis capitulera éventuellement. C’est James Madison, un des rédacteurs de la Constitution des États-Unis qui le résume sans doute au mieux dans les Federalist Papers : “If men were angels, no government would be necessary. If angels were to govern men, neither external nor internal controls on government would be necessary. In framing a government which is to be administered by men over men, the great difficulty lies in this: you must first enable the government to control the governed; and in the next place oblige it to control itself.”
Et il ajoutait pour bonne mesure : “The truth is that all men having power ought to be mistrusted”.
L’histoire, avant et après Madison, lui donne raison.
Ce qui nous permet d’évoquer à nouveau Mark Twain qui en concluait que : «Loyauté vis-à-vis du pays, toujours ; mais loyauté vis-à-vis du gouvernement, seulement s’il le mérite !»
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Quant à la spirale de surenchère infernale sur la pension – que nous pourrions évidemment payer mais toujours AUX DÉPENS DE QUELQUE CHOSE D’AUTRE – soit une autre dépense souhaitable ou une augmentation de la dette nationale, soulignons que le ministre des Finances qui ne trouvait que Rs 500 à donner aux retraités dans son dernier Budget de mai 2019, a soudain, sur les routes électorales, comme St-Paul sur la route de Damas, découvert que CINQ FOIS PLUS (Rs 2 790 ) étaient, après tout, faisables ! Au total donc, il offre Rs 9 000 ! C’est même lui qui avait allumé la mèche avec Rs 13 500 promises pour 2024, mais Jugnauth s’était senti dans l’obligation de rajouter une couche plus rapprochée dans le temps, car Ramgoolam s’était, entre-temps, fendu d’une promesse d’augmentation en décembre 2019 même, juste après «sa» victoire, mais sans préciser de chiffre. Paul Bérenger, coincé, aligne la pension de vieillesse sur le salaire minimum et en rajoute au non-sens économique ! Le Reform Party promet Rs 10 000 aux 65 ans +. Le Parti Malin y va pour Rs 25 500 ! Que doit faire l’électeur en ces circonstances ? Être un bon mauricien et cesser de réfléchir ? Ou voter malin ?
Permettez une question finale. Paul Bérenger a 74 ans, Navin Ramgoolam a 72 ans et Pravind Jugnauth va atteindre 60 ans pour Noël 2021. Ne se retrouvent-ils pas tous en situation de conflit d’intérêts sur cette vieille question qui ne cesse de mûrir et qui pourrait bientôt nous faire tomber avec elle, comme des jamalacs ?!
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Des relevés de comptes bancaires du Dr. Ramgoolam, obtenus de la MCB au prétexte d’une enquête, sont depuis hier du domaine public malgré le fait que c’est strictement interdit après une modification de la Banking Act en 2018. Ce qu’ils révèlent n’est pas joli à voir et cependant méritait d’être dévoilé au public. L’ironie c’est que les journaux ne peuvent les diffuser à cause de la Finance Act 2018… du ministre des Finances Jugnauth, qui modifiait alors la Banking Act ! Ceux qui ont fait fuiter ces documents et qui violent ainsi l’État de droit font peur ! Ils ne s’arrêteront donc à rien ? Il faut peut-être les arrêter tous aux élections, avant qu’il ne soit trop tard… ?
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