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#J-8 Visibilité nulle
Bien malin celui ou celle qui pourrait prédire l’issue des urnes ce vendredi 8 novembre. C’est sans doute en raison de cette équation aussi incertaine que complexe que toutes sortes de chiffres circulent. Les pronostics, les pseudo-sondages et les rapports de force des agents (secrets ou politiques) varient d’une source à une autre. Comment calculer la majorité sur 31 sièges ou 36 sièges en incluant les Best Losers ? Comment calculer les Best Losers quand beaucoup ont choisi d’être étiquetés «population générale» ? Et quid des élus rodriguais : vont-ils grossir les rangs de l’OPR/Jugnauth ou ceux de PMSD/ Ramgoolam ? Et quid des élus mauves – derrière qui vont-ils se ranger ?
Comme la visibilité, à J-8, est quasi nulle, beaucoup d’observateurs font alors appel à la lutte triangulaire de 1976 pour dégager des hypothèses électorales et post-électorales. Mais 43 ans de cela, quand le PTr, le MMM et le PMSD s’affrontaient, la situation était autre. Aujourd’hui, le MSM a remplacé le PMSD qui a, lui, intégré, en amont des élections, le PTr – ayant compris, après la partielle du n°18, qu’il ne peut, pour des raisons mauriciennes, prétendre se muer en parti national.
Comme déjà souligné ici, la première leçon de la joute triangulaire de 1976, c’est qu’il n’y a pas eu de majorité nette : avec 38,66 % des voix et 30 sièges sur 62 (soit deux de moins que la majorité requise), c’est le MMM qui est sorti en tête, avant l’attribution des sièges ethniques et de l’arrangement post-électoral entre Ramgoolam-père et Duval-père. Mais entre-temps, les Rouges (38,06 % et 25 sièges) et les Bleus (16,48 % et sept députés, dont deux à Rodrigues) se sont alliés, après neuf jours d’intenses tractations, afin de barrer la route, vers le pouvoir, aux Mauves, encore inexpérimentés en politique. Autre leçon utile : en 1976, les huit sièges de Best Losers ont été répartis comme suit : quatre au MMM, trois au PTr et un au PMSD. Ce qui a résulté en un décompte final : MMM (34 députés), PTr (28), PMSD (8). Le MMM d’avant 1983 n’est plus le même aujourd’hui, malgré le regain de popularité noté après le meeting des nostalgiques à Bar Chacha. Même s’il annonce des surprises, il est évident que Bérenger lui-même sera le premier surpris si son parti arrive en tête de liste, comme en 1976. Puis, il a connu 2010 – quand les deux dynasties hindoues s’étaient alliées à la dernière minute contre les Mauves… Même s’il bénéficie actuellement de la guerre sans merci entre le PTr et le MSM, le MMM connaît ses limites en milieu rural. Sur son Front Bench, il n’y a pas un seul candidat issu de la Hindu Belt…
Il ne faut pas non plus sous-estimer le phénomène Asté-Vandé. On aura vu comment s’est pris le MSM pour attirer des militants du MMM. On sait aussi qu’on n’a toujours pas légiféré contre le transfugisme : d’ailleurs, il y a des candidats qui ont dû faire plus de deux ou trois partis et qui sont des recordmen de la transfugite. Ceux-là courent derrière une seule chose peu importe le leader de son alliance : un ministère ou une ambassade en cas de défaite.
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À l’express, nous promouvons un vote citoyen intelligent, avec la tête (la raison), pas avec le cœur (l’émotion, la passion). Un vote doit être influencé par les programmes des partis, les idées des candidats, les initiatives concrètes, mesurables et tangibles pour le bien commun de la société.
Alors que les partis traditionnels s’affrontent sur le terrain et sur la Toile, on note l’émergence des nouveaux partis, qui ont pris la parole hier sur la MBC. Pour beaucoup, c’était une grande première que de pénétrer dans le salon des électeurs et des électrices – un privilège réservé aux membres du gouvernement. Il est salutaire que l’ESC ait rappelé la station de radiotélévision nationale à l’ordre. La télévision publique appartient à tout le monde, et non pas à un seul clan.
Face à ce paysage politique aussi immuable que ses acteurs, la demande pour de nouvelles têtes, idées et pratiques ne peut qu’être forte. Une offre politique moins contraignante et une sève nouvelle de politiciens ne peuvent qu’être à l’avantage des électeurs mauriciens. Ces nouvelles voix promettent toutes de faire la politique autrement, même si certaines ressemblent étrangement à celles qu’elles veulent remplacer. Bientôt l’on saura si ces nouveaux acteurs susciteront ou pas l’adhésion des indécis.
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