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UK, the new island
La nette victoire, hier, de Boris Johnson, qui fait bondir Donald Trump, et pleurer ceux qui entrevoyaient, entre les brumes londoniennes, un dénouement politique au dossier chagossien, sonne l’imminence du Brexit, et d’un destin nouveau pour la Grande-Bretagne. Qui disait que le peuple britannique voulait viscéralement revenir sur sa décision de sortir de l’Union européenne (UE) ? Pourquoi ceux qui étaient anti- Brexit ne se sont pas manifestés cette foisci ? Lors du référendum de juin 2016, cinq mois avant l’élection impensable de Trump, pas moins de 17,4 millions, soit un tiers des 52 millions de Britanniques en âge de voter, avaient choisi de quitter l’UE. On parlait d’un accident de parcours, provoqué par les esprits conservateurs, alors que les jeunes, plus ouverts avaient, disait-on, boudé les urnes.
Ce référendum était alors perçu comme un repli sur soi, ou encore un plébiscite populiste sur le dossier de l’immigration. D’ailleurs, la propagande du «Leave» faisait accroire que... 79 millions de Turcs allaient débarquer en Europe et viendraient vivre au Royaume-Uni, aux frais de Sa Majesté. Sur fond de xénophobie, le camp pro-Brexit devait gagner par 52 % des suffrages. La lutte était serrée.
Mais, hier, la Grande-Bretagne a dissipé ce doute qui planait. Le gros des électeurs n’a pas été séduit par l’illusion gauchiste de Jeremy Corbyn qui vendait un énième «vrai changement». Celui-ci n’a pas tardé à tirer les leçons de sa défaite, avant tout personnelle. Et contrairement à nos hommes politiques, qui sont viscéralement collés à leur fauteuil de leader malgré de sévères revers électoraux successifs, le leader du Parti travailliste britannique annonce, lui, son départ. Mais avant, il veut présider le post-mortem de son leadership. Comme une autocritique avant de rendre son tablier.
Le grand gagnant c’est donc Boris Johnson, qui s’est présenté comme le sauveur du Brexit. Il a réussi son pari : sortir son pays de l’impasse du Brexit. C’est du reste pour cela que le PM conservateur avait souhaité ces législatives - les troisièmes en quatre ans! Comme homme d’État, outre l’aspect économique du divorce avec Bruxelles, le challenge, pour lui, c’est de réunir les «Remain» et les «Leave». S’il y parvient, il est promis à une longue, très longue, carrière.
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Autre continent, autres moyens. Dès jeudi soir, la Grande-Bretagne avait une indication des résultats grâce aux Exit Polls (effectués pour la BBC, ITV et SkyNews). Ce sont en fait des sondages plutôt précis auprès de milliers de votants, effectués juste à leur sortie du centre de vote. Ces sondages ont eu lieu dans 144 circonscriptions en Angleterre, Écosse et au Pays de Galles. Les circonscriptions choisies, un mix de régions rurales et urbaines, le sont en fonction de leur composition démographique et de celle du pays. Pour dégager des données et tendances plus pointues, les mêmes circonscriptions sont sondées d’une élection à l’autre.
Les votants ont droit à un bulletin de vote similaire à celui qu’ils ont glissé dans l’urne. Ils doivent le remplir, une seconde fois, loin du regard des autres, comme s’ils étaient dans un isoloir invisible cette fois-ci. Et ils glissent ce second bulletin dans une boîte - qui sera ouverte peu après.
Les nouvelles technologies aidant, les méthodologies se perfectionnent et les résultats des Exit Polls sont de plus en plus précis. Voilà de quoi passionner Irfan Rahman et son «board» – en attendant d’être appelés en cour pour discuter des pétitions électorales qui soulèvent des problèmes d’un autre âge.
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