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Une économie en quarantaine *
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Une économie en quarantaine *
Comment se fait-il qu’une cellule si peu sophistiquée, à peine «vivante», un tout petit paquet d’acide nucléique, saupoudré d’une pincée de protéine, qui est sans cervelle, sans visage et sans cœur, qui n’aligne aucun credit au SC, qui se mesure en nanomètres, qui n’a même pas d’alliés connus dans les hautes sphères du pouvoir, peut à ce point mettre notre monde en panne et terroriser ses populations ?
Je n’en sais trop rien, à vrai dire ! Ce qui est certain, c’est que le coronavirus, qu’on appelle familièrement Covid-19, n’a de préférence ni pour la gauche, ni pour la droite, et qu’il soumet madame Trudeau ou Tom Hanks à sa même loi, toujours très égalitaire.
Nous sommes tous de fiers membres de cette espèce zoologique supérieure, voire triomphante, qui a construit le Taj Mahal, détourné des fleuves, flingué les mauvaises herbes, pêché le poisson au sonar, conquis la stratosphère, inventé les vaccins et Google Search ? Oui ? Et l’on a peut-être cru qu’on nous devait, en conséquence, plus de respect que ça ? Le Covid-19, lui, s’en balance, ne respecte ni médecins, ni frontières, ni antibiotiques, ni même les deux plus grandes puissances économiques du monde et s’introduit insidieusement dans nos cellules biologiques pour se reproduire et nous faire des fièvres, à la faveur d’une poignée de main, d’un éternuement ou d’un baiser sonore sur les deux joues. Il tuera, parfois seulement ! Car sa consécration, comme la nôtre d’ailleurs, étant la reproduction de son espèce, Covid-19 ne tuera pas tout à fait la nôtre, enfin pas plus de 1 à 3 % des personnes infectées ; ayant besoin d’hôtes en permanence pour continuer à se multiplier.
Ici, au pays, où aucun cas de Covid-19 n’a été pourtant détecté à ce jour, nous subissons déjà l’influence de ce minable virus. On renvoie de jeunes mariés en Corée, on ferme nos frontières avec la Chine et l’Europe malgré les coûts économiques, on rapatrie nos citoyens, on met en place des centres de quarantaine, on fait plus de ‘shopping’ que d’ordinaire, surtout (pourquoi donc ?) pour du PQ, et on lance un plan de soutien à l’économie de Rs 9 milliards !
On explique que Rs 2,7 milliards représentent des prises de participation éventuelles de la SIC dans le capital d’entreprises en difficulté, que Rs 1 milliard proviennent de réallocations budgétaires et que Rs 5 milliards, provenant de la Banque centrale, permettront aux compagnies et aux PME d’alléger temporairement leur trésorerie en empruntant à 2,5 %, remboursable sur 2 ans. Le ministre des Finances prend bien soin de dire que ce ne sont pas là des dons, mais des soutiens temporaires, des ballons d’oxygène, ce qui n’empêche pas la désinformation usuelle.
Les Rs 5 milliards de la BoM seront correctement balisés, notamment par des BoM Savings Bonds d’un montant équivalent (on peut imaginer qu’à 2,5 % sur 2 ans, seules y souscriront les banques hyper liquides ! Pas les individus !), les fonds provenant de la SIC paraissant plus problématiques. En effet, au 31 décembre 2018, la SIC, l’actionnaire principal des casinos, affichait un portefeuille d’environ Rs 7 milliards qui ne générerait que Rs 158 millions de revenus et Rs 157 millions de «profit» grâce, notamment, à une réévaluation de portefeuille de Rs 102 millions. À noter, pour 2017, une perte de valeur de Rs 267 millions sur les créances commerciales…
L’année 2019 aurait-elle généré d’heureuses surprises ? Des ventes d’actifs ? Une mise de fonds inattendue ? La SIC, qui n’est pas connue pour sa célérité à analyser des dossiers ou pour décaisser des fonds, est-elle, depuis peu, transfigurée au point que les PME pourront vraiment être aidées, le temps de quelques cycles de gestation de Covid-19 ? En temps normal, même les banques pourraient être réfractaires pour les redeemable preference shares de Rs 2,7 milliards de levée de fonds.
On verra bien ! Ce qui est sûr, c’est que le gouvernement confirme, ici, ses marges de manœuvre désormais bien réduites, en phase avec les 10 % d’économies déjà recherchées dans les ministères, depuis à peine 15 jours. L’économie est en quarantaine, quoi !
(Remerciements au ministre des Finances* et à la Radio-Télévision belge pour leur inspiration partielle)
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