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#Jour J Aux urnes, patriotes

7 novembre 2019, 07:13

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Voter, comme écrire ou s’inscrire comme candidat pour les élections générales, demeure un acte de foi, une forme de participation à la vie de notre pays. C’est un peu comme des centaines de jours pour les politiciens, mais un jour pour nous, citoyens, patriotes, seuls face à notre conscience, dans l’isoloir. Voter est utile. Encore heureux que chez nous, même si l’abstention a gagné du terrain, plus de trois électeurs sur quatre mesurent encore l’importance de s’occuper de la politique et de ses représentants. Si on ne s’occupe pas d’eux, eux s’occuperont de nous, n’est-ce pas ?

Les élections d’aujourd’hui détermineront le genre de pays dans lequel nous voulons vivre dans les prochains cinq ans. Notre décision dictera notre conduite et notre action. Et quel en est l’objectif final de cette bataille qu’on nous présente comme décisive pour notre avenir commun ? Réduire les inégalités, aller vers plus d’équité et augmenter le revenu par tête d’habitant de manière durable, en prenant en compte les défis du changement climatique et du vieillissement/déclin de la population active ? Tout cela d’un coup ?

Cinq ans de cela, en face des géants rouge et mauve qui tentaient de trouver un semblant d’équilibre, il y avait un assemblage hétéroclite de petits partis, menés par le MSM. À l’image du combat de David contre Goliath, la preuve avait été faite qu’un minus comme le MSM pouvait effectivement gagner en montrant suffisamment de créativité, d’innovation et de connexion avec les «bread and butter issues» du peuple. Mais le gouvernement du tandem sir Anerood Jugnauth-Vishnu Lutchmeenaraidoo n’a pas su réaliser ce «deuxième miracle économique» si vendu en campagne.

Notre souhait, à l’issue des urnes : que le nouveau gouvernement comprenne qu’il lui faut respecter les opinions contraires ou divergentes. C’est sur ces avis contradictoires que se construisent les démocraties modernes. Nous allons aussi continuer notre combat contre les esprits et propos sectaires qui ne visent qu’à nous diviser. Nous nous trouvons à une période charnière pour le pays. Nous insisterons : le nettoyage du pays ne devrait pas, par pure vengeance, se focaliser uniquement sur les bailleurs de fonds d’une dynastie. Le Karcher doit aussi et surtout pointer sur les ramifications mafieuses qui transcendent le jeu politique et prennent notre pays en otage.

En vertu du modèle «consociatif», les élites politiques ont pris l’habitude de contracter des alliances derrière le rideau tout en faisant croire aux électeurs qu’elles sont en compétition. Il faudrait, donc, faire évoluer notre Constitution, la «désethniciser», et la faire progresser vers une île République bien pensée, avec l’apport de tout un chacun d’entre nous pour que la méritocratie soit centrale. Cela nous aiderait à nous défaire de ce lourd héritage postcolonial britannique, dont les mécanismes (entre autres, la séparation incestueuse de pouvoirs entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire) émanant du pernicieux système «divide and rule» ne sont plus adaptés au présent. Nous sommes en 2019 – et non plus en 1967 ou 1976. Hier on votait surtout pour ; aujourd’hui, on tend à voter surtout contre…