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Non-assistance à personne en danger
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Non-assistance à personne en danger
Encore une heure ou presque avant l’heure du déjeuner. Il vient tout juste de prendre place à côté de son collègue pompiste, Daniel Lamarque. Quand ils ne sont pas sous pression, les deux aiment regarder passer les voitures. Cela aide à faire passer le temps. Rohit Gobin lui parle, sans doute, de la pluie qui trempe la chaussée et de sa fille qui va fêter ses 18 ans le lendemain. C’est un bel âge. Devenir majeur, c’est souvent prendre un nouveau départ dans la vie. Dans deux ans, Rohit atteindra, lui, l’âge de la retraite. Il n’a pas vraiment de plan personnel, sauf voir grandir ses enfants, qui lui donneront des petits-enfants. Ainsi va cette vie, qui ne tient qu’à un fil. L’on ne le réalise pas assez. Si vous avez le courage de visionner, sur la Toile, les terribles images de l’accident de Wooton, en date du 26 novembre, vous en conviendrez...
Cette fourgonnette de la police, ils ne l’ont pas vraiment vue venir. Encore moins, dans son sillage, la grande faucheuse. Tout est passé si vite, comme dans un film policier, quand les bons flics chassent les méchants voleurs. Sauf que ce n’est pas un film. Et qu’il n’y a aucune course-poursuite. Le dérapage est réel. La mort, à grande vitesse, est venue les percuter, sans crier gare. Rohit Gobin a eu moins de chance que Daniel Lamarque. Il est grièvement blessé. Toute la scène se déroule devant des témoins et les caméras CCTV (du propriétaire de la station-service).
Les deux policiers ne sortent pas de leur fourgonnette. Ils passent des appels. L’un est assis devant, Ashfaar Domun. À côté de lui, il n’y a personne. Pourquoi ? Son collègue est, lui, sur le siège arrière. Pourquoi ? Pendant de très longues minutes, ils ne descendent pas du véhicule, alors que dehors l’on s’inquiète visiblement de l’état de l’un des deux blessés. Ils se préoccupent davantage de leur sort, même s’ils ne sont pas blessés, alors que Rohit Gobin se tord de douleur et tente de cacher ses blessures, de la pluie, sous un morceau de plastique. Quelques minutes après, un mystérieux homme en noir gare son véhicule de l’autre côté de la station-service avant d’aller inviter les deux policiers à se rendre à l’arrière de la station-service. Il cherche un tabouret pour eux. Les deux policiers et le mystérieux homme en noir ne s’intéressent aucunement aux blessés et ne vont pas aux nouvelles. Ils ont surtout besoin de vider les lieux, sans tarder. Pourquoi ? Ne savent-ils pas que la non-assistance à personne en danger est précisément s’abstenir de porter secours à quelqu’un qui est en détresse, comme ici Rohit Gobin ? Que cette abstention est un délit sous la loi ? Ils s’en fichent. La loi, c’est eux.
Une voiture banalisée, avec d’autres policiers, vient les récupérer. Le mystérieux homme indique au chauffeur la cachette des deux policiers. Qui ne se font pas prier pour s’en aller, malgré les protestations du propriétaire de la station-service. Aucun regard de compassion vers les blessés, aucun mot, aucune excuse. Rien. Ils sont partis, sans regarder en arrière, laissant leurs collègues et l’homme en civil prendre les choses en main.
* * *
Comme c’était l’entrée en scène d’un nouveau GM, cet énième accident sera vite oublié, ont dû s’imaginer ces policiers. D’ailleurs il n’y a pas eu de PNQ d’Arvin Boolell (présent hier à la marche) sur ce sujet à la reprise des travaux parlementaires, car ce jour-là, il fallait, nous disait-on, assurer un décorum pour le nouveau président et vice-président de la République. Entretemps, il y a eu la vidéo fuitée et envoyée à la presse, la marche hier pour ne pas oublier, et l’indignation générale. Car non seulement des policiers n’ont pas accordé d’assistance à une personne en danger, mais pire, ils ont accordé assistance à deux collègues qui, eux, n’étaient pas en danger !
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