Publicité

La nouvelle année d’accord, mais où est l’homme nouveau ?

5 janvier 2020, 09:23

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

La nouvelle année d’accord, mais où est l’homme nouveau ?

Comme pour chaque début d’année, on assiste à une déferlante de souhaits et de résolutions positives. C’est splendide ! Mais est-ce bien suffisant pour que les choses changent ? Qui peut en effet encore croire que souhaiter une «bonne et heureuse» année va transformer la donne, changer l’horizon, améliorer l’ordinaire, revigorer la qualité d’une vie ? Et pourtant, on y va gaiement et avec conviction ! On y rajoute, dans une espèce de grand-messe initiatique, dans un geste de propitiation frénétique, cadeaux et feux d’artifice, pétards et bulles de champagne, nappes enguirlandées, cotillons, chapon farci et marrons glacées, quand on peut.

Cependant que RIEN de tout cela ne changera quoique ce soit à quelque chose si l’individu ne se regarde pas en face, décide qu’après tout il n’y a pas de quoi être, à ce point-là, fier de ce qu’il voit et se décide de changer, lui-même ! Car l’évidence est que si les hommes et les femmes de 2019 restent les mêmes en 2020, cette année qui débute à peine ne sera sûrement pas meilleure ! Elle va simplement être globalement reproduite. Confirmant du coup qu’une définition de la folie, celle attribuée à Einstein(?), est de refaire pareil, encore et encore, en espérant que le résultat sera différent…

La planète se portera mieux et notre pays ne deviendra plus agréable à vivre que si un «homme nouveau», meilleur, émerge. Il y a bien lieu de préciser que l’homme nouveau doit être meilleur, car il y a un risque évident que le changement soit aussi vers la direction opposée, malheureusement ! Il n’y a qu’à voir l’actualité mondiale récente pour être convaincu que cette possibilité est bien réelle ! Si les hommes deviennent plus cyniques, plus égoïstes, plus narcissiques, plus matérialistes, avec encore moins de considération tant pour l’autre que pour le bien commun ; le monde ne sera sûrement pas meilleur… et l’année pourrait n’être ni bonne, ni heureuse.

De plus, il est clair que l’on ne peut pas compter sur ses seuls dirigeants pour s’améliorer, soi. A fortiori quand l’exemple qui vient d’en haut est déplorable ! L’homme nouveau devra donc, de lui-même, être plus fraternel, moins replié sur ce qui lui ressemble, plus ouvert à l’autre, à ce que ce dernier pense, à ce qu’il souhaite, à ce qu’il croit. À charge d’ailleurs à ce que cette approche soit en tout point mutualisée, sinon le risque sera encore celui de vécus marginaux qui veulent s’imposer aux autres, comme les djihadistes qui charcutent des innocents, le Ku Klux Klan qui souhaite imposer sa suffisance ou Boko Haram qui refuse le progrès des autres, par exemple ! Les replis identitaires, invariablement majoritaires ceux-là, qui se conjuguent face aux émigrés, anciens ou plus récents, en Angleterre, aux États-Unis, en Inde, en Chine, au Myanmar, au Sri Lanka, en Afrique du Sud ne sont pas nouveaux, mais il faut se faire une raison que tant qu’il y aura des différentiels criards de condition humaine, la tentation de migration existera vers les pays perçus comme plus stables, plus riches, «meilleurs pour les enfants». Trump croit qu’un mur empêchera les Mexicains ou les citoyens d’Amérique centrale à venir butiner au Nord plus riche, plus valorisant ? Il se fourre le doigt dans l’œil jusqu’au coude ! Le jeune Sénégalais, ou Syrien ou Nigérien, désespéré de ses chances dans son pays, continuera à braver la Méditerranée à la recherche du bonheur européen, désormais librement affichée à la télé ou sur Netflix ; tellement attirante, semblant presque à portée de main…

On peut désormais sympathiser avec la proposition qui consisterait à se débarrasser plus rapidement et plus radicalement des despotes immondes style Assad ou Mugabe ou Al Bashir, qui empoisonnent leur pays et désespèrent leurs citoyens. Il faudra donc, généralement, moins laisser pourrir les situations grâce à des Nations plus Unies et plus fortes jouant moins les gamins de cour de récré qui cherchent à dominer les autres ou à faire avancer leurs intérêts immédiats. Cela demandera de respecter un peu moins les «affaires intérieures» des pays quand ces derniers se dégraderont au point de heurter la conscience humaine. Ce ne sera pas facile ? Pour sûr ! Mais est-ce bien plus facile de ramasser les morceaux dans le sillage d’un despote en plein délire ? Posez cette question aux émigrés qui fuient des dictateurs déments !

Les années futures seront «bonnes et heureuses» si l’homme nouveau est plus responsable, plus démocrate, moins tricheur, plus respectueux des besoins communs, moins achetable par ses dirigeants politiques. Il ne suffira plus, en effet, de voter pour ceux qui promettent plus. Il s’agira de bien réfléchir, de faire un effort pour comprendre les enjeux et de bien juger si ce qui est promis peut-être assumé de manière responsable ou si l’on prend, ainsi, des engagements que la prochaine équipe ou la prochaine génération trouvera outrageusement lourde à porter. Il faudra mieux savoir choisir entre consommer maintenant et (faire)payer plus tard et épargner maintenant pour mieux soigner son futur !

 L’homme nouveau devra changer ses habitudes face au changement climatique. Il devra exiger plus d’énergie renouvelable, les hydrocarbures étant une recette pour de sérieux dégâts intestinaux à la planète. Le nucléaire, fusion ou fission, semble être nécessaire, après tout, pour des besoins grandissants ! Il faudra beaucoup plus recycler ou systématiquement refuser les emballages plastiques. Il faudra être plus respectueux de l’eau, en gaspiller moins, cesser de la polluer. Il faudra cesser de répandre les déchets que l’on produit PERSONNELLEMENT, un peu partout dans notre pays, dans les rivières, dans les champs de canne, à la plage publique comme si on devait absolument répandre sa semence et faire les autres «profiter» de ce dont on n’a plus, soi-même, besoin ! L’homme nouveau abandonnera sa voiture à essence pour du transport public ou une voiture électrique… surtout si le réseau carbure plus au renouvelable ! L’homme nouveau demandera des drains contre les inondations et ne les bouchera pas… en attendant la prochaine grosse averse.

L’homme nouveau sera moins agressif socialement, maritalement, avec ses voisins ou sur les routes. Au fur et à mesure que l’on ajoutera quelques milliards d’habitants de plus pour des ressources qui diminuent, la tension va fatalement monter et il faudra se faire à l’idée de plus de frugalité, de diminuer sa consommation de protéine animale, d’éviter les trop grandes disparités de revenus et de richesse, d’imposer moins et de dialoguer mieux, sinon ça va barder ! Voyez le Chili, le Liban, Hong Kong, l’Iraq, le Venezuela, la Géorgie, l’Iran, l’Equateur, l’Inde, la France des gilets jaunes, l’Algérie (post) bouteflikienne et comprenez bien ce qui s’y trame.

 L’homme nouveau devra finalement reconnaître que le monde virtuel des «memes» et que l’«information» ou le commentaire de Pewdiedie ou de Mamie Clown ne feront jamais un meilleur score à la recherche de la vérité que le journalisme sérieux ou les réflexions d’auteurs pondérés et crédibles. L’homme nouveau sur lequel nous comptons tous pour une meilleure année devra enfin constater qu’il faudra bien choisir entre la recherche du plaisir instantané et l’effort patient et délibéré, entre le spectaculaire et la retenue, entre l’émotion et la raison.

La raison ! C’est ce qui a ramené à l’humanité la plupart de ses avancées jusqu’ici et c’est bien certainement son absence de plus en plus fréquente qui la perdra.

Sommes-nous encore capables de le reconnaître, de freiner et de changer de direction personnellement avant qu‘il ne soit trop tard ?