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There’s a Party!
«Mais alors, si le monde n’a aucun sens, qui nous empêche d’en inventer un ?» s’interroge Alice dans l’œuvre de Lewis Carroll. C’est un peu ce que le MSM, qui a choisi de consolider sa base électorale (jusqu’ici essentiellement rurale), tente de faire, en avançant ses pions sur l’échiquier.
Avec 37 % de voix pour, le gouvernement se sait impopulaire parmi les 63 %. Au lieu de chercher à rallier la majorité des suffrages, ce qui l’aurait forcé à s’écarteler entre les différents clans ou tribus de notre nation, il préfère clairement caresser dans le sens du poil ceux qui lui ont permis de rester au pouvoir.
Nombre de compatriotes ne vont pas comprendre, ou apprécier, la nomination de Pradeep Roopun, privé de ticket aux dernières législatives, ou d’Eddy Boissézon, candidat battu au no 17, à la présidence. D’ailleurs, à en juger par les commentaires (négatifs pour la plupart), le gouvernement n’a clairement pas fait ce choix dans une optique de réconciliation nationale, afin, par exemple, d’autoriser l’âme patriotique, ce mauricianisme trop souvent malmené, à vibrer. Derrière ce choix, il y a une stratégie de «divide and rule» qui ne peut échapper aux observateurs avertis de la société. L’un d’eux va encore plus loin, dans une note à notre journal : «They are sharing the fruits of their victory among themselves. They are a bunch of selfcentered people who have grabbed power and making the most of it.»
Une pure amnésie : pour Paul Bérenger, au-delà de tout autre aspect, Roopun et Boissézon ne sont pas acceptables car ils sont des «Party Men» ! Ah bon, sir Veerasamy Ringadoo, Cassam Uteem, Angidi Chettiar, Raouf Bundhun, Kailash Purryag, eux, ne l’étaient-ils pas ? La seule personne qui n’est pas du sérail politique est l’universitaire Ameenah Gurib-Fakim qui, pourtant, a eu le mandat le plus mouvementé de tous depuis que le pays a accédé au statut de République. Il y aurait aussi eu sir Hamid Moollan, mais il est resté sur la ligne de départ, comme l’ancien militant Swaley Kasenally…
Si Bérenger n’aime ni Roopun, ni Boissézon, il aurait dû trouver une meilleure excuse. En revanche, il ne va pas assez loin quand il disqualifie Sooroojdev Phokeer, le nouveau speaker, qui, selon lui, traînerait des casseroles égyptiennes. Sur ce sujet, la lune de miel entre Arvin Boolell et Paul Bérenger n’a duré que quelques jours. Le leader du MMM, qui aime jouer Boolell contre Ramgoolam, semble être déçu par le leadership du consensuel Arvin. Ce qui provoque un froid dans les rangs de l’opposition d’autant que Xavier-Luc Duval et Paul Bérenger se haïssent naturellement.
Avec un leader de l’opposition que tout le monde aime, y compris Pravind Jugnauth et le MSM, il ne faut pas s’attendre à un front uni de l’opposition. C’est pour cela que le MSM semble être «party» pour durer. Car en face, dans l’opposition, il y a trois leaders et un seul fauteuil. Sans compter Navin Ramgoolam qui, avec ses pétitions électorales, s’agite hors du bocal. Pour le moment.
À son retour de son pèlerinage religieux dans l’Inde mythique et mystique, Pravind Jugnauth aura besoin de foi intérieure. La Party ne fait que commencer pour lui…
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