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La hantise du panachage
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La hantise du panachage
Une brume épaisse plane sur l’échiquier politique depuis la dissolution de l’Assemblée nationale. Même les observateurs les plus avertis vous diront que la visibilité à l’œil nu est quasi nulle. La faute à qui ? Certainement à cette fameuse lutte à trois.
Incapables de voir au-delà de leur pré carré occupé principalement par les die-hards, les stratèges politiques des différents blocs peinent à échafauder des plans de bataille. Du coup, l’on se retrouve avec ce qui nous a été présenté comme des manifestes électoraux. Des chapelets de promesses ne cherchant pas à faire appel à l’intelligence de l’électorat mais surtout à le toucher sur le plan émotionnel.
C’est ainsi que nous avons eu droit à une hystérie collective sur la pension de vieillesse. Cette frange de l’électorat constituant un bassin électoral très important, les principaux partis politiques veulent mettre toutes les chances de leur côté en caressant nos aînés dans le sens du poil. D’autant plus que l’épisode de 2014, qui a vu les seniors contribuer au triomphe de la défunte alliance Lepep après l’annonce de la pension à Rs 5 000, est encore frais dans les mémoires.
Pourquoi alors changer une formule gagnante ? Voilà à quoi se résume le raisonnement de ceux qui briguent les suffrages. C’est dans cette perspective que les programmes ont été préparés. Si l’Alliance Morisien s’inscrit d’une certaine manière dans la continuité en se rappelant une fois de plus au bon souvenir de nos aînés avec cette fois-ci la promesse de porter la pension de vieillesse à Rs 13 500, ses challengers ne sont pas, non plus, allés chercher midi à quatorze heures. L’Alliance Nationale n’a pas hésité à monter les enchères à Rs 14 000. Aussi de la course à la hausse de la pension, le MMM arrive avec une proposition de Rs 9 000.
Toute cette bataille autour de la pension n’a qu’un seul objectif : obtenir l’adhésion du plus grand nombre de seniors possible afin de s’offrir une marge d’avance dans cette lutte acharnée pour le pouvoir. Et en s’assurant du soutien des personnes âgées, les politiques espèrent réduire le risque que représente dans ces élections le panachage.
D’où également les discours des principaux leaders qui ne ratent pas une occasion pour mettre en garde ceux qu’ils considèrent comme étant leur électorat. Ils les appellent à ne pas gaspiller leurs votes en essayant de sympathiser avec certains candidats. La consigne du vote bloc vise surtout à se prémunir du danger du panachage. Car qui dit panachage, ou coupé transé en créole mauricien, dit aussi qu’il n’y aura pas de majorité claire. Ce qui aux yeux de Pravind Jugnauth et de Navin Ramgoolam pourrait jouer en faveur du MMM de Paul Bérenger. Dans la foulée, l’on se retrouve dans une campagne électorale aux allures de présidentielle. À travers cette présidentialisation, l’on cherche avant tout à convaincre l’électeur à voter pour son prochain Premier ministre peu importe celui ou celle qu’on a parachuté dans sa circonscription.
Que fera donc l’électorat ? À huit jours du scrutin, nous pouvons dire que nombre de Mauriciens ont déjà fait leur choix, mais ils prennent bien soin de ne pas l’afficher, créant au passage la perception que le pourcentage d’indécis est assez élevé.
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