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Deep fake
Le citoyen aura confronté, ces derniers jours, le phénomène qui consiste à créer des illusions visuelles, appelées «deep fake», afin d’amocher encore plus une réputation et de ternir ainsi les chances d’un adversaire dans le vote du 7 novembre. La technologie qui permet cela est véritablement effrayante ! Vous en avez peut-être vu des exemples, notamment quand on a fait Obama ‘dire des choses’ qu’il n’a jamais dites ? Si non, allez voir cela de près pour votre édification.
Il y a eu une époque où la vérité était fortement liée à ce que «lagazet finn dir». Ce n’est plus le cas. La révérence longtemps accordée à la presse s’est effritée sous la poussée de trois courants principaux. D’abord celui des journaux factices eux-mêmes, qui, manipulant leurs ‘informations’ systématiquement, ont aidé à jeter le discrédit sur la presse écrite en général. Ensuite, les développements technologiques eux-mêmes qui ont créé d’innombrables alternatives possibles à la presse d’information. De la radio à YouTube, de la télé au journal en ligne. Finalement, une vague récente de politiciens, gênés aux entournures par la bonne foi et la ‘vérité’, s’est évertuée à présenter les journaux indépendants et les ‘experts’ comme les ennemis du peuple, croyant ainsi s’ouvrir des brèches suffisamment larges pour les mensonges et les demi-vérités qui leur convenaient. Fait surprenant : c’est quand même un président des États-Unis qui, très solennellement, invitait ses partisans à «ne plus croire ce qu’ils entendent ou qu’ils voient» sauf si cela émane du gourou-chef de secte.
Jusqu’ici, ce que l’on pouvait voir, contrairement à ce que l’on pouvait soit lire ou écouter, était pourtant l’ultime preuve d’authenticité. Ce ne sera plus désormais le cas… D’autant que le visuel a quartier libre sur WhatsApp ou YouTube et ne subit presque aucun exercice de validation préalable. Le citoyen devra donc désormais douter de tout et, comble d’ironie, dépendre de vérificateurs crédibles souvent appelés… journalistes ! La presse, pour cette raison, a encore un avenir tant que sa crédibilité reste au-dessus de la ligne de flottaison.
Si le «deep fake» visuel est un phénomène relativement récent, il faut quand même reconnaître que l’humanité n’a jamais été réfractaire à en utiliser les prémisses, qui consiste à vendre une fausse idée, une illusion, pour pouvoir en tirer un profit particulier, souvent personnel. Par exemple, les ‘intermédiaires’ de dieu ont, depuis la nuit des temps, fait croire qu’ils avaient des pouvoirs supérieurs, ce qui leur assurait dons et privilèges. Parmi les premiers, les prêtres de Louxor qui prédisaient la montée des eaux du Nil sans sortir du temple, grâce à un canal souterrain le reliant le Nil ! La vente des indulgences aux catholiques du Moyen Âge n’était souvent qu’un moyen tordu pour lever des fonds pour construire des églises, y compris la basilique Saint-Pierre de Rome ! Plus près de nous, promettre de faire voter une loi pour se faire élire, sans intention de la faire voter, c’est du «deep fake», autant que de faire des promesses appétissantes, sans expliquer comment les financer – ce qui les rend potentiellement irréalisables. Quand on promet de doubler les pensions de vieillesse, on crée une illusion toute particulière, surtout quand ceux qui vont voter cette augmentation se sont déjà voté, à eux-mêmes, des années plus tôt, des augmentations et des pensions autrement plus importantes dans l’absolu ! Quand Trump promet de baisser les taxes de la nation et finit par faire les cadeaux les plus importants à ceux qui en ont le moins besoin, les 1 %, dont il fait partie, c’est assurément du «deep fake» aussi.
Vous êtes sûrement en position de reconnaître ce qui relève du «deep fake» ou pas dans la liste suivante ?
Pension à Rs 13 500, pas en 2024, pas en 2020, mais backdated à 2017. L’électricité, produite à partir du charbon et du gaz, coûtera désormais 25 % moins cher, tous les ans. Une industrie cannière florissante. Le dollar américain à 20 roupies. Un «high-income country» pour 2023, sans trop de travail, encore moins de connaissances et avec un minimum d’exportations. Une planète saine et un pays écologiquement viable, grâce à des incantations. Des projets de construction de plus en plus mirifiques et avec de moins en moins de justifications économiques.
Et, finalement, comptez sur nous pour réaliser désormais votre rêve le plus fou : le pouvoir sans le savoir, grâce à la pierre philosophale !
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