On aime ou on n’aime pas, mais ce pays a choisi, ce 7 novembre, sa direction pour les cinq prochaines années. Sera-t-elle la même que celle des cinq années écoulées ? Cela ne surprendra pas ceux qui n’ont pas voté pour le tandem MSM-ML, parce qu’ils avaient jugé le bilan Lepep catastrophique. Mais il est maintenant clair, dans une bataille à trois, sous le système First Past The Post, que la plus grosse tranche de votant (soit 36,97 % pour 63,3 % de sièges) trouve apparemment ce bilan moins qu’inacceptable et qu’il en veut encore ! Même s’il sera sans doute utile au cours des semaines à venir, de comprendre exactement ce qui a été plébiscité électoralement... Quoi qu’il en soit, en démocratie, il s’agit de s’incliner.

Encore plus nécessaire en démocratie, même si les choix politiques divergent ; il faut aussi s’organiser pour faire avancer le bien commun !

Les premières paroles de Pravind Jugnauth après sa victoire sont à son crédit. Vouloir rassembler, rappeler qu’il sera le PM de tous les Mauriciens est une initiative positive et nécessaire. Espérons qu’une «lune de miel» s’ensuivra. Le pays en a bien besoin. Si ceux qui ont voté pour les vainqueurs de cette semaine ont, ce qui est probable, voté pour les mesures populaires qui ont été promises et qui seront sans doute largement mises en route dans l’euphorie de la victoire, ils seront servis. Ils ne seront pas les seuls. Comme ils ne seront pas seuls, non plus, quand il faudra passer à la caisse.

À ce stade , personne ne sait qui sera le prochain ministre des Finances, mais quel qu’il puisse être, à moins d’être le magicien que je ne suis pas, je le plains.

Ces élections auront, en parallèle, enterré bien des idéaux. Le rêve de ceux qui croyaient au mauricianisme et à la méritocratie avant tout, par exemple. La réflexion cartésienne qui proclamait la nécessité de s’éloigner de la dynastie perpétuée a pris du plomb lourd dans l’aile. Voyez les têtes de liste ! La tentation de croire que les promesses électorales se doivent d’être chiffrées et qu’il est tout simplement responsable d’expliquer à la population comment ces promesses seront financées, a été lessivée à tout jamais. Par tous les partis aspirants à nous gouverner, d’ailleurs...

Ce pays-là, je ne l’aurais pas exactement souhaité, mais personne ne pourra m’empêcher de continuer à l’embrasser, à le chérir et à travailler pour ce qu’il y a de mieux pour lui.