À moins qu’on assiste à une séance de déculottage général de la part des principaux acteurs, le Parti travailliste est appelé à connaître des bouleversements dans les jours et semaines à venir. La contestation du leadership de Navin Ramgoolam débouchera certainement sur d’importants événements impliquant le leader de l’opposition actuel, Arvin Boolell, et ceux qui croient pouvoir déboulonner l’ancien Premier ministre. Le fait que Navin Ramgoolam se soit fait battre aux dernières élections pourrait le mettre dans une situation de vulnérabilité.

Arvin Boolell, après un coup d’éclat en 2015, a adopté une attitude très prudente jusqu’à la récente expulsion de certains éléments dont Yatin Varma. Depuis, Boolell affiche des velléités d’un éventuel show down avec le leader du parti. Il pourrait bénéficier du soutien du député Shakeel Mohamed mais pas des autres.

Voici les scénarios prévisibles :

• Arvind Boolell et Shakeel Mohamed se retrouvent en situation de minorité dans le groupe parlementaire travailliste et Boolell n’est plus reconnu comme leur leader.
• Boolell et Mohamed parviennent à rallier la majorité dans les instances non-parlementaires du Labour et ils font expulser du parti Navin Ramgoolam et les députés qui lui sont fidèles.
• Le poste de leader de l’opposition d’Arvin Boolell est compromis par rapport aux deux précédents scenarios si le PMSD de Xavier-Luc Duval décide de ne pas le soutenir et de trouver un arrangement avec le MMM. Cela relève maintenant du possible car le PMSD n’est plus la bête noire historique des Mauves.
• Dans un premier temps, Yatin Varma pourrait jouer le rôle d’allié objectif d’Arvin Boolell et monter une campagne d’agitation pour prendre à défaut le leader du parti. Dans ses attaques, Varma est allé encore plus loin que le MSM lui-même. Il a laissé croire que les pétitions électorales, c’est du vent et que c’est orchestré uniquement pour aider Navin Ramgoolam à maintenir son rôle de leader. Or le MMM et Roshi Bhadain ont eux aussi entrepris des actions légales contre des élec-tions truquées. Le font-ils pour aider Navin Ramgoolam ?
• Arvin Boolell et Yatin Varma disposent-ils d’assez de soutien dans les instances du Parti travailliste pour renverser Navin Ramgoolam ?Sinon, ils risquent leur carrière politique.
• Dans un premier temps, Navin Ramgoolam est contraint de céder le leadership du parti à Arvin Boolell et il décide de se retirer de la politique pour s’occuper davantage des champs de canne qu’il a hérités de son grand-père maternel lorsqu’il n’astique pas son Aston Martin DB9 tout en faisant vrombir le moteur de 12 cylindres à capacité de six litres. Ce ne sera pas pour autant la fin des troubles d’enfantement chez le Labour.
• Une fois Arvin Boolell installé dans le siège de leader du parti, on pourrait assister à la naissance d’un mouvement fort bruyant qui scandera un slogan incendiaire : «Valet ki mari. Pa kapav les pouvwar sap dan nou lamé. Bizin tir Boolell met Yatin kouma leader Parti travailliste.»
• La pression sera tellement forte pour un changement de leadership en faveur de Yatin Varma que ce pauvre et innocent combattant politique arriverait difficilement à cracher sur la carte Valet.
• Les Mauriciens assisteront alors à un épisode qui mettra en exergue une répétition de l’histoire. Car 55 ans de cela, Anerood Jugnauth était le compagnon d’armes de Moonindranath et Devendranath Varma, le père et l’oncle de Yatin Varma, dans le mouve-ment All Mauritius Hindu Congress.
• Ce serait une justification éclatante d’un principe clé de la politique mauricienne : viré-tourné, zot mem ! Lé zot, rol bourik mem ?