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Toi, virus, nous, humains
Cela pourrait bien être la plus grave crise sanitaire de l’histoire depuis un siècle. Nous, contemporains, qui la vivons en ce moment, sommes témoins des changements qui s’opèrent du jour au lendemain. Le Namasté, par exemple, vient remplacer la traditionnelle poignée de main. Malgré les bons gestes, nous savons tous qu’aucun pays n’est à l’abri du virus.
La réalité surréaliste qui défile sur nos écrans dépasse la fiction. Les mesures d’exception — port de masques, mise en quarantaine, fermeture de frontières et d’écoles, hôpitaux débordés, ruée sur les produits de première nécessité, krachs boursiers, ralentissement de la croissance mondiale, démondialisation accélérée — en Chine, aux États-Unis, et en France, entre autres, dépassent notre entendement et nous rappellent un scénario digne d’une guerre mondiale, ou d’un film catastrophe.
Dans l’emballement médiatique, sur les autoroutes de l’information et les post anonymes de Fake News, nous parvenons difficilement à saisir comment un virus de type nouveau, minuscule de taille, plus mystérieux, dans notre imaginaire collectif, que la peste, le paludisme, le sida, ou encore le cholera fait à ce point trembler les grands de ce monde, pourtant armés de systèmes de santé sophistiqués ? Comment et pourquoi le coronavirus/ Covid-19 provoque-t-il un tel recroquevillement du monde ? Pourtant, contrairement à une bactérie, un virus ne peut que se répliquer dans une cellule vivante. Le virus ne peut pas exister seul, en autonomie, même s’il peut rester sur un objet contaminé pendant deux ou trois heures, d’où le recours aux gels hydro-alcooliques qui font surface ces jours-ci, comme des champignons en temps de pluie.
Si on va chercher dans les racines du mot «virus», on se rend compte que ce terme renvoie à «un agent infectieux», ou «un jus mauvais», voire «un poison», soit quelque chose qui n’a pas vraiment de bienfait indiqué pour l’organisme.
Des virus, il y en a partout, par milliers autour de nous et ce, depuis qu’il existe des cellules vivantes sur terre. Certains scientifiques avancent même que les virus sont indissociables de la vie — et de la mort qui, comme on le sait, fait partie de la vie.
Aujourd’hui notre problème n’est pas tout à fait le virus lui-même, mais davantage comment le contrer, lui ou sa transmission galopante ainsi que son impact direct sur la santé de l’économie mondiale. Face au virus, tous les humains ne sont pas égaux, même si le vaccin miracle n’existe pas encore. La discrimination entre nous, ou, si vous préférez, l’injustice se trouve ailleurs que sur le plan monétaire. Le taux de létalité augmente avec l’âge. Heureusement, que contrairement aux autres infections respiratoires, nos jeunes enfants semblent être épargnés par ce nouveau virus. Parmi les autres humains les plus à risques : les patients déjà diminués par le cancer ou le sida, les personnes atteintes de broncho-pneumopathie chronique obstructive, les diabétiques, ceux d’entre nous avec une maladie cardio-vasculaire, ou encore les personnes victimes d’hypertension. Du côté de nos amis les bêtes, la bonne nouvelle c’est que les animaux domestiques ne sont a priori pas contagieux. L’épidémie, ou plutôt la pandémie, ne se transmet qu’entre êtres humains.
Nous ne sommes qu’au début de cette pandémie, qui s’accélère pratiquement partout dans le monde, y compris à l’île soeur. Malgré les efforts multilatéraux pour le freiner, le virus continue de se propager. D’où le sérieux risque, y compris dans les pays du Nord, de saturation des services de réanimation dans les hôpitaux publics et cliniques privées. Oui, ce petit virus nous met à genoux… et nous rappelle que nous sommes tous sur le même bateau, impuissants, qu’on soit riche ou pauvre, femme ou homme…
Citant le révérend Patrick Beaton, Jean-Claude de l’Estrac nous rappelle, dans Mauriciens, Enfants de mille combats (page 151), qu’en janvier 1856, deux navires arrivent à Port-Louis : le Hyderee et le Futtay Mobarruck. Comme une traînée de poudre, la rumeur se propage : des personnes atteintes de choléra sont à bord. C’est la panique. Même si aucun test de dépistage n’avait encore été fait. Le bouche à oreille - le WhatsApp de l’époque — avait déjà condamné les Indiens : «Malheureusement pour les pauvres coolies qui se trouvent à bord de ces navires, la ville de Port-Louis est saisie de panique, une forme de folie considérée comme endémique. Le gouvernement, cédant aux pressions populaires, ordonna que les 656 coolies soient débarqués à l’île Plate et à l’île Gabriel, sans que des dispositions adéquates aient été prises pour les loger et les nourrir (…) En peu de temps, les os de deux cents coolies blanchissaient sur ces rochers arides, victimes de la lâcheté créole et de l’incompétence gouvernementale...»
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