Je ne pense pas que j’ai besoin de le répéter ad vitam : je ne suis à la solde ou je ne suis le mercenaire de personne. J’aime mon pays et je suis animé à l’infini par la vérité et un sentiment de profonde justice. Raisons pour lesquelles j’agis toujours sans crainte et sans faveur quand la situation et le sujet l’exigent. Jamais sous le couvert de pseudonymes ou de l’anonymat. J’ai le courage de mes convictions et je l’assume. Je l’ai fait activement quand je voyais des abus là où je travaillais. Pas que quand je suis à la retraite ou j’ai eu un poste qui me confère la position pour prêcher de manière purement académique ou légaliste sur les sujets tels que la moralité publique, l’éthique ou la corruption. Pour rappel, ni le présent régime ni celui de Navin Ramgoolam ne m’ont épargné pour ma franchise et les dénonciations que j’ai faites régulièrement sur la mauvaise gouvernance et autres abus. Malgré leur rhétorique populiste sur ce même sujet en toutes occasions !

Tout cela pour vous dire que je suis extrêmement choqué et concerné par tant de dénonciations et attaques qui fusent sur la place publique subitement rien qu’à la veille des élections générales. Certes, ce n’est pas nouveau. Mais aujourd’hui avec les avancées dans le domaine de la technologie de communication et d’information… Internet, réseaux sociaux, radios privées, etc., il est très important de se poser la question sur le sens même de notre démocratie et qui détiennent vraiment les tenants et aboutissants du pouvoir de choisir lors de l’exercice de vote qui confère tant de légitimité et de caractère sacré à notre système de gouvernance?

Avec toute cette panoplie de moyens de communication à notre portée, la question que l’on doit se poser est dans quelle mesure les citoyens d’aujourd’hui sont mieux informés et éduqués (EMPOWE- RED) que ceux d’autrefois pour exercer un vote avec intelligence et discernement lors des élections générales ? Le sont-ils vraiment quand on voit tant de fake news, absence presque totale de fact-checking sur tout ce que débitent les uns et les autres dans des médias – traditionnels comme en ligne ? Se pose-t-on des questions sur la crédibilité même des principaux acteurs qui dominent la sphère de la politique et celle de l’opinion publique ? Ne sommes-nous pas davantage victimes de la désinformation et de la manipulation à grande échelle savamment mises en place par les multiples vecteurs de communication et cette classe politique mainstream et ses alliés mercenaires ? Ne sommes-nous pas en plein dans l’ère du mensonge et du agenda-setting de toutes parts pour étouffer l’émergence d’une vraie nation mauricienne qui allierait les profondes valeurs démocratiques et républicaines avec cette richesse inestimable que devait nous pro- curer notre diversité culturelle et religieuse/spirituelle ? Pour une meilleure société où l’individu et la collectivité partagent leur commune humanité dans le respect et en harmonie avec son environnement.

Au lieu de nous faire rêver et aspirer à ce genre de société, que voiton 51 ans après l’indépendance et à travers une république factice ? Une classe de colons et d’exploiteurs a été remplacée par une oligarchie politique et de petits bourgeois patronymiques et corporatistes qui ont pour devise l’accaparement du pouvoir à vie, l’avidité sans borne, le népotisme, la corruption endémique et l’émergence d’une nouvelle classe d’arrivistes issue des nwar touni d’hier… à faire pâlir les mêmes maîtres colons que nos grands-parents combattaient hier avec tant de conviction et de dignité.

Je suis de la génération de transition, ayant connu un peu les ères pré et post-indépendance ; surtout ces années de braise et de cheminement difficile de reconstruction et d’épanouissement pour toute cette classe d’opprimés d’autrefois. Qui inclut toutes ces communautés d’où proviennent les racines de nos politiciens contemporains. Avec toute leur démagogie et rhétorique populiste de division. Car parmi ceux et celles affranchis économiquement et socialement après 1968, beaucoup ont vite oublié leur devoir envers ceux laissés derrière. Au contraire, certains parmi nos dirigeants et politiciens post-indépendance semblent avoir juré fidélité pour imiter et surpasser ces tyrans et exploiteurs d’autrefois. Si l’on veut des preuves, on n’a qu’à voir l’éthique et les valeurs qui animent l’agenda de ces protagonistes de nos partis politiques mainstream et les valets qui les entourent. Que de mensonges interminables et calculs infects qui motivent tout leur dessein… pour gagner ou rester au pouvoir.

Quel paradoxe honteux à l’histoire d’un pays issu de divers peuplements et de longues luttes contre l’injustice et la tyrannie de l’abus du pouvoir ! La plus grande ironie c’est que le pape vient de nous rendre visite récemment, avec un message de rappel très fort à nos dirigeants (par rapport à l’environnement, la jeunesse, l’inégalité, l’injustice, l’exclusion, la corruption, la moralité publique, etc.). Mais sitôt parti, le contenu de son précieux message a été vite mis au rancart. Par nos dirigeants comme par lepep admirab de notre pays ! Qui dit mieux en termes d’amnésie collective !

Au lieu de réfléchir et agir sur ces sujets que le pape a évoqués, on ne voit que le mensonge et les surenchères avec des promesses les unes plus grotesques et insoutenables que les autres. Surtout pour un pays qui importe presque tout et est endetté à plus de Rs 325 milliards. Rien que pour influencer, sinon carrément corrompre le vote et l’intelligence des électeurs. Toute cette corruption et cette parodie de notre démocratie se passent au vu et au su de toute la nation et de ses contre-pouvoirs. Pas des moindres, la Commission électorale et ses préposés. Mais, silence ça tourne ! «On est là juste pour assurer le bon déroulement du scrutin le jour des élections et celui de la proclamation des résultats.» Assurer les Free and Fair Democratic Elections… avant et pendant la campagne électorale, dénoncer la surenchère des promesses de dernière heure de la part des partis poli- tiques comme synonyme de gousses/ briberies électorales ! Quoi ?…free and fair elections? Allez voir ailleurs !