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Baby Club M,un nouvel espoir

21 novembre 2019, 07:07

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Le développement du sport à Maurice passe-t-il encore par le football ? Cette question mérite d’être posée devant l’état de délabrement du sport roi chez nous. On l’a vu aux derniers Jeux des îles, l’engouement du public pour le foot est intact mais la réalité du terrain est tout autre. Nous voilà désormais incapables de battre des formations comme Sao Tomé, 190e au classement FIFA ! C’est triste à en pleurer, mais on en est là.

Maurice, l’ex-tigre de l’océan Indien du ballon rond, ne fait même plus la loi dans sa région. Les beaux espoirs nés des derniers JIOI à domicile (finale perdue aux tirs au but contre la Réunion au terme d’un parcours sans aucune victoire dans les 90 minutes) ont été balayé à la première brise venue. Le Mozambique et Sao Tomé sont passés par là, avec des éliminations pour les prochaines éliminatoires du Mondial 2022 et de la CAN qui font mal. Le Club M a de belles individualités (Bru, Rose, Perticots, François, Villeneuve…) et du coeur, mais, hélas, ne se fait plus respecter comme du temps de la génération des Jean-Marc Ithier, Desiré Periatambee and co.

Le chantier est immense et traîne en longueur. Tous les décideurs ont leur part de responsabilité dans ce fiasco. Pour remonter la pente et avoir des résultats enfin dignes de l’engouement du peuple mauricien pour son football, il faudra plus qu’une Liverpool Football Academy implantée chez nous voire un Jose Mourinho sur notre banc de touche. Aucune baguette magique à l’horizon, si ce n’est qu’il faudra un travail de fond, du temps et de la patience. Une vision et des personnes qui ont à coeur de servir le football mauricien sincèrement. Le Club M renaîtra de ses cendres s’il s’en donne vraiment les moyens.

Mais le renouveau de notre football passera obligatoirement par la formation. La relève ne peut venir que de nos footballeurs en herbe. Allez faire un tour dans les tournois de foot des académies privées (NGF League) et vous verrez que les dribbles de Leo Messi et CR7 n’ont aucun secret pour nos petits rejetons. Le potentiel est là, l’encadrement technique doit suivre. Quitte à sacrifier l’élite actuelle, pourquoi ne pas investir dans celle de demain ?

Le superbe parcours de notre sélection des moins de 15 ans dans le tournoi de l’Union des fédérations de football de l’océan Indien (UFFOI), qui réunit huit îles, est édifiant à plus d’un titre et donne des raisons de croire que nous sommes sur le bon chemin. En trois sorties, les protégés de Kersley Clark, l’entraîneur national, ont marqué les esprits : 4-0 infligé aux Seychelles, 3-2 contre Madagascar et 5-2 face aux Comores. Avec des perfs de choix signées Nessta Édouard et Ryan Calcutta (entre autres). Une aventure achevée sur une défaite en demi-finale face à la Réunion (encore elle !) mardi (2-1). Sachant que cette équipe ne s’entraînait ensemble qu’une fois par semaine et n’avait jamais évolué ensemble avant cette compétition, elle dispose d’une formidable marge de progression. Avec un jeu d’ensemble plus travaillé, ils seraient peut-être allés au bout qui sait…

Des performances qui ne doivent rien au hasard et qui portent aussi la griffe du directeur technique national (DTN) partant, Jonathan Bru. Arrivé en tant qu’adjoint du DTN Sébastien Sirot en septembre 2016 (puis titulaire au poste en janvier 2018), l’ancien milieu de terrain du Club M (qui, pour rappel, a joué pour plusieurs clubs en France, au Portugal et en Australie), est en train de réussir sa reconversion dans le football puisqu’il vient d’obtenir une maîtrise en tant que Manager general de club sportif à Limoges, en France, en septembre dernier. Choix payant du président de la MFA Samir Sobha, on peut le dire aujourd’hui.

En effet, en nous basant sur les résultats du football de jeunes à Maurice de 2016 à 2019, on constate des progrès constants. Pour se faire une idée de l’état de notre football, savez-vous quel est le palmarès du football mauricien à ce jour ? Une qualification à la CAN en 1974 sous la férule de Mamade Elahee et deux victoires aux Jeux des îles en 1985 et 2003. Et basta !

Or, ces dernières années, Maurice enchaîne des victoires et des qualifications chez les jeunes qui n’existaient pas avant. Tout commence en décembre 2016, lors d’un tournoi UFFOI réunissant quatre équipes génération 2002-2003. Bilan pour Maurice : dernier du tournoi avec 3 défaites et 1 nul.

Sept mois plus tard, en juillet 2017, Maurice décroche une finale historique à la Cosafa Cup (à 8 équipes) avec la génération 2001- 2002-2003. Bilan : 3 victoires (dont une magnifique sur l’Afrique Sud 2-0) et 2 défaites. Confirmation un an plus tard (en juillet 2018) avec une demi-finale de Cosafa Cup (à 12 équipes). Bilan : 2 victoires, 3 défaites, dont un succès 6-1 face aux Seychelles.

Sans oublier les championnats de jeunes sur plus de six mois lancés l’année dernière en catégorie U13, U15, U17 et U13 filles (soit 90 matches par catégorie d’âge) avec douze équipes par région, chaque cadre technique régional réalisant une détection des meilleurs joueurs des écoles de foot de sa région. Notre football de jeunes commence à se structurer. Les bases sont jetées…

Tout ceci explique que dans le tournoi UFFOI 2019 qui se déroule en ce moment, Maurice aligne une équipe 2005-2006 homogène qui a enregistré 3 victoires en phase de poules, avec 12 buts marqués pour 4 encaissés. Sans oublier que chez les filles, au tournoi Cosafa U17, Maurice génération 2003- 2004 a concédé deux défaites mais enregistre une victoire historique face aux Comores.

À la lumière de ces résultats, on note que depuis ses débuts en tant qu’adjoint DTN à sa titularisation au poste en janvier 2018, Jonathan Bru a contribué à faire avancer les choses dans la bonne direction, possède un bilan et des réalisations. Cependant, il nous revient que ce dernier a été écarté du poste par la Mauritius Football Association le mois dernier et que l’ex-international a pris les services d’un avocat pour se défendre. Pour quelles raisons ? On entendra certainement le pourquoi du comment de cette nouvelle Telenovela du foot mauricien bientôt, mais voilà encore une mauvaise publicité dont on se serait bien passé.

Espérons que l’intérêt du football mauricien prime avant toute chose et qu’on se reconcentre sur la relance du sport roi. Les Nessta Édouard, Ryan Calcutta et leurs copains, eux, nous font plaisir, s’éclatent sur un terrain. Ils ont montré qu’ils ont du talent et n’ont pas froid aux yeux. Cessons de brasser du vide. Arrêtons les polémiques. Aidons nos gamins à travailler et à continuer leur progression sereinement. Demain, ce Baby Club M deviendra grand et ne demande qu’à être armé pour rendre ses lettres de noblesses au football mauricien.