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Arvin Boolell, de quel bois se chauffe-t-il ?

21 décembre 2019, 07:24

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Si l’efficacité politique du MSM ne saurait être remise en question dans le fonctionnement du gouvernement, de ses corps paraétatiques et ses compagnies privées mais contrôlées par Lakwizinn, le rôle de l’opposition reste encore à être défini. On ne peut que reconnaître le savoir-faire politique dont a fait preuve le MSM quand le parti a procédé à des nominations depuis les dernières élections pour consolider sa mainmise sur l’appareil d’État et promouvoir la cause de Nou Bann.

Ainsi, dans le cas d’Air Mauritius, face à l’incompétence incorrigible, l’amateurisme suicidaire et la mollesse impotente des nominés de Lakwizinn à Air Mauritius suivant les élections de 2014, c’est au tandem foudroyant Dev Manraj et Sherry Singh qu’on a fait appel pour redresser la barre de cette compagnie contrôlée par l’État. Les grandes histoires d’amour d’adolescents au MGI ne se traduisent pas nécessairement par des résultats positifs dans la gestion d’une entité colossale comme Air Mauritius.

Le MSM n’a pas froid aux yeux et convaincu que enough is enough, donne carte blanche à ces deux colosses Manraj et Singh qui seraient capables de «ramasser» une centaine de Somas Appavou et de Mike Seetaramadoo dans leurs poches. Et cela, après qu’on s’est débarrassé des parasites combien contre-productifs et vecteurs de croustillants scandales comme Prakash Maunthrooa et Bissoon Mungroo.

Il faudrait être foncièrement malhonnête pour ne pas être ébloui par le sens du business de la fameuse cuisine. Une fois le stade de Côte-d’Or (coût passant de Rs 3 milliards à Rs 5 milliards par un tour de passe-passe et le projet tramway – Rs 19 milliards) bien dans le sac, voilà qu’on déballe un projet de Rs 4 milliards dans la petite île de Rodrigues. «The sky is the limit», dirait un cadre de la Banque mondiale.

Si c’est business plus florissant que jamais pour Lakwizinn, comment se porte l’opposition ? Chez les opposants du gouvernement MSM, le tout nouveau leader de l’opposition, Arvin Boolell, est appelé à jouer un rôle d’avant-plan. Le MMM a déjà abandonné toute prétention de pouvoir prendre le pouvoir seul. Que feront les travaillistes ? En fait, Arvin Boolell se retrouve devant deux possibilités. Soit il fait cavalier seul au Parlement et empêche qu’une synergie se développe entre le Parti travailliste, le MMM et le PMSD. Soit il devient un rassembleur et coordonne avec efficacité les différents éléments de l’opposition tant au niveau des initiatives que des attaques ciblées.

Immédiatement après les élections, on a assisté à une rare harmonisation d’initiatives prises par les trois partis de l’opposition pour contester les élections générales. Les dirigeants et les avocats ont accordé leurs violons. Par contre, on a assisté, au moment du début des travaux parlementaires, à une mésentente quand Paul Bérenger n’a pas apprécié que le nouveau leader de l’opposition ne se soit pas opposé à la nomination de Soorooj Phokeer, un homme inféodé aux Jugnauth de par ses liens de parenté et qui d’après le leader du MMM traînerait des casseroles.

Ambassadeur de Maurice en Égypte sous le gouvernement MSM-MMM, Soorooj Phokeer avait été rappelé au pays quand le gouvernement avait été avisé de certains problèmes. Or, il avait été immédiatement repêché comme Adviser chez le ministre Nando Bodha avec qui il partagerait des «visions» particulières après son rappel du Caire et cela à un moment où Paul Bérenger exerçait les fonctions de Premier ministre (PM). Réaliste, le PM Bérenger avait laissé Bodha prendre Phokeer sous sa garde, sans doute pour éviter de fragiliser l’alliance avec le MSM. On comprend qu’à ce moment-là, Arvin Boolell, député travailliste de l’opposition, avait interrogé à travers une PQ et sans succès le ministre des Affaires étrangères d’alors, Jayen Cuttaree, sur le cas Phokeer. Dans ces circonstances, on ne pourrait blâmer Arvin Boolell pour n’avoir pas déclaré la guerre le premier jour même sur le cas Phokeer.

Si mésentente il y a eu au moment de l’élection du speaker Phokeer, il est toujours fort possible qu’une action combinée soit menée par les membres de l’opposition pour rendre publics les dessous de l’affaire Phokeer au Caire. On parle aussi d’une affaire Rasta quand Phokeer a été l’ambassadeur de Maurice dans la capitale américaine.

Tous les regards seront braqués sur Arvin Boolell à la reprise des travaux parlementaires. Se démarquera-t-il nettement de Navin Ramgoolam pour prouver qu’il serait un meilleur leader que l’ancien PM ? Ou fera-t-il preuve d’une loyauté indéfectible envers son leader ? Se laisserait-il manipuler par Paul Bérenger qui souhaiterait une alliance avec le Parti travailliste mais sans Navin Ramgoolam ?

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ceux qui souhaiteraient qu’Arvin Boolell se distingue comme un grand leader de l’opposition et aussi comme leader du Parti travailliste sont les membres de la famille Jugnauth. Avec Arvin Boolell comme adversaire direct de Pravind Jugnauth dans des élections générales, pas nécessaire de dépenser de l’argent du Sun Trust pour mobiliser des Israéliens spécialistes en informatique et des Indiens spécialistes dans l’art de nettoyer les registres électoraux, pas nécessaire non plus de créer des computer rooms dans les centres de vote et pas même nécessaire d’octroyer un contrat à Kakad Printing (souscontracté à une grosse imprimerie en Inde) pour cloner des bulletins de vote. Et enfin, pas même nécessaire d’embarquer par inadvertance, du matériel d’élection dans le coffre de sa voiture.