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J-4: Densité et diversité

3 novembre 2019, 08:07

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Élections : une affaire de chiffres, personnes, consciences, circonstances, hasards, et familles. Mais à chacun un vote, tous égaux pour une fois !

On recense 941 719 électeurs pour ces législatives 2019. Un nombre, encore une fois, record qui ne peut que nous interpeller. Car il remet en juste perspective la densité et la diversité des foules des meetings que chaque bloc se disputera aujourd’hui à Vacoas, Quatre-Bornes et Port-Louis. Il s’agit d’une démonstration de force – ou de faiblesse. Dommage qu’on ne puisse plus faire voler nos drones pour quadriller puis mesurer les foules respectives – qui, trop souvent, subissent, des dirigeants de partis, cette même inflation qui frappe les différents taux pour la pension de vieillesse.

Si, en termes de nombre, les femmes demeurent, comme à l’accoutumée, à la traîne, en revanche, les mêmes patronymes, fringants et souriants, continuent d’occuper les devants de la scène et sont mêmes annoncés comme des ‘top of the list’.

En 1982, Anerood Jugnauth, alors fringant quinquagénaire, et Paul Bérenger, quadragénaire à la moustache noire, jadis champions de la lutte des classes – et non des races – jouaient aux révolutionnaires pour chasser du pouvoir l’octogénaire sir Seewoosagur Ramgoolam (alors âgé de 82 ans). Aujourd’hui, le meme Bérenger, le fils de sir Anerood, et celui de SSR, aidé de celui de SGD, aspirent encore à être Premier ministre. Et nous, docilement, nous allons voter. Presque fièrement…

Avec de tels chefs de parti, ce n’est pas une surprise que la classe politique, qui tire toutes les ficelles, (pas ces jeunots, bavards, qu’on aligne pour faire zoli-zoli dans la vitrine de la démagogie), n’arrive pas à se renouveler.

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Dans quelques jours, la carte politique de Maurice sera re-dessinée… À voir le ton de cette campagne, l’accumulation de coups bas, la bassesse des arguments, l’élection alimentera certainement une volonté permanente de revanche et laissera, dans les rapports personnels entre nos chefs, des cicatrices qui pourraient rester ouverts. Tout ceci pourrait compromettre l’espoir d’un retour rapide à une certaine normalité démocratique.

Et sur le plan économique, la spirale de promesses ajoutera plusieurs dizaines de milliards au Budget. Mais n’oublions pas un principe cartésien qu’on doit défendre : quel que soit le gouvernement, l’État doit continuer à tourner, les ministères doivent fonctionner. On ne doit pas enrayer la machinerie gouvernementale.

Dans une analyse qui paraît demain dans l’express, l’observateur Lindsay Rivière rappelle qu’aucun parti politique «ne peut espérer gouverner une société aussi complexe que la nôtre en disposant de seulement 30 à 35 % de soutien populaire, soit avec 60 à 70 % du pays contre lui. Gouverner l’île Maurice avec un mandat clair et une majorité parlementaire incontestable n’est déjà pas, en temps normal, une simple affaire ! Face à l’accumulation des défis économiques internationaux et locaux qui nous guettent, face au besoin de rassembler la nation après cette élection dure et haineuse, il nous faudra en 2020 un gouvernement déterminé, avec des priorités bien définies, capable de prendre des décisions courageuses et non un gouvernement timoré et lâche, regardant constamment au-dessus de son épaule, vulnérable aux chantages , hanté par l’obsession de défections et soumis à la vénalité des transfuges potentiels.»

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Signe de panique ? Le terrain glisse-t-il autant ? À travers les champs, pas loin du Château Bénarès, la voix rauque de Sarojini Jugnauth a retenti, tel un tam tam qui rappelle ce passé lointain. Mon fils est bien meilleur que «ce bandit» de Navin Ramgoolam, s’évertuait-elle à expliquer à l’audience, qui ne l’avait pas entendue depuis des lustres, et qui avaient oublié la couleur de ses saris. Pourquoi estelle là, se demande-t-on. SAJ ne fait plus le poids ? Et Kobita, pourquoi ne vient-elle pas, comme Veena, défendre son mari de Premier ministre ? Et dans quel pays a-t-on vu un PM se reposer sur les béquilles de Mama-Papa ?