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Chagos fire-spitting but real Anglophiles at heart?

25 janvier 2020, 20:49

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Maurice se positionne pour infliger à la Grande Bretagne la plus lourde sanction possible, accusant ce pays de crime contre l’humanité. C’est le génocide contre les Juifs qui avait amené les pays occidentaux à instituer un tribunal pur juger des cas de crime contre l’humanité. Après avoir remporté des victoires successives cotre la Grande Bretagne relativement à l’excision des Chagos et au déracinement du peuple vivant dans l’archipel, Maurice est maintenant confiant de porter l’estocade aux Britanniques. Il est même question que la Grande Bretagne soit expulsée du Conseil de sécurité des Nations Unies.

L’Histoire reconnaîtra Sir Anerood Jugnauth et son fils Pravind Kumar comme les deux guerriers par excellence qui ont percé la cuirasse de la perfide Albion. Mais il subsiste quand même un élément assez déroutant dans la façon dont père et fils regardent la Grande Bretagne. Le papa s’accroche jalousement à son titre de chevalier de sa majesté la reine d’Angleterre. On ne sait pas si l’énergique Sir Anerood, vêtu de sa toge d’avocat comme il  l’avait fait à la Haye, ferait lui-même le réquisitoire contre les Britanniques à la Cour pénale internationale. Une telle démarche ne manquerait pas de susciter un grand intérêt auprès des médias internationaux. On ne manquerait pas de relever l’incongruité de la situation. D’une part les Britanniques sont accusés de crime contre l’humanité.  De l’autre, ces mêmes Britanniques ont honoré le vétéran Anerood qui s’accroche à son titre de chevalier de sa très britannique majesté.

Les médias indiens- pas tous inféodés à Narendra Modi et à ses amis locaux et étrangers- ne manqueraient pas eux aussi d’écrire sur ce paradoxe mauricien. Bien sûr, ils relèveraient le cas de celui fut connu à un certain moment comme Sir Rabindranath Tagore. Ce poète qui remporta le Prix Nobel répudia son titre britannique en 1919 suivant le massacre de 400 manifestants indiens par des troupes anglaises, à Jallianwala Bagh, à Amritsar, au Pendjab.  

Tagore ne fut ps le seul à cracher sur sa médaille britannique. L’éminent juriste du Sud de l’Inde, Sir Subbaiyar Subramania Iyer, à un certain moment chef juge à la Cour de Madras sous l’empire britannique, ‘rendit’  lui aussi son titre de chevalier du monarque en signe de protestation contre une arrestation arbitraire.

Sir Anerood émulerait-il Tagore et Subramania Iyer avant que l’affaire ne soit portée devant la Cour pénale internationale. Ce serait un coup d’éclat répercuté dans les médias du monde entier.

Moins exposé que son papa aux mœurs coloniales britanniques, Pravind Jugnauth donne l’impression lui aussi qu’il se plaît lui aussi avec les symboles de la puissance de Londres. Ces symboles étant le Premier ministre britannique de même que la famille royale. C’est ainsi qu’on s’est amusé depuis plus de deux semaines de la démarche désespérée des spin doctors de Pravind Jugnauth de vendre sa visite a Londres.  Au départ, on avait cru que c’est sur une invitation très personnelle de Boris Johnson que notre Premier  ministre faisait le déplacement.  C’est tout excité, tel un écolier allant faire son baptême de l’air,  que le chef du gouvernement est parti à Londres dix jours avant la rencontre entre le No 1 britannique et ses invités africains. Il est vrai que la communication du PM a aussi fait monter en grade l’avocat Philip Sands car la rencontre entre lui et Pravind Jugnauth a été qualifiée de ‘tête-à-tête’.

Après tout le battage autour de la visite à Londres, on s’attendait que le Premier ministre britannique reçoive le No 1 mauricien au 10, Downing Street. Quel Mauricien pétri de patriotisme n’aurait pas vécu un moment d’immense émotion en voyant la Mercedes portant fièrement le quadricolore de notre haut-commissariat s’arrêter devant le bureau de Boris Johnson avec ce dernier s’avançant pour accueillir Pravind Jugnauth à ce 10, Downing Street mythique ? Alors même que les médias, la MBC jouant dans la cour des grands, saisissent ce moment historique, Boris Johnson fait une tape amicale sur le dos de Pravind Jugnauth et l’invite à l’intérieur de sa résidence.

Mais il ne faut pas trop se fier au bling-bling, au superficiel. Photo opportunity pour la MBC il y a eu avec plusieurs personnes assistant à cette rencontre à un lieu ou semble-t-il, on servait du thé à des invités. Tout s’est déroulé dans une atmosphère de franche cordialité, selon le cliché.  

Il n’y avait pas que Boris Johnson. L’équipe de communication du PM, avec le soutien de la MBC, n’a pas manqué d’exploiter les images montrant le prince William et son épouse Kate accueillant notre Premier ministre. Le couple royal a fait cet honneur à plusieurs chefs africains présents. Mais pour la MBC, ce fut un événement marquant car on a fait croire aux téléspectateurs que mêmes les royaux sont subjugués par le No 1 mauricien.

Malgré toutes les menaces brandies autour de Chagos, les Jugnauth manifestent évidemment un soft corner pour les Britanniques.